Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lucile in the sky
roman
7 janvier 2018

Kathleen Grissom - La colline aux esclaves

CVT_La-colline-aux-esclaves_4478

États-Unis, 1791. Lavinia, jeune orpheline irlandaise, se retrouve domestique dans une plantation de tabac. Placée avec les esclaves noirs de la cuisine, sous la protection de Belle, la fille illégitime du maître, elle grandit dans la tendresse de cette nouvelle famille.
Cependant, Lavinia ne peut faire oublier la blancheur de sa peau : elle pénètre peu à peu dans l'univers de la grande maison et côtoie deux mondes que tout oppose. Jusqu'au jour où une histoire d'amour fait tout basculer... Le petit monde de la plantation est mis à feu et à sang, de dangereuses vérités sont dévoilées, des vies sont menacées...


Voilà une histoire tout en rebondissements que j'ai dévorée en 3 jours. Ce livre, qui retrace l'histoire de Lavinia sur une quinzaine d'années, se laisse difficilement poser. On entre par la petite porte dans la vie d'une plantation de tabac du sud des Etats-Unis bien avant la guerre de sécession. Lavinia, une petite blanche de 7 ans, est adoptée par une famille d'esclaves noirs qui la traitent comme l'une de leur, en sachant qu'un jour son destin se séparera des leurs, de part la couleur de sa peau. On navigue entre les intrigues de la grande maison, de ce Capitaine plutôt aimable qui va et vient, sa femme meurtrie de chagrins, ses enfants si différents, à la vie à la dépendance et aux cases. Et là il y a deux équipes, la famille de Mama Mae et Papa George qui sert la grande maison, plutôt épargnée au départ par des maîtres compréhensifs, et les esclaves des cases, ceux qui travaillent à la plantation, travail rude, malmenés par Rankin, le contremaître ivrogne qui les bat, les affame et viole les femmes.

La narration est en deux temps, c'est Lavinia qui nous raconte son histoire la plupart du temps, et laisse parfois la parole à Belle, la jeune esclave à qui elle a été confiée et qui lui sert de mère. Les récits de Belle viennent compléter le discours d'une petite Lavinia à qui on ne raconte pas toujours tout pour la protéger. Au fil des pages on s'attache évidemment à la naïve Lavinia, puis à Belle, fille illégitime du Capitaine, ce que personne à part la famille du capitaine ne semble ignorer. Le Capitaine a pour Belle des espoirs de la voir échapper à cette vie d'esclave, mais avec tous les obstacles qui se présentent sur la route de la jeune fille, et puisqu'aucun avenir ne l'attend ici, arrivera-t-elle à sortir de Tall Oaks ? Et puis il y a Mama Mae et Papa George qui prennent soin de Lavinia comme de leurs propres filles, Dory qui voudrait se marier avec Jimmy, un jeune homme des cases, contre l'avis de Rankin, les jumelles de l'âge de Lavinia : Beattie et Fanny. Ben, le fils aîné de Mama et Papa, pour qui Lavinia a un faible mais qui est épris de Belle (qui le lui rend bien) au grand damne du Capitaine. On apprendra aussi à connaître le capitaine, sa femme Martha d'abord hautaine puis pleine de faiblesses, leurs enfants Marshall, jeune garçon sous l'influence de Rankin, sans cesse sur le fil et pour qui on espère la rédemption, et Sally, petite fille joyeuse qui aime venir jouer à la dépendance avec Fanny Beattie et Lavinia. Plus tard on aimera aussi Sookie, Campbell, Meg, Will, Jamie...

La colline aux esclaves est riche en personnages et en destins cruels. On assiste impuissant aux drames qui terrassent les esclaves comme leurs maîtres, en se demandant si une fin heureuse peut vraiment sortir de tout ça. Cette lecture fut un vrai plaisir, et j'attends avec impatience de mettre la main sur la suite "Les larmes de la liberté" qui se concentre sur le destin du jeune Jamie parti faire sa vie à Philadelphie.

 

Publicité
Publicité
9 septembre 2017

Philippe Labro - On a tiré sur le président

labro

«"On a tiré sur le Président", c'est la phrase que toute l'Amérique a prononcée le 22 novembre 1963, jour de la mort de JF Kennedy. Je l'ai entendue sur la côte Est des États-Unis où je me trouvais. J'ai filé à New York pour prendre le premier avion pour Dallas. Sur place, j'ai vécu l'événement dans les couloirs du quartier général de la police. J'ai vu Oswald, j'ai rencontré Jack Ruby, la veille du jour où il assassina Oswald. J'ai connu les flics, la presse, la confusion, le Texas, les mystères.»

Pour la première fois, Philippe Labro livre son récit authentique et passionnant - accompagné de sa vision de la personnalité de JFK et de sa conviction sur qui a «tiré sur le Président».


 

Il y a des milliers de livres sur les Kennedy, le choix n'est pas simple. J'avais choisi de lire celui-ci car je ne voulais pas d'un pavé retraçant toutes les théories et le rapport Warren, ni quelque chose de trop factuel sans ressenti, et encore moins un roman avec de mauvaises bases historiques. Le livre de Philippe Labro m'a alors paru être un bon compromis, et je n'ai pas été déçue.

