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Lucile in the sky
26 septembre 2017

Mazo De La Roche - Mary Wakefield

mary wakefield

Chargé de trouver une gouvernante pour les enfants de son frère Philip qui vit au Canada, Ernest Whiteoak engage Mary Wakefield sur sa bonne mine.C'est en arrivant à Jalna que la jeune fille prend la mesure de son inexpérience mais, si ses élèves ne sont pas des anges faciles à mener, leur père n'a rien non plus du vieux veuf ventru qu'elle imaginait.A peine Mary commence-t-elle à se rasséréner que le reste de la famille revient d'Europe et s'alarme ; Mary ne répond guère à l'image rébarbative des gouvernantes traditionnelles.Un complot s'ourdit pour réparer la "gaffe d'Ernest" et faire partir Mary avant que Philip s'avise de se remarier avec elle. C'est compter trop sur la nonchalance de Philip et pas assez sur son entêtement. Il s'ensuit une période mouvementée d'une importance capitale pour l'avenir des Whiteoak de Jalna.


 

Nous voilà avec le troisième tome de la saga de Jalna. Je vous le dis tout de suite, je l'ai beaucoup aimé, bien mieux que les deux premiers ! Les deux personnages principaux sont Mary et Philippe II, et contrairement à Adeline et Philippe I dans les volets précédents, ces deux-là sont tout à fait agréables. On fait un saut de 30 ans depuis le tome 2, et pas mal d'événements se sont déroulés. Il nous manque un tome intermédiaire, qui aurait par exemple raconté la mort de Philippe I, le premier mariage de Philippe II, la vie de jeunes adultes d'Augusta, Nicolas et Ernest, le mariage et le divorce de Nicolas. C'est probablement la plus grande lacune de la saga. Philippe I était un des personnages principaux des 2 premiers romans, et on ne nous dit ni quand, ni comment il est mort, on devine seulement que cet événement a eu lieu au cours des quinze précédentes années, puisqu'il a offert un nouveau perroquet à sa femme quinze ans auparavant. Il y a ensuite eu le mariage de Philippe II avec Margaret, la fille du Dr Ramsay, femme décrite comme caractérielle et ne s'entendant pas du tout avec Adeline. Elle est la mère de Renny, futur personnage central de la saga, et nous ne l'avons jamais vue. Puis ce mariage éclair de Nick, qui fait partie de la légende familiale, il a épousé une fille qui l'a plumé en divorçant. Nicolas a peu d'intrigues, ça aurait été une bonne idée d'intégrer celle-ci à ce troisième opus. Au lieu de ça, Gussie, Nick et Ernest sont trois personnages assez effacés, en toile de fond de ce romans, spectateurs de la bataille entre leur mère et leur jeune frère. Pour les trois enfants que nous avions appris à connaître et à aimer dans "Matins à Jalna", c'est frustrant. Augusta est reléguée au rôle de vieille tante à cheval sur les principes, Nicolas est presque transparent, et Ernest fait figure humoristique à toujours défendre sa vieille maman. A côté d'eux, Philippe est un homme qui sait ce qu'il veut et entend ne pas se laisser marcher sur les pieds par son dragon de mère, ça change.

