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Lucile in the sky

14 février 2022

Clarisse Sabard - La vie est belle et drôle à la fois

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« Il me reste quelques rêves à réaliser et le moment est venu de m'y atteler. Je vous aime très fort. À très bientôt ! Maman. » Léna n'en revient pas. Comment sa mère, qui l'a convoquée pour passer Noël dans la maison de son enfance, a-t-elle pu disparaître en ne lui laissant que ce message sibyllin ? La voilà donc coincée dans le petit village de Vallenot au coeur des Alpes de Haute-Provence et condamnée à passer la fête qu'elle hait plus que tout, entourée de sa famille pour le moins... haute en couleur ! Mais les fêtes de famille ont le don de faire rejaillir les secrets enfouis. Les douloureux, ceux qu'on voudrait oublier, mais aussi ceux qui permettent d'avancer... 


 

Voilà un roman qui se lit tout seul, ambiance téléfilm de Noël. Ca faisait quelques temps que je voyais ce genre de bouquins fleurir sur les étalages au moment des fêtes, j'ai fini par céder à la curiosité lors d'un salon du livre en croisant l'autrice.

On plonge la tête la première dans ce retour aux sources de Léna à l'occasion des vacances de Noël. Le personnage principal est drôle et attachant, avec sa fierté et ses faiblesses. On fait la connaissance de son frère Tom en pleine crise conjugale, de Violette la nièce adolescente qui aime bien lever les yeux au ciel, de la grand-mère haute en couleurs qui s'essaie à meetic, du tonton curé... Bref une famille loin d'être ennuyeuse, sans compter la mère qui s'est fait la malle mystérieusement ! Il y a aussi le pittoresque village de Vallenot et sa petite population, le resto local (et son charmant cuisinier XD), l'hôtel abandonné... Clairement j'ai beaucoup aimé l'ambiance cosy qui se dégage de tout ça, le côté petit village chaleureux et plein de ragots, la Java bleue à l'accordéon, la famille plutôt atypique, et j'ai eu très envie de boire du lait de poule (alors que j'ai déjà essayé une fois et que ce n'était pas une réussite...)

Sur le plan de l'intrigue, sans spoiler, j'ai trouvé que celle qui tournait autour des souvenirs oubliés de Léna était un pétard mouillé, ça monte en mayonnaise, on s'attend un peu à ce que la révélation ne soit pas si grande que ça et on a raison. Mon humble petit avis est que j'aurais pu m'en passer, que les personnages et le village se suffisaient pour ce petit livre tout doux de Noël. L'arc romantique est fait de grosse ficelle, mais on s'en fiche, elle est mignonne et parfaitement dans l'esprit du livre, elle est très bien comme ça. L'histoire de Tom et Violette, ainsi que l'intrigante disparaition de la mère rajoutent un piment tout à fait réaliste dans cette histoire de famille.

Bref, ce livre était doux et drôle, une lecture toute légère de fin d'année (même si elle a un peu traîné sur janvier de mon côté)

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29 novembre 2021

Serge Dalens - La tache de vin

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Faut-il préférer l'indulgence à la stricte justice ?

Eric avait choisi le pardon. Le comte Tadek se charge de l'en faire repentir, car il n'hésite pas à supprimer ceux qui contrarient ses projets. De justesse, Eric échappe à un premier attentat. Echappera-t-il au second ?

Car cette fois, Tadek a tout prévu. Tout... sauf le courage de Jef et celui de Jean-Luc, l'ami secret d'Eric, Jean-Luc pour qui chaque jour serait une nouvelle épreuve, s'il n'y avait Marie-Françoise et Rémy.


 

Voilà le troisième volet de la saga du Prince Eric. Contrairement aux deux premiers, Christian et Eric n'en sont pas les personnages principaux, c'est Rémy de Terny qui est au centre de ce livre, un nouveau petit scout chez les Loups. Parce que plus d'un an a passé depuis la fin du Prince Eric, et chacun a grandi. Dans la patrouille, Lélo a déménagé dans le sud, Philippe a dix-sept ans il a quitté la patrouille pour devenir chef de troupe, c'est désormais Christian, quinze ans, le CP (chef de patrouille). Eric a bientôt seize ans, il est à Swedenborg avec ses deux fidèles pages et amis Jef et Nils, occupé à diriger son petit pays et à recevoir des ministres rasoirs. Je n'ai pas l'impression que les français et les norvégiens aient eu l'occasion de se revoir entre les deux livres, ce qui n'empêche pas Christian et Eric de communiquer par lettres.

Il faut avouer que ceux deux-là m'ont un peu manqué dans ce tome. Pas Christian tout seul, au final on le voit pas mal puisqu'il est le mentor de Rémy et il est fidèle à lui-même, bienveillant,  un peu insolent mais toujours généreux, et fiable... Oui, j'aime Christian, j'ai toujours adoré ce personnage, jeune il est lumineux avec son perpétuel sourire aux lèvres (c'est en tout cas ainsi que je le perçois) et ses yeux noirs au regard espiègle (cf les illustrations de Pierre Joubert), qui deviendra si sombre à l'âge adulte. Je spoile à peine en disant que Christian ne se remettra jamais des évènements du tome 4. Bref je mets la charrue avant les boeufs. En tout cas Eric et Christian ont bien peu de scènes ensemble dans ce livre-là, et ça manque. Où diable sont les fanfictions qui comblent les blancs ? Je veux savoir ce qu'ils se sont dit le lendemain du fameux soir de l'Opéra à Paris, ce qu'ils ont fait au camp l'été suivant, à part dîner avec Jean-Luc. C'est peine perdue. On notera que sur la couverture, ce n'est plus ni Eric ni Christian, mais Jef et Rémy. Jef, jamais sans son poignard viking.

Alors que raconte-t-on dans ce livre ? Eh bien on raconte l'histoire de Rémy, qui vit avec sa vieille cousine cul béni, et qui n'a le droit ni d'avoir des amis, ni de s'amuser. Jusqu'au jour où il croise la route de Christian qui le prend au Loup. Et par un concours de circonstances, Rémy va croiser la route d'un certain Jean-Luc, un gamin de son âge (on est en 1938 je le rappelle, rapport au prénom) qui refuse de se faire voir en public. Quel est donc le secret de Jean-Luc ? Par quel hasard est-il un ami d'Eric (par le hasard du monde qui est bien petit dans les Signe de Piste, pas de vrai mystère là-dessous) ? La vieille cousine va-t-elle se détendre un peu ? On suit donc Rémy qui lutte pour garder le droit d'aller aux scouts et celui de voir Jean-Luc. Et on est bien trop occupés avec cette histoire d'amour là, pour s'occuper de celle de Christian et Eric. Ok, j'extrapole un peu, mais pas tant que ça je vous avoue. Parce que même s'il n'est question ici que d'amitié, Christian qui ne dort plus depuis trois jours à l'idée de revoir enfin Eric, Rémy qui supplie Jean-Luc "quand me diras-tu : viens je t'attend ?", franchement, y'a rien à ajouter, non ? Clairement tous ces garçons sont dans le placard et attendent qu'on leur ouvre la porte.

J'ai beaucoup aimé le petit séjour à la montagne du début, la relation entre Christian et Philippe. Ces deux-là se connaissent depuis longtemps et s'entendent comme larons en foire. Jusque là on voyait plutôt Philippe comme un grand frère, le CP des Loups, celui qui supervisait la petite troupe. Désormais tous deux chefs scouts, ils sont sur un  pied d'égalité malgré leurs presque deux ans d'écart. A noter qu'un jour Christian sera d'ailleurs le parrain du fils de Philippe. Les deux garçons qui se chamaillent sur la préparation du dîner, Philippe qui s'amuse à sortir Christian assez brutalement de son lit, de chouettes scènes entre eux, qu'on lit avec un sourire aux lèvres. C'est probablement mon passage préféré du livre, frais, divertissant, rien à ajouter.

Côté intrigue, on ne laisse pas tout aux problèmes de Rémy, en filigrane et surtout à la fin du livre, on retrouve évidemment Eric toujours en danger, car Tadek n'a pas lâché l'affaire et entend bien se venger. Alors, ce qui suit peut spoiler la fin du livre, mais j'aime beaucoup quand Eric, d'ordinaire si doux et conciliant, reprend soudain son rôle de chef d'Etat, et là en quelques mots tout le monde s'incline. Cette aura naturelle, et un certain courage aussi, car à chaque fois qu'il le fait c'est pour protéger les autres. Il faut avouer que ça a une certaine classe.


"Christian amorce la descente, lorsqu'Eric le rattrape par la manche.

- Arrête !

Le ton est si bref, que Christian demeure figé sur place.

- Remonte ! C'est moi qui vais descendre.

- Tu tiens à peine sur tes jambes !

- Cette affaire ne regarde que moi. Ce n'est pas Eric qui se bat, c'est le Prince de Swedenborg qui défend sa couronne. Remonte. Je t'en prie, je te l'ordonne !

Christian obéit."


 

Voilà, ce n'est pas plus compliqué que ça, et ça marche avec Jef tout pareil. Les deux garçons sont pourtant des têtes brûlées qui se damneraient plutôt que de voir Eric en danger, mais d'un simple ordre de lui, ils le laissent aller au casse-pipe la mort dans l'âme. Bon ça ne les empêche pas de le suivre et d'être prêts à intervenir tout de même. Je trouve le personnage d'Eric moins attachant que celui de Christian, un peu trop parfait, trop Mary-Sue dirait-on de nos jours, l'orphelin prince de neiges victime de complots qui cherchent à le tuer... Il est trop lisse. Mais dans ces moments où il montre sa vraie force de caractère, c'est là que je le préfère.

J'aurais aimé que le récit se poursuivre un peu après l'attaque de Tadek, s'attarde notamment sur Jef et sa culpabilité. Encore une fois, un grand moment d'Eric qui comprend tout de suite le malaise de son ami et essaie de le réconforter "C'est ton bras qui a frappé, mais c'est ton prince, ton prince seul qui a tué. Donne-moi la main." Bon, en vrai j'aime beaucoup Eric aussi, c'est évident. Et cette scène-là se termine trop vite. Le camp en lui-même passe beaucoup trop vite d'ailleurs. Surtout lorsqu'on sait que le tome suivant s'appelera "La mort d'Eric", et qu'on voudrait bien ne pas encore en arriver là ! Car si jusqu'ici Dalens a été magnanime avec ses personnages (sauf Yngve, mais lui c'était perdu d'avance), laissez-moi vous dire que cette époque va bientôt être révolue et que la fin alternative de ce tome aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Moi j'ai déjà lu toute la saga et ses "spin-off" plusieurs fois, et je peux vous dire que les destins ne sont pas joyeux... Bref, on se retrouve pour la seconde guerre mondiale, gros programme !

Ah non, j'ai oublié de vous parler de Marie-Françoise, la soeur de Jean-Luc. On essaie de nous faire croire que Christian en est tombé amoureux en un regard. Pardon, mais j'avais oublié tellement cette histoire est invraisemblable.

22 novembre 2021

Serge Dalens - Le prince Eric

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« Malheur à la ville dont le Prince est un enfant ! » dit l'Ecriture. Et le Prince de Swedenborg n'a pas quinze ans...

Seul ou presque, entouré d'ambitieux, de traîtres, d'espions et de lâches, Eric conservera-t-il la couronne que veut lui ravir son Premier Ministre ?

Jef le page préféré, Christian l'ami français, Yngve l'enfant mystérieux, et les autres garçons qu'Eric connut au temps du Bracelet, parviendront-t-il à l'arracher du piège où un Conseiller félon l'a fait tomber ?


 

J'ai peut-être bien préféré ce deuxième volume au premier. Pourtant, je me rappelle avoir été frustrée, enfant, de ne pas voir les "meilleurs amis" réunis avant la fin ! Après l'Alsace, l'été, la forêt et les souterrains mystérieux, nous voilà à Noël en Norvège, au palais de Swedenborg au milieu des Pages en toques. J'aime énormément l'ambiance de ce volume, qui contraste complètement avec le premier. Le bracelet nous immergeait dans l'univers de Christian, ses amis, son camp scout, les escapades en forêt, les nuits à six sous la tente, le deuxième nous emmène dans celui d'Eric, sa solitude, son devoir, ses ennemis, le protocole, les grandes pièces du palais qui résonnent, son fidèle Page Jef.

Car Eric, déjà orphelin, vient de perdre son oncle Sven et devient le seul héritier de la couronne de Swedenborg, quatorze ans, dernier membre de la famille royale après une hécatombe bien curieuse. Pour son couronnement, un peu plus de quatre mois après la fin du Bracelet, il invite toute la patrouille des Loups. Mais évidemment le danger guette et les menaces du Premier Conseiller à son encontre ne sont pas à prendre à la légère, Jef s'inquiète pour son Prince qui devrait faire bien plus attention. Eric a une tête de bois et entend ne pas laisser Tadek, véreux conseiller, faire sa loi, il ne lâche rien. Où le discret Eric du Bracelet montre sa seconde nature. Car il a bien deux facettes Eric, hors de son travail, il déteste fourrer son nez dans les affaires des autres (je cite je crois Christian dans un volume postérieur), mais le Prince lui a une autorité naturelle et donne des ordres à des adultes avec le calme et la classe de sa position. J'ai particulièrement aimé ces chapitres qui ouvrent le livre, où on le voit évoluer dans son milieu naturel, le poids d'un pays sur ses frêles épaules de quatorze ans, avec pour seuls moments où il peut tomber le masque, ceux qu'il partage avec son ami Jef. Jef, il ne le connaît que depuis un an, c'est un garçon de son âge, orphelin comme lui, nommé Page par l'oncle Sven qui comptait sur lui pour devenir le bras droit de son neveu. Et Jef a la tête aussi dure que son Prince, il a les yeux partout et n'a pour seul leitmotiv que de protéger Eric. Si le Prince de Swedenborg est orphelin, il a tout de même bien deux mères poules, Jef et Christian. L'illustration de couverture qui les montre tous les trois, est l'une de mes préférées, ça non, Eric n'est pas seul, même si le fardeau de la couronne il ne peut pas le partager. Mais que peuvent deux adolescents contre un conseiller qui a mis tout le palais à sa botte et veut le pouvoir ? Pas grand chose malheureusement et Eric va le découvrir à ses dépends. C'est évidemment sans compter sur la patrouille des Loups, qui arrive un peu tard, mais fera tout pour sauver Eric, main dans la main avec le fidèle Jef. Jef qui d'ailleurs a un bon petit air de viking dans les illustrations de Joubert, avec son poignard au ceinturon et son expression toujours prête à se battre pour son Prince.

Comme dans le premier volume, bien peu d'adultes auront voix au chapitre dans la lutte finale. J'ai un peu frissonné avec Monsieur de Kertad, le ministre français qui laisse une troupe de gamins de quinze ans partir seuls dans une aventure bien dangereuse... Moi si j'étais leurs parents, je ne leur autoriserais plus un seul voyage ensemble à ceux-là ! Disparu dans les cachots pendant trois jours, disparu en mer.... Est-ce qu'on a vraiment omis de prévenir leurs parents ? Bref, ça commence à être un peu spoiler à partir de là, sentez-vous libres d'arrêter la lecture de ce billet si vous voulez lire ce livre. Si j'ai aimé la premier tiers du livre pour découvrir la vie d'Eric au palais, j'ai évidemment adoré le dernier tiers. Celui du milieu, je l'ai passé plus vite. Dans le Bracelet, si Christian s'est retrouvé réellement en danger, il n'y avait pas d'ennemi tangible, là c'est tout différent, les dirigeants du pays sont à leurs trousses et les noieraient comme des petits chiots sans aucun remord. Le danger est partout et les alliés bien peu nombreux. La citadelle, la mer déchaînée, rien ne leur sera épargnés aux Loups, heureusement que les geôliers d'Eric sont un peu balourds. Qui, comme moi, a commencé cette saga après avoir déjà pris connaissance des titres des volumes suivants, ne tremble pas plus que ça pour la vie d'Eric, on sait son destin ailleurs, cependant qu'ils m'ont fait peur dans leur canot... L'illustration de Joubert en couleurs d'Eric qui se jette dans les bras de Christian à Halsenoey, qu'elle est belle... Oui j'ai acheté les éditions collectors rien que pour ça. Do not judge. La toute fin avec Eric qui reprend le pouvoir est évidemment parfaite, très cinématographique, Eric qui se dévoile au milieu de la foule en faisant tomber son manteau, en uniforme de prince "Ce qu'un conseiller défend, moi je puis le permettre !", personnelement j'aurais fait tout comme la foule, j'aurais applaudi à tout rompre ! Par contre, noble geste de ne pas condamner Tadek, mais grossière erreur Votre Altesse. Je n'ai pas cité Yngve, parce qu'il a beau être un ressort essentiel à l'histoire, il est un personnage à peine touché du doigt, dont nous ne savons pas grand chose. Un volume postérieur se penchera sur lui plus en détails, malheureusement... (pas passionnante cette histoire)

Je terminerais en parlant de la narration et de la mise en scène de ce livre, qui sont très dynamiques. Le narrateur a une réelle voix parfois ironique dans ce livre, qu'il avait déjà un peu dans le Bracelet, mais qu'il perdra par la suite, c'est dommage car c'est très agréable à lire. Les titres des chapitres déjà en eux-mêmes, je cite en exemple celui du chapitre 9, ma foi plutôt original "Que chacun baptisera comme il l'entendra, l'auteur n'ayant pu trouver de titre à sa convenance", ainsi que ce court chapitre interlude au milieu du livre, de l'auteur qui s'imagine discuter de l'intrigue avec le lecteur. Le livre commence par le narrateur qui nous emmène par travelling à Swedenborg, et se termine par la scène que j'ai déjà citée, qui rend le récit très vivant.

Voilà déjà deux tomes, et chaque tome terminé nous approche du fatidique tome 4... J'ai pas tellement hâte, même si je sais que les 5 et 6 prolongeront un peu le plaisir.

20 novembre 2021

Serge Dalens - Le bracelet de vermeil

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"Nous méritons toutes nos rencontres..." a écrit François Mauriac. Faut-il croire qu'Eric et Christian ont "mérité" leur extraordinaire aventure ? Rien ne semblait cependant destiner le jeune Prince des Neiges et le fils du chirurgien parisien à se rencontrer. Rien, si ce n'est le bracelet qu'Eric porte au bras, signe d'un terrible secret et rappel d'une mission dramatique. Eric devra choisir : entre le devoir et l'amitié, aucun compromis n'est possible.


 

Après avoir relu tout Jalna, saga monument de mon enfance et adolescence, j'ai décidé de reprendre une autre saga emblématique. Pour la petite histoire, ces livres étaient tellement importants pour moi, que j'étais incapable de m'en séparer lorsque je partais pour un mois de vacances chez mon père. Je trimballais donc dans ma valise, les seize Jalna et les six "Prince Eric" (qui ne sont pas tout à fait six, mais nous y reviendrons), plus tard j'y ajouterai les Harry Potter, qui heureusement n'étaient que quatre à l'époque. Il me fallait toujours tous ces livres sous la main, pour pouvoir les feuilleter à nouveau, relire des passages, vérifier quelque chose. Ah, si la liseuse avait existé alors, elle aurait allégé mon sac ! Bref, la relecture des Prince Eric va me prendre beaucoup moins de temps que les Jalna.

De quoi parle-t-on donc ? On parle de la littérature jeunesse des années 30-40 et d'une collection "Safari Signe de Piste" qui avait le vent en poupe dans ces années, surtout dans les milieux scouts. Et les premiers livres parus relatent de ce fait, des aventures de petits scouts, ça se diversifiera par la suite. J'ai lu un certain nombre de Signe de Piste dans mon enfance, tous glanés dans les bibliothèques de mon père ou de mon oncle, c'étaient les livres de leur propre enfance. D'ailleurs il s'agit principalement (exclusivement ?) d'histoires de garçons, destinées à des garçons. Ca ne me formalise pas tellement vu leurs années de parution, mais quand l'auteur, Serge Dalens, a écrit la préface de la réédition du Bracelet de vermeil dans les années 90, je remarque tout de même qu'il dit que ses livres ont passé les générations parce que les pères les donnèrent à leurs fils... Mr Dalens, je tiens à vous dire que je connais nombre de petites filles qui ont adoré ces livres, même s'il est dommage que la représentation des filles soit absolument nulle dans la saga des Eric. Au test de Bechdel, cette saga aurait un zéro pointé, c'est bien simple, les personnages ne sont que des garçons. Alors on verra bien apparaître furtivement dans les suivants Solveig et Marie-Françoise, mais ça reste une histoire qui ne parle que de garçons. Voilà, maintenant que ce point est clair, nous pouvons passer à la suite.

L'amitié d'Eric et Christian m'a follement passionnée dans le temps. Deux garçons de quatorze ans (quand commence l'histoire), avec un coeur d'or, un sens du devoir et de la loyauté exacerbés. A la relecture ils en sont presque un peu caricaturaux, il leur manque des défauts ! Christian d'Ancourt est un petit scout parisien des beaux quartiers, tête brûlée qui rêve d'aventures et ne vit que pour partir en camp avec sa patrouille. Or cette année, ses parents ne sont pas tranquilles, une vieille malédiction familiale leur fait craindre qu'il n'arrive malheur à leur fils, chaque cent ans, le 11 août 36, un d'Ancourt périt mystérieusement. A la gare il fait la connaissance d'Eric Jansen, un éclaireur norvégien qui se joint au camp. Et alors c'est le coup de foudre immédiat ! Pardonnez-moi, je sais que Dalens ne l'a absolument pas écrit en ce sens et qu'il ne pensait qu'à une bonne vieille amitié virile, mais alors ce n'est plus du tout comme ça que cela transparait de nos jours. Les deux garçons ressentent à la fois une indescriptible attirance et une étrange gêne dès qu'ils sont ensemble. Sans compter leur première dispute où Christian lui dit "Si tu parles, c'est fini entre nous !". Bref nous sommes en 1937 et l'auteur est un indécrotable conservateur, donc ces deux-là deviennent très vite meilleurs amis. Eric est un garçon secret, et je ne dévoilerais pas grand chose en disant qu'on découvre qu'il est le prince héritier de la couronne de Swedenborg, le Monaco de la Norvège, et que sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille jusque là, ayant récemment perdu père et mère et ne pouvant guère faire confiance à plus d'une poignée de gens dans son palais, mais ça c'est une histoire pour le tome 2. Toujours est-il qu'Eric vivrait ce camp incognito comme une vraie bouffée d'oxygène, s'il n'y avait une promesse qu'il avait faite à son père, une mission à remplir et qui le ronge complètement.

L'écriture de Dalens est vivante, on ne s'ennuie pas et le livre se lit très rapidemment. Un bon vieux classique d'aventure de gamins où les adultes ne font guère que de la figuration, mais avec de sérieuses questions de vie ou de mort. C'est très cliché tout de même. OMG les premières phrases échangées dans le premier chapitre par Christian, Philippe et Louis, "La vie est belle" "Oui, chantons !" j'en aurais pleuré de rire... Mais c'est la première aventure d'une longue série entre Christian et Eric, et je ne peux pas m'empêcher d'aimer ces deux-là. Ils ont été mes premiers James et Sirius, ados au destin tragique (suffit de voir le titre du 4e volume...), à l'amitié indéfectible, qui mèneront des combats qui ne sont pas de leur âge et finiront par faire la guerre ensemble (l'intrigue du bracelet se situe en 1936). Et je ne finirais pas ce billet sans parler des splendides illustrations de Pierre Joubert, qui a partcipé autant que Dalens à donner vie aux personnages du Prince Eric, comme à tant d'autres Signe de Piste. Qu'ils sont beaux ses Eric et Christian... Je viens de découvrir en écrivant ce post qu'il existait une édition collector des Prince Eric avec des illustrations en couleur, et que je n'avais jamais vues, de Joubert ! Damned, je vais être obligée de les racheter... 

Je terminerais avec un paragraphe spoiler, parce que j'avais quelques commentaires à faire sur la dernière partie. Alors si vous envisagez de lire les Prince Eric, vous pouvez arrêter ce billet ici. Peut-on parler des incohérences totales dans ce livre ? Comme le fait que personne ne sache de quoi retourne la mission d'Eric, mais qu'il y a tout de même des types chelous qui tournent autour de Christian pour faire monter la mayonnaise sur cette histoire de malédiction ? Le type devant l'appartement de la rue des Ternes, le bulgare au village à côté du camp. Juste des coïncidences sans aucun rapport avec la choucroute. Passons sur le fait que, comme par hasard, Eric parte à Birkenwald et qu'un enchaînement d'actions réalise sa mission sans même qu'il n'ait à lever le petit doigt... Soit, c'est le destin dirons-nous. Et le "BK" au début du bracelet, pourquoi ? Est-ce que tous les d'Ancourt ont été butés à Birkenwald ? Je n'en avais pas l'impression... Est-ce que le crime originel a eu lieu là ? Pardon mais c'est pas très clair quand même... Et alors je n'ai pas trouvées très énergiques les recherches du disparu. On met tous les scouts sur le coup sans leur en dire trop pour ne pas les affoler, mais du coup les gendarmes ne retournent pas la forêt ? Quand Philippe comprend que le gosse est probablement coincé dans les souterrains du château depuis 2 jours sans boire ni manger, ça ne s'agite pas non plus si vite que ça... Louis prend le temps d'emmener Eric faire du cheval, tout ça, tout ça... Ils auraient eu l'air malin si on l'avait retrouvé clamsé de déshydratation ou de manque d'oxygène le gamin ! 

Allez, on enchaine sur le 2e volume qui se passera en décembre à Swedenborg.

29 octobre 2021

Valérie Perrin - Trois

Trois

 

« Je m