Il s'agit de l'histoire réellement vécue par Labro la semaine qui suivit l'assassinat de JFK. L'écrivain est alors un jeune journaliste, qui se retrouve par hasard au coeur de l'action. Il connait un peu les Etats-Unis, et lorsqu'il apprend la nouvelle "On a tiré sur le président !" sur un campus, il se dirige vers Dallas pour avoir des scoops. Labro nous y livre son ressenti de l'époque et les conclusions qu'il tire de ce qu'il a vu et lu 50 ans plus tard lorsqu'il écrit ce livre, il est passionné par l'affaire Kennedy, il a même été cité dans le fameux rapport Warren de 888 pages qui enquête sur l'assassinat. En lisant ses pages, on a l'impression d'avoir été là-bas avec l'auteur. Il nous transporte dans le Texas de 1963, ça sent le foin et le cowboy. Puis il nous emmène dans les coulisses des jours qui ont suivi l'assassinat de Kennedy au commissariat de Dallas, on le suit, petit jeune qui essaie de se frayer un chemin au milieu des grands journalistes, on campe avec lui dans les couloirs, on essaie d'apercevoir Oswald. Ca sent le cigare, la crasse et l'adrénaline du scoop, on imagine les vieux appareils photos à gros flashs et les accointances qui se créent dans le commissariat. Avec Labro on fait connaissance avec Ruby avant qu'il ne tire à son tour sur Oswald, jettant à tout jamais le sceau du mystère sur l'affaire. Paru en 2013, c'est plutôt amusant de voir comment se passaient les fils d'infos 50 ans auparavant, voir les journalistes devoir quitter le lieu où il faut être pour pouvoir transmettre à temps par téléphone leur compte-rendu au journal, et parfois à cause de ça rater un événement majeur.

Le livre n'est pas bien gros, celui qui n'est pas tout à fait novice dans l'affaire Kennedy n'y apprendra pas grand chose, mais Philippe Labro a, je pense, atteint son but. Celui de nous transporter avec lui dans l'Amérique du 23 novembre 1963, dans le bazar qui régnait ce jour-là à Dallas, au commissariat où était enfermé l'homme qui avait tiré sur le président. Labro nous fait aussi part de son propre avis concernant les théories du complot et c'est plutôt intéressant.

 

8 septembre 2017

Yaa Gyasi - No Home

no home

 

XVIIIe siècle, au plus fort de la traite des esclaves. Effia et Esi naissent de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. La sublime Effi a est mariée de force à un Anglais, le capitaine du Fort de Cape Coast. Leur chambre surplombe les cachots où sont enfermés les captifs qui deviendront esclaves une fois l’océan traversé. Effi a ignore que sa soeur Esi y est emprisonnée, avant d’être expédiée en Amérique où des champs de coton jusqu’à Harlem, ses enfants et petits- enfants seront inlassablement jugés pour la couleur de leur peau. La descendance
d’Effia, métissée et éduquée, connaît une autre forme de souffrance : perpétuer sur place le commerce triangulaire familial puis survivre dans un pays meurtri pour des générations.

Navigant brillamment entre Afrique et Amérique, Yaa Gyasi écrit le destin d’une famille à l’arbre généalogique brisé par la cruauté des hommes. Un voyage dans le temps inoubliable.
 

No Home est un très beau roman, fait de multiples tranches de vies entre l'Afrique et l'Amérique, le destin de nombreux personnages d'une même famille qui ne se connaissent pas, au cours de deux siècles. Deux siècles c'est très long, chaque chapitre est consacré à un personnage, un descendant d'Effia puis un descendant d'Esi, leurs vies sont très dissemblables et pourtant tous vivent une souffrance, celle de la cruauté des autres, et celle d'être déraciné.
La branche d'Effia est métisse, descendant d'une ghanéenne et d'un colon anglais. Destinés à perpétuer le commerce d'esclaves, il leur faudra par la suite se réappropier leur terre et le droit d'y vivre, tout en restant pour les autres des blancs. On assiste en filigrane à la question de la colonisation, de la guerre entre les Ashantis et les Fantis, du commerce des esclaves, de l'identité des métisses, du racisme anti-blanc. Les descendants d'Effia se suivent et ne se ressemblent pas, et c'est un plaisir de suivre leurs destinées à travers le Ghana du 18e, 19e et 20e siècle, du fils de colon envoyé faire des études en Angleterre, à celui qui ne souhaite que gommer son ascendance blanche et cultiver un petit lopin de terre en se faisant oublier. La branche d'Esi se disperse en Amérique, esclaves dans des champs de coton, des générations à chaque fois arrachées à la précédente, aucun n'ayant pendant longtemps aucune idée de l'histoire de ses parents, pas d'histoire, et pourtant des destins qui se suivent et se répètent. Cette fois en toile de fond c'est la guerre de sécession et la fin de l'esclavagisme, le racisme anti-noir. Les deux branches de cette famille sont meurtries par le commerce des esclaves et le racisme, en miroir.
J'ai parfois été déçue de la brièveté des chapitres, chaque génération n'ayant droit qu'à deux chapitres : un au Ghana et un en Amérique. On s'attache à des personnages, puis on se retrouve propulsé dans un autre pays au chapitre suivant, et des années plus tard lorsqu'on retrouve le pays précédent.  Les ellipses sont importantes, il nous reste à imaginer ce que sont devenus Kojo et ses enfants, l'enfance de Yaw... Et pourtant elles sont indispensables, car il serait totalement impossible de raconter l'histoire de ces 14 personnages sans ces ellipses. No Home est un livre qui se relit sous plusieurs angles, il est complexe et plein d'ingrédients différents. Il y a la question de la liberté, de l'intégration dans un pays, des violences entre les hommes, évidemment le rascisme. Mais principalement je crois que ce que j'en ai retenu c'est l'héritage des générations précédentes, l'impact que les faits et gestes des aînés ont sur leur descendance. J'ai aimé également voir les évolutions de la société, passer des champs de cotons du sud à Harlem, et réaliser que la marche la plus importante avait eu lieu à la fin du 20e siècle.
Ironiquement en anglais le livre s'appelle Homegoing, ce qui est plus optimiste. En version originale les personnages cherchent donc à rentrer chez eux, alors que dans la version française, ils sont tout simplement déracinés, même ceux qui sont restés sur leurs terres. No home est un livre dense mais qui se lit très rapidemment, n'hésitez pas !
28 janvier 2017

Didier Cohen - la petite absente

Didier Cohen - La petite absente

41MYW8XZA1L

Dix-huit mois d'amour fou, jusqu'à la tragédie. Après, elle l'a quitté. Il ne l'a plus revue. Il n'a jamais pu l'oublier, jamais elle n'a cessé de l'aimer. C'était il y a douze ans. Alors, ce jour de pluie, quand le hasard les met de nouveau face à face, l'inévitable ne peut que s'accomplir. Tout a changé, c'est vrai : Aurore a, comme on dit, refait sa vie, avec enfant, mari. Mais que pèse la biographie devant un échange de regards, lorsque la passion ne s'est jamais éteinte ? Ils s'aiment. Comme au premier jour... C'est du moins ce qu'ils croient. Car voici qu'avec leur amour resurgit le fantôme de la petite absente, leur bébé disparu, l'enfant de leurs vingt ans... La bouleversante histoire d'un amour absolu confronté à l'impossible deuil.


 

Didier Cohen est l'auteur de "Graine de championne" l'un des livres préférés de mon enfance, je l'ai retrouvé dans un tout autre registre il y a une quinzaine d'années en lisant "La petite absente" qui fut ensuite adapté sur Fr2.

Ce livre est le récit d'une descente aux enfers, ou de plusieurs descentes aux enfers. Celle d'Aurore dans le présent du roman, et celle de Daniel et Aurore douze ans auparavant. Le sujet est lourd, et pourtant les phrases courtes, les chapitres de 4-5 pages, l'alternance des points de vue et des époques rendent le récit dynamique. On ne s'attarde pas sur la douleur, on passe à la suite, on y reviendra plus tard. On a envie de croire en la possibilité de voir renaître la passion dévorante entre Aurore et Daniel, on voudrait les voir capables d'aller de l'avant, et on les regarde s'engluer dans le passé. Heureusement il y a Elsa, Sam et Anouk qui amènent un vent de légereté, et l'affection solide de Michel. Aurore fuit Daniel et tout ce qu'il ramène à la surface, la dépression, la petite Marine mais aussi ces mois de bonheur total. Aurore et Daniel ne peuvent pas se retrouver car ils n'en sont pas au même point. Daniel a fait son deuil, il parvient à vivre dans l'appartement où il a perdu sa fille, mais il n'a pas dépassé sa rupture avec Aurore, elle reste la seule femme au monde pour lui. Aurore elle, a fui et refait sa vie, elle a bouché des trous avec du plâtre fragile mais n'a jamais vraiment réussi à faire le deuil de Marine, et retrouver Daniel c'est soulever un pan de sa vie d'où ne sort que des fantômes, celui de Marine et ceux des êtres insouciants qu'étaient Daniel et Aurore il y a douze ans. On voit Daniel espérer et Aurore s'enfoncer à coups de Valium et de délires morbides. Sur le bas côté de ce crash annoncé il y a Sam, le mari d'Aurore et Michel, le père de Daniel, de solides piliers qui se tiennent prêts à ramasser les morceaux. C'est un très beau livre sur le deuil, la passion est l'impossibilité parfois de vivre ensemble malgré un amour indéfectible. C'est l'histoire de gens qui ne peuvent pas vivre séparés, mais s'autodétruisent ensemble. Les scènes les plus jolies sont peut-être celles entre Aurore et sa fille de dix ans Elsa. Elsa qui du haut de ses dix ans ne comprend pas ce qui arrive à sa mère, ce qui sépare ses parents, et pourquoi sa mère l'appelle parfois "Marine". On passe par beaucoup d'émotions en lisant "La petite absente", il ne faut pas avoir peur des larmes mais c'est une très belle histoire.

26 janvier 2017

Le journal de Baby George

Clare Bennett - Le journal de Baby George

metadata-image-6853584

Mon nom est George, Prince George de Cambridge, mais vous pouvez m'appeler Baby George. Je suis le fils aîné de William et de Kate, l'héritier de la couronne d'Angleterre, le bébé le plus photographié au monde. J'ai décidé de vous dévoiler l'intimité de mon quotidien royal et celui de mon illustre famille.

"Superstar médiatique. Titan de la mode internationale. Sauveur potentiel de l'Ecosse. Combien de rôles ces gens veulent-ils que je remplisse ?"


 

 

Le journal de baby George, voilà une petite lecture absolument pas prise de tête ! Clare Bennett, spécialiste de la famille royale, a imaginé les pensées du petit Prince du jour de ses un an au jour de ses deux ans. Et c'est plutôt amusant. Baby George a conscience de son importance, affublé de tas de gens à son service, et voit d'un assez mauvais oeil l'arrivée prévue d'une petite soeur "Ringo" qui va venir le concurrencer. Autour de lui gravitent Kate et ses vomissements continus de début de grossesse, William et Harry les frangins qui s'affublent d'un tas de surnoms et passent leur temps à s'asticoter, Dada la reine dans le sac de laquelle George adore fouiller, Bon papa le prince Philip jamais de bonne humeur, Beanie le Prince Charles qui adore faire son jardin et sa femme Gaga. Il y a aussi le premier ministre et ses réunions hebdomadaires avec la reine, auxquelles George assiste assis par-terre. Ainsi sans toujours comprendre, George est témoin de ce qui se passe dans le monde. Et puis il y a l'équipe cadeaux, chargée de s'occuper des centaines de cadeaux qui arrivent chaque jour au petit garçon, l'équipe vestimentaire qui travaille chaque jour le style du bébé, l'équipe presse, l'équipe cheveux, l'équipe bain... Et George lui-même qui des avis et essaie de les communiquer, avec plus ou moins de succès. Ce livre étudie au 4e degré la famille royale d'Angleterre, sans se prendre une seconde au sérieux. Je l'ai lu alors que je regardais The Crown (la série Netflix sur le règne d'Elisabeth, ou Dada) et j'ai passé beaucoup de temps sur wikipédia à lire des fiches sur la famille royale. J'ai beaucoup aimé les portraits de William, Kate et Harry qui sont très attachants. Harry flirte gentiment avec Pippa, est l'oncle rigolo de George, considère sa belle-soeur comme sa meilleure amie et lui lance des défis improbables, et reste très proche de William. William et Kate ont une relation de couple adorable et semblable à celle de n'importe qui (à part que Kate a une équipe cheveux pour les lui maintenir pendant qu'elle vomit), ils sont fans de Kanye West, Downton Abbey et Game of Thrones, mais peuvent aussi joindre Obama en deux secondes pour savoir s'il a des infos sur la mort de Jon Snow. A travers le regard naïf (et un peu cynique) d'un bébé de un an, on regarde évoluer les Windsor, de réunions protocolaires en apparitions officielles en passant par le jour de Noël en famille au palais, et nous amène à imaginer ce qui se passe peut-être derrière les portes fermées de leurs appartements.

Bref ce livre est distrayant pour qui s'intéresse un peu à la famille royale d'Angleterre, il la désacralise et nous fait rire, le regard de Baby George sur ce qui l'entoure est parfait.

"Bon Papa est le plus vieil humain sur terre. Il avait un dinosaure apprivoisé quand il était petit et c'est lui qui a inventé le feu. Il a seulement appris à se tenir debout et à communiquer avec des mots quand il avait 25 ans et il mange encore avec les doigts quand il est seul. Je sais tout ça parce que Oncle Harry me l'a raconté"

" L'Ecosse n'a pas fait la chose que Dada ne voulait pas. Je le sais parce que des joueurs de cornemuses m'ont réveillé ce matin. Dada est très contente et dit qu'on peut garder notre drapeau. Bon Papa et Beanie sont contents parce qu'ils peuvent garder leurs jupes"

 

Publicité
Publicité
4 janvier 2016

Kate Morton - Le jardin des secrets

Kate Morton - Le jardin des secrets

1540-1

1913. Sur un bateau en partance pour l'Australie se trouve une petite fille de quatre ans, seule et terrorisée. Le navire lève l'ancre et elle se retrouve à Brisbane. Si le secret de son débarquement est religieusement gardé par ses parents adoptifs, ceux-ci décident, le jour de ses 21 ans, de révéler à Nell les circonstances étranges de son arrivée dans la famille. Les questions se bousculent : qui est-elle ? D'où viennent ses souvenirs ? Que représente le livre trouvé dans sa petite valise, seule relique d'un passé perdu ? Bouleversée, ce n'est que des années plus tard qu'elle entreprend le voyage vers ses origines. Une quête difficile pour lever le voile sur près d'un siècle d'histoire familiale...


 

 

Kate Morton, une jolie découverte de ces vacances de Noël. Le Jardin des Secrets nous emporte dans des temps anciens et des pays (plus ou moins) lointains à la poursuite d'un bon vieux secret de famille. De 1900 à 2005, des Cornouailles à Brisbane, on suit 3 points de vue entremêlés. L'histoire de 3 femmes qui se rejoint autour d'un mystère, celui de la petite Nell débarquée seule à 4 ans en Australie, sans aucun souvenir, receuillie par un couple en mal d'enfant. L'écriture est fluide, le livre est imposant mais se lit bien (2 jours pour ma part...). Il y a donc Nell que l'on aperçoit petite fille, jeune fille, puis femme d'âge mûr à la recherche de ses origines. Il y a Cassandra, sa petite fille, qui va poursuivre la quête de sa défunte aïeule, on la découvre enfant, on la retrouve adulte. Et enfin Eliza, cette enfant du début du siècle dont on nous narre l'histoire dans les bas fonds de Londres, cette conteuse file rouge que l'on cherche à rattacher aux deux premières. Les époques sont bien campées, les décors aussi. Instantanément sous la plume de l'auteur on sent alternativement la chaleur sèche australienne, l'humidité anglaise, la crasse des docks londoniens, on entend les navires siffler, et la porcelaine tinter à Blackhurst. S'il y avait des reproches à faire à ce livre, ce serait quelques longueurs. Avec les différentes histoires d'Eliza, Cassandra et Nell qui nous sont rapportées en parallèle, on devine, on avance plus vite que les protagonistes dans la résolution du mystère. J'ai regretté également de ne pas avoir fait plus ample connaissance avec les soeurs adoptives de Nell et de ne pas avoir plus plongé dans son enfance australienne. Le livre est déjà dense, tout un pan de la vie de Nell comme celle de Cassandra ne sont qu'effleurés, c'est un peu dommage. Quelques détails enfin à la résolution du secret nous sont laissés à supposer, comme l'identité de la personne qui recherchait Nell à Maryborrough à son arrivée et le rapport inattendu des parents adoptifs australiens avec l'Angleterre.

En feuilletant ce livre à la librairie, j'ai hésité avec d'autres Kate Morton, je crois que j'ai trouvé un bon filon de sagas familiales à secrets.

3 juillet 2015

Les Jalna

Mazo de La Roche - La saga des Jalna

index

 

Je viens de tomber sur un article de blog sur Jalna. Plusieurs en fait. Mais celui qui m'a accrochée le regard c'est celui qui disait que c'était un livre-doudou. C'est exactement mon ressenti, et soudain je ne suis plus seule. Il est difficile de partager Jalna. L’œuvre de Mazo de la Roche a certes eu beaucoup de succès, mais il y a fort longtemps. Aujourd'hui, plus personne ne connaît, et ce n'est plus vraiment au goût actuel. Honnêtement je ne saurais même pas quel tome prêter en premier. Jalna c'est 16 tomes, écrits dans le plus grand désordre. Je pourrais commencer par prêter La Naissance de Jalna, le premier dans l'ordre chronologique, mais c'est bien loin d'être mon préféré, un genre de prequel sorti des années après, pour contenter les fans qui en voulaient toujours plus. Ou alors le premier qui fut écrit, le tome 7, Jalna ? Oui, je crois que c'est par là qu'il faut réellement commencer. Moi j'ai commencé par le tome 4, Jeunesse de Renny, je ne m'en suis pas mal portée. Mais bon, est-ce que ça intéresserait encore les gens, cette vieille saga écrite entre 1927 et 1960 ?

Jalna n'est pas le plus grand livre de tous les temps, certains le trouveraient très long, ce n'est pas non plus le suspens qui nous tient en haleine. Mais Jalna c'est la plaisir de la campagne canadienne au début du XXe siècle, une famille d'aristocrates qui ne manquent jamais le thé de 17h en sortant des écuries, les commérages et le qu'en dira-t-on, la mère qui s'oppose au remariage de son fils avec une intrigante, la jeune fille qui annule son mariage car son futur a eu un enfant illégitime, des frères secrètement amoureux de la femme de leur frère... C'est surtout une histoire de famille sur 4 générations, avec des personnages aux caractères bien trempés, des querelles, des devoirs, la vie quoi. On suit les personnages enfants, on les voit grandir, découvrir l'amour, la peine, se battre pour ce qu'ils veulent devenir, puis avoir des enfants, des petits-enfants, et la vie n'est pas toujours simple chez les Whiteoak. Le point central de la saga c'est la maison, Jalna, elle est construite dans le tome 1 et fête son centenaire dans le tome 16. Presque toute la saga s'y déroule, à l'exception de quelques voyages en Angleterre ou en Irlande, et furtivement à New York. On regarde vivre les Whiteoak et on les aime comme on les déteste, moi en tout cas, ils ne m'ont jamais lassée.

Mon entrée dans la saga s'est faite par la génération de Renny. Avant tout, pour moi cette saga est l'histoire de ces six frères et sœur, puis par extension de leurs parents, grands-parents et de leurs enfants. Je vous fais un petit pitch. Six enfants nés de deux mariages différents, l'aîné a trente ans d'écart avec le plus jeune. Il y a d'abord Meg et Renny, nés du premier mariage de Philip, qui vont perdre leur mère très tôt, à la suite de quoi Philip épousera leur jeune gouvernante Mary. Mary donnera à Meg et Renny quatre demi-frères dont l'aîné a déjà quinze ans d'écart avec Renny. Il y a Eden, Piers, Finch et Wakefield. Philip, leur père donc, meurt avant la naissance de Wake et Mary, leur mère, en couches en 1915. En 1918, quand Renny, le frère aîné, revient de la guerre, il prend les rênes de la maison et de la famille. A sa charge une vieille grand-mère au caractère épouvantable, deux vieux oncles sans le sou qui squattent la maison à ses crochet, une soeur qui essaie de jouer à la maman avec les petits, et 4 demis-frères à gérer/élever. Eden et Piers ont entre 14 et 17 ans et n'ont que faire des ordres de leur aîné, Finch, 11 ans, est plus malléable, et Wakefield, 3 ans demande beaucoup d'attention avec sa santé fragile. Jalna c'est donc l'histoire de ces frères qui se retrouvent sans parents et essaient de grandir ensemble. Renny voudrait tout régenter d'une main de fer. Eden est un poète fantasque qui brûle la vie par les deux bouts. Piers est tout ce qu'il y a de plus terre à terre coincé entre ses frères artistes, il en faut bien un pour s'occuper des champs ! Finch est un musicien torturé au bord de la dépression. Et Wakefield reste longtemps un gamin fragile et un peu manipulateur, surprotégé par ses aînés, au détriment de Finch. Malgré les différences et les rivalités, comme ils sont frères, ils arrivent à vivre ensemble, en se disputant parfois un peu fort. Mais il n'y a guère d'histoire vraiment heureuse chez les Whiteoak. Meg voit son mariage annulé par l'arrivée d'une enfant illégitime de son futur mari, enfant que Piers épousera des années plus tard au grand désespoir de Meg, mais elle est reloue un peu Meg. L'un des frères verra sa femme le tromper avec un autre de ses frères, alors que la femme de ce frère-là va divorcer pour épouser un autre des frères (je sais, là je vous ai perdus, faut les lire aussi !). Renny ne sera jamais vraiment heureux en ménage, passant son temps à se disputer avec sa femme. Piers ne se réconciliera jamais avec Eden, et acceptera tout juste de porter son cercueil. Piers et Eden étaient mes deux frères préférés, je n'ai jamais surmonté la mort d'Eden et la non-réconciliation des deux frères... Piers reportera même ce dégoût sur la fille illégitime d'Eden (une sacré peste faut dire). Finch se marie une première fois avec une folle, et une deuxième fois très brièvement avant qu'un drame ne s'abatte sur eux. Wakefield envisage d'entrer dans les ordres, puis rencontre Molly l'amour de sa vie qui s'avère être... quelqu'un de sa famille proche. Ils sont amoureux mais n'ont pas le droit d'être ensemble, et la vue même de Molly est insupportable à Jalna. Même les relations avec leurs propres enfants sont compliquées, Finch a peur de son fils (qui est un poil psychopathe avouons-le) et Piers déteste son aîné, Renny adore sa fille mais n'arrive pas à établir de communication avec son fils. Et les rivalités se transmettent de générations en générations, la fille d'Eden est une vraie bitch qui se fait haïr de tous ses cousins. 

Bref, Jalna c'est l'histoire de cinq frères (et un peu de leur sœur), de leurs trahisons, de leurs désaccords et souvent quand même de ce lien qui les unit et apaise beaucoup de choses. Et moi, les histoires de fratries, c'est ce que je préfère. Renny, Eden, Piers, Finch et Wake, ils sont un peu mon autre famille, ils m'ont accompagnée de longues années, je les connais bien. D'où cette idée de livre-doudou. J'avais lu beaucoup de livres avant de lire les Jalna, mais je crois qu'ils ont construit mes goûts, j'avais dix ans lorsque j'ai découvert cette saga. J'aime les histoires de fratries, et je privilégie les livres aux personnages fouillés plutôt qu'aux intrigues insoutenables. Je suis également très frustrée lorsqu'il faut abandonner les personnages à la fin du livre, j'ai été élevée par une saga de seize tomes... Alors tranquillement, j'essaie de les relire. Je ne sais pas s'ils vous plairaient, mais en ce qui me concerne, je retrouve des amis perdus de vue depuis longtemps, and that's sooo good !

 

*Edit 2020* depuis presque trois ans, je me suis lancée dans la relecture complète de cette saga, vous pourrez trouver les critiques de chaque tome sur les liens suivants au fur et à mesure de ma progression :

- La naissance de Jalna

- Matins à Jalna

- Mary Wakefield

- Jeunesse de Renny

- L'héritage des Whiteoak

- Les frères Whiteoak

- Jalna

- Les Whiteoak de Jalna

- Finch Whiteoak

- Le maître de Jalna

- La moisson de Jalna

- Le destin de Wakefield

- Retour à Jalna

- La fille de Renny

- Sortilèges à Jalna

- Le centenaire de Jalna

 

*Edit 2021* Omnibus vient de rééditer les 16 tomes regroupés en quatre volumes, alors si vous n'avez rien à lire pour l'été et que vous aimez les bonnes vieilles sagas familiales, n'hésitez pas !  Allez prendre le thé avec la famille Whiteoak, vous promener avec eux sur les chemins de la campagne canadienne. J'ai enfin fini ma relecture des seize volumes cette année, et ils me manquent déjà ! 

3 juillet 2015

L'ombre du vent

Carlos Ruiz Zafon - L'ombre du vent

Lombre-du-vent

Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du vent. Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.


 

Ca faisait longtemps que je n'étais pas tombée amoureuse d'un livre. Et j'ai été happée par "L'ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon, dès les premières pages. Pourtant je n'étais pas très motivée, un bouquin espagnol, Barcelone... Je n'ai jamais tellement aimé l'Espagne, ça ne me fait pas rêver et ça ne m'attire pas. Mais c'est ma soeur qui m'a prêté ce livre en m'assurant que j'allais l'aimer, et ma soeur ne se trompe jamais, on a les mêmes lectures.

Tout commence un matin de l'été 1945, quand un vieux libraire emmène son fils de 10 ans, Daniel Sempere dans le Cimetière des Livres Oubliés. Un vaste endroit où sont rangés les livres qui n'appartiennent plus à personne. Daniel doit en choisir un, et veiller sur lui toute sa vie, pour qu'on ne l'oublie plus jamais. Il choisit "L'ombre du vent" de Julian Carax et c'est le coup de foudre. Mais personne ne connait Julian Carax, ou presque. En cherchant à en savoir plus, Daniel ne sait pas qu'il  va lever le voile sur un mystère plus grand que tout ce qu'il imagine. Un auteur exilé à Paris 25 ans auparavant, vendu à un nombre dérisoire d'exemplaires, rares sont ceux qui possèdent un livre de Carax. D'autant plus que les quelques exemplaires tirés ont tous été brûlés. Par qui ? Pourquoi ? On dit aussi que l'écrivain a été tué pendant la guerre civile et enterré dans la fosse commune. Pendant les 10 années qui suivent, Daniel va grandir, se faire des amis, tomber amoureux, mais il gardera toujours en tête Julian Carax. Puis un jour, une photographie à moitié brûlée posée sur le comptoir de la librairie ravive la curiosité de Daniel, lui donnant de nouveaux indices pour enquêter sur Carax. Et chaque nouvelle découverte amène son lot d'énigme, les coïncidences n'existent pas, tout a un sens. Une véritable toile d'araignée faite de secrets de famille, d'amitié, d'amour, de trahisons... Mais il y a cette ombre qui rôde dans Barcelone la nuit et qui effraie Daniel, un homme au visage brûlé qui se fait appeler comme le diable, et cherche à mettre la main sur les derniers exemplaires des livres de Carax. Et cet inspecteur véreux qui a juré d'avoir la peau de Fermin et Daniel et ne cesse de leur mettre des bâtons dans les roues.

On s'attache à tous ces personnages, innombrables, et il devient impossible de lâcher ce livre, dès qu'on le referme, ils nous manquent tous autant qu'ils sont. Fermin le vieil ami de Daniel, ancien espion avec ses marques de torture sur le corps et son bagou inimittable. Le père, triste et solitaire. Federico l'horloger d'en face. M Barcelo, l'autre libraire, Bernarda la bonne et Clara, le 1er amour. Tomas l'ami d'enfance et sa soeur Beatriz. L'ombre de Julian qui plane sur tout le livre et ceux de son temps. La richissime famille Aladaya, avec Jorge le fils aîné ami de Julian, et la jolie Penélope, Jacinta la nounou. Miquel l'ami sans faille, et Nuria la mystérieuse femme fatale.
Les destins de Daniel et de Julian s'entrecroisent, à 35 ans d'écart, leurs histoires suivent une même trame en miroirs, un chemin tout tracé. Daniel arrivera-t-il a réussir dans sa vie tout ce que Julian a raté dans la sienne et à sortir l'écrivain maudit de l'oubli dans lequel il est tombé ?

Ce livre est un bijou, parce qu'il fait rêver, on se prend à vouloir entreprendre nous-même des recherches sur Carax et à vouloir lire ses livres oubliés. L'intrigue est pleine de rebondissements et j'en avais deviné les 3/4 au milieu du livre, ça ne m'a pas empêchée de le lire sans m'arrêter. On veut savoir ce qui est arrivé à ces personnages, on veut apprendre à les connaître encore un peu plus. Et quand le livre se termine, on en voudrait encore...

3 juillet 2015

Sous les vents de Neptune

Fred Vargas - Sous les vents de Neptune

513P959PZVL

La découverte d'une jeune fille assassinée de trois coups de couteau renvoie violemment Adamsberg au souvenir de son jeune frère Raphael, disparu après avoir été soupçonné du meurtre de son amie, il y a trente ans. Les cadavres présentent les mêmes blessures qui ressemblent aux marques d'un trident...
" Adamsberg termina son café et posa son menton dans sa main. Il lui était arrivé en des tas d'occasions de ne pas se comprendre, mais c'était la première fois qu'il échappait à lui-même. La première fois qu'il basculait, le temps de quelques secondes, comme si un clandestin s'était glissé à bord de son être et s'était mis à la barre. De cela, il était certain: il y avait un clandestin à bord. Un homme sensé lui aurait expliqué l'absurdité du fait et suggéré l'étourdissement d'une grippe. Mais Adamsberg identifiait tout autre chose, la brève intrusion d'un dangereux inconnu, qui ne lui voulait aucun bien. "


 

J'aime suivre Adamsberg et sa petite bande au fil des livres. Depuis toute petite, j'ai toujours préféré les histoires qui se racontaient en plusieurs tomes et les films avec des suites. Je n'aime pas m'attacher à des personnages et me sentir abandonnée à la dernière page, ça me frustre de ne pas savoir ce qu'ils ont fait avant, ou ce qu'ils vont devenir après. C'est pour ça que j'aime tant les séries TV. Peu à peu, les personnages deviennent comme une partie de ma famille. Oui, j'ai une très grande famille, extensible à souhaits. Et désormais Adamsberg et Danglard y cotoient la famille Whiteoak de Jalna, Sirius et James, Eric et Christian, le petit Olivier des allumettes suédoises et son cousin Marceau, Benjamin et Clara Malaussène, Mouse et Babycakes, le petit Sébastien et sa grande chienne Belle, Vic Beretton et son petit frère Lucas, Anakin et Luke Skywalker, les orphelins Salinger, Nate Fisher, Mark Greene et Doug Ross, Seth et Ryan, Nathan et Lucas Scott, Joey Potter, Chris Halliwell, Brian Kinney et Emmett Honeycutt... Il traine une foule très hétéroclite dans ma tête.

Mais revenons à nos moutons. Chaque parution d'une nouvelle enquête du commissaire Adamsberg est un véritable plaisir, mais celui-ci est de loin mon préféré. J'ai adoré lire Sous les vents de Neptune, parce que l'intrigue n'était pas une simple enquête externe aux personnages, même si Adamsberg fait toujours un affaire personnelle de ses enquêtes. Ca touchait le commissaire de près, un souvenir d'enfance qui ressurgissait. Un tour au Québec, un vieux secret et deux frères. Adamsberg dans une situation inextricable et Danglard le confident. Il ne manquait qu'une apparition des Evangélistes pour que ce livre regroupe tous les éléments qui l'auraient rendu parfait... Le passé d'Adamsberg qui lui saute à la gorge et un secret de famille qui sort de terre, les histoires concernant deux frères sont toujours les meilleures. C'est également le tome où on découvre Violette Rétancourt, l'inoubliable. Je pense que c'est le premier tome qui nous permet de faire vraiment connaissance avec la brigade. Je me suis demandée tout le roman comment ils allaient résoudre cette intrigue sans science-fiction. Comme Danglard, j'ai les pieds sur terre et je ne crois pas aux morts qui reviennent à la vie. Et j'ai eu peur pour Adamsberg. Je me suis attachée à tous ces personnages. J'aime Adamsberg avec sa gueule en bordel, ses intuitions, son regard sur le monde. J'aime Danglard, ses 5 gosses, son air ronchon, et le fait qu'il se tienne toujours aux côtés du commissaire, qu'il fasse bloc même quand il ne croit pas à ses idées bizarres. J'aime la petite chérie, son indépendance et sa fragilité, son histoire avec Adamsberg. J'aime Tom et les histoires de bouquetins. Et enfin j'aime le reste de la brigade. Et je veux savoir ce qu'ils vont devenir.

Des adaptations de quelques Vargas a été faite en téléfilms par Josée Dayan, j'ai le souvenir que celle de Sous Les Vents de Neptune est particulièrement bien réussie.

3 juillet 2015

L'oeuvre de Dieu, la part du Diable

John Irving - L'oeuvre de Dieu, la part du Diable

68290286

Dans l'orphelinat de Saint Cloud's, l'excentrique Dr Larch officie de manière très spéciale. Il assure " l'oeuvre de Dieu " en mettant au monde des enfants non désirés et réalise " la part du diable " en pratiquant des avortements clandestins. Homer Wells, le protégé de Wilbur Larch, ne se voit pas vivre ailleurs qu'à Saint Cloud's. Auprès de ce dernier, il va apprendre le " métier ", et peu à peu tracer son chemin en s'éloignant avec audace des plans du docteur. Mais s'il part, saura-t-il s'adapter ?


 

Au début du XXe siècle, le Dr Larch a voué sa vie à ce qu'il appelle L'oeuvre de Dieu (mettre des enfants au monde) et à l'oeuvre du diable ( avorter les femmes). A Saint Cloud's, perdu en pleine campagne du Maine, il dirige un orphelinat avec l'aide de Nurse Angela et de Nurse Edna. C'est un médecin avec ce qu'il a d'excentrique, dégoûté de tout ce qui est acte sexuel, il est abstinent par choix, mais sa drogue à lui c'est l'éther avec lequel il anesthésie ses patientes, de main de maître il se l'administre régulièrement à travers un cône de gaze. Tout marche plutôt bien à Saint Could's, les femmes y viennent de loin et il leur donne ce qu'elles veulent : un orphelin ou un avortement. Mais ce qui est tout à la fois l'échec et la plus grande réussite du Dr Larch c'est Homer Wells. Homer a connu trois tentatives d'adoption traumatisantes, et depuis il est devenu "l'orphelin vrai, parce que son seul foyer sera toujours Saint Cloud's"  le plus vieux des orphelins du Dr Larch. Sa seule préoccupation était d'être "utile", alors le vieux Larch lui apprit tout ce qu'il savait et à même pas 16 ans, Homer était un accoucheur accompli, il apprenait sa médecine loin des universités, sur la vieille anatomie de Gray et sur Clara, le cadavre que le Dr Larch avait commandé pour lui. Jusqu'à ce qu'arrivent Candy et Wally ...

On dit qu'Irving est un auteur dickensien, ce qui est certain c'est que Dickens est ouvertement présent dans cet ouvrage, un des orphelins s'appelle David Copperfield et Homer lit chaque soir aux enfants le roman homonyme ou "Les grandes espérances" avant que le Dr Larch n'éteigne les lumières "Bonne nuit petits princes du Maine, rois de la Nouvelle Angleterre."
Irving c'est surtout des personnages étonnants, burlesques, comme toujours, c'est sa patte. Il y a parmi tant d'autres Melony, l'orpheline du même âge qu'Homer, un peu vulgaire, responsable des premières découvertes sexuelles d'Homer, victime d'une faute de frappe dans les registres, elle aurait du s'appeler Melody. Et puis il y a Fuzzy Stone, cet orphelin qui ressemble à un foetus jamais développé, maladif, chétif, avec sa machine pour respirer. Auparavant il me faisait un peu peur, maintenant je comprends c'était juste un grand préma grandi. Nurse Edna qui se croit amoureuse de Saint Larch, l'adorable Curly Day, Rose Rose...

J'ai lu ce livre au lycée et ce fut le coup de foudre immédiat. J'ai remis la main sur ce pavé livre plus récemment, assez amusée de le redécouvrir. Car si au lycée il avait été corné à souhaits par les séjours répétés dans mon sac, il était resté au fond de mon étagère depuis mon entrée à la fac, et je n'y avais pas retouché.
Et ce que je trouve plutôt drôle, c'est que finalement un des sujets principaux de ce livre c'est... l'obstétrique !
Je pourrais dire que c'est ce roman qui m'a menée à être sage-femme, inconsciemment, mais en réalité c'est le hasard de la vie qui m'a menée à l'obstétrique.
Non, ce qui est amusant, c'est qu'aujourd'hui je comprends ce livre 1000 fois mieux que lorsque je l'ai découvert à 16 ans. Et parfois ma vie quotidienne m'y ramène par flashs, car il y a des choses de mon métier dont j'ai eu connaissance dans ce livre bien avant de l'apprendre à l'école. Et la vie, régulièrement, me ramène à mon ancien roman fétiche. Et alors j'ai un petit sourire que personne à part moi ne sait interpréter. 
Lorsqu'on nous a appris comment se pratiquait une IVG, dilatation puis curetage, j'ai pensé "D & C, comme Dr Larch l'apprennait à Homer, alors que Nurse Caroline se contentait de la D sans la C." Quand on a tenté de nous décrire la sensation qu'on devait avoir après avoir fait une délivrance artificielle, pour être sûr qu'il ne restait plus de morceaux de placenta dans l'utérus, c'était assez confus. J'ai alors cité Homer qui décrivait la curette qui faisait "un bruit de papier de verre", et c'est exactement ça, probablement chaque fois que j'aurai ma main dans un utérus pour en ôter le placenta je penserai à ça. Pendant la guerre le Dr Larch se servait de son livre "L'anatomie de Gray" comme d'une carte routière. Et dès que j'ai entendu parler de Grey's Anatomy j'ai compris le jeu de mots en me rappelant Homer qui citait des passages de cet ouvrage à tout bout de champ. Quand on a parlé de l'accouchement sous X et des sages-femmes qui donnaient alors les prénoms aux enfants, j'ai pensé à Nurse Edna et Nurse Angela qui nomment les bébés de l'orphelinat.
Bref, vous l'aurez compris désormais "L'oeuvre de Dieu..." fait partie intégrante de ma culture obstétricale. Et c'est amusant de penser qu'il était déjà mon livre préféré alors que l'obstétrique n'était pour moi qu'un mot un peu abstrait, que je ne m'y intéressais ni de près, ni de loin.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 > >>
Lucile in the sky
Publicité
Archives
Publicité