Nous entrons donc dans ce livre par un personnage extérieur, Mary, qui pose un regard neuf sur la maisonnée et ses traditions du vieux monde. Les Whiteoak vivent au Canada depuis quarante ans mais, mis à part Philippe, sont toujours ancrés en Angleterre (où vit Augusta, et partiellement Nicolas et Ernest). Mary, elle, est une anglaise moderne et ne comprend rien à ces coutumes. On fait ensuite connaissance avec les deux enfants à qui elle est venue enseigner, Meg et Renny orphelins de mère depuis tout petits. Le traducteur français s'embrouille dans les dates, mais en lisant la version anglaise il semble que Margaret soit décédée lorsque Meg et Renny avaient 4 et 2 ans. Meg est une petite fille capricieuse et jalouse tout à fait antipathique. On pourrait le lui pardonner dans le contexte du livre, mais je sais qu'elle restera ainsi plus tard, je n'ai jamais tellement aimé Meg. Renny en revanche est un gamin franc et affectueux, je l'ai tout de suite bien aimé. Vient alors Philippe, maître de Jalna, pas tellement à cheval sur les principes, qui met la main à la pâte à la ferme et mène une vie plutôt simple dans son beau domaine. Philippe et Mary s'entendent tout de suite bien, Philippe est avenant, Mary est très jolie, il aime ses enfants, elle fait de son mieux avec eux, elle lui lit des poèmes dans l'herbe. Puis arrive la Famille, avec un grand F. Et alors on assiste au procès de Mary, elle s'habille trop bien, est trop jeune et jolie, fume des cigarettes et met du rouge sur ses lèvres. Alors pour nous il n'y a pas de quoi fouetter un chat, mais pour 1890, c'est une affreuse chasseuse d'hommes !  Ca ne plaît pas à Adeline qui refuse de voir son fils de 35 ans se remarier, elle ne s'entendait pas du tout avec sa précédente femme, pas question d'avoir une nouvelle rivale dans la maison. Ou alors, au moins une jeune fille avec une belle dot, mais Mary n'en a pas. A partir de là, Adeline va manoeuvrer pour jeter Philippe dans les bras d'une jeune fille riche et Mary dans ceux de Clive Busby, un ancien du coin parti vivre à l'autre bout du pays. On dirait que les Busby ne sont dans le voisinnage que pour le bon plaisir d'Adeline qui tente de leur faire épouser les professeurs de sa descendance. On se souvient  30 ans auparavant d'Amelia Busby qui épouse Lucius Madigan (le précepteur de Gussie, Nick et Ernest), et de ce dernier qui prend la fuite au bout de deux jours. Bon je vous spoile un peu et vous annonce que ce Busby-là n'aura pas plus de réussite que la précédente. J'ai particulièrement aimé la façon dont Philippe tient tête à sa mère et la remet à sa place. Dans mon souvenir, il est le seul (avec son père) à oser faire ça dans toute la saga, et ça fait du bien à la vieille Adeline qui pense pouvoir régenter la vie de tout le monde. Les scènes familiales sont savoureuses, j'aime la manière dont ils se moquent les uns des autres, les disputes des Whiteoak sont mes moments préférés, pas de langue de bois, tout le monde en prend pour son grade, et dans ce volume Philippe aime bien remettre sa mère à sa place. Ce roman est frais et léger, Philippe est sympathique, on a envie qu'il soit heureux, il est un papa aimant (qui ne bat pas ses enfants pour un oui, pour un non comme son père), et d'un naturel plutôt charmant. Mary est une jeune femme qui n'a plus d'attache et se retrouve un peu perdue, elle est jugée pour des choses qui ne nous choquent pas tellement, on a envie que tout se termine bien pour elle aussi. Et on aimerait bien mettre un coup de pied dans le derrière de la vieille Adeline.


 

"Adeline ignora cette déclaration et demanda :

- Mr Pink savait-il que j'ignorais (spoiler, phrase tronquée !)

- Il ne savait rien. (note de la blogueuse: répondit Philippe)

- Si je croyais qu'il le savait, cria-t-elle, je le chasserais et il ne me faudrait pas trois semaines pour cela ! Trois minutes me suffiraient !

- Maman, vous n'êtes pas un achevêque, ni même un évêque, dit Philippe tranquillement.

- C'est ton père et moi qui avons construit cette église.

- Est-elle encore à vous ?

- Philippe, protesta Ernest, as-tu fini d'être grossier à l'égard de maman ?

- Avez-vous tous fini de prendre ma défense ? répliqua Adeline. Je n'ai besoin de personne pour me défendre contre ce jeune gredin doublé d'un ingrat."

 


 

Dans la toile de fond générale du voisinnage, j'essaie de repérer qui est qui dans chaque famille. Clive Busby est le fils d'Isaac que nous avons aperçu dans les deux volumes précédents, lui-même un des cinq enfants d'Elibu. Il est précisé qu'une tante Busby, Abigail une des soeurs d'Isaac, vit à 30 miles de Jalna, on ne sait pas si le reste de la grande famille a déménagé ou s'il reste des Busby dans le coin. Probablement pas car Clive séjourne chez les Vaughan. Chez ces derniers Robert, le fils du couple Vaughan qui a accueilli Adeline et Philippe dans le pays, a eu un enfant sur le tard (vers 45-50 ans selon mes calculs), c'est le jeune Maurice qui a l'âge de Meg et dont on entendra plus parler par la suite. Chez les Lacey, la famille actuelle est celle de Guy, le jeune homme dont Augusta était amoureuse dans "Matins à Jalna", il s'est marié et a eu deux filles Ethel et Violet qui ont presque trente ans. On ne nous dit pas ce que sont devenus les parents de Guy et les deux petites soeurs qui avaient l'âge de Philippe. Oui, je sais, parfois je suis mieux les personnages de Jalna que l'auteur elle-même... Wilmott a tout bonnement disparu, on apprendra dans 12 tomes qu'il est mort en sauvant Philippe II d'une noyade certaine lorsqu'il était enfant. Philippe avait alors promis d'appeler un de ses fils James Wilmott. Bon, spoiler, aucun de ses fils ne s'appelle comme ça, ingrat ! Et concernant la famille d'Adeline, elle parle parfois de son père Renny qui est maintenant mort et qui aurait élevé onze enfants. On oublie donc que 4 sont morts en bas-âge sur le tas ? Et Adeline parle encore de ce que son père aurait fait à elle ou ses frères, ce qui confirme ma théorie disant que la soeur Judith qui apparait au début de "Naissance de Jalna" a été oubliée immédiatement après avoir été mentionnée.

 

 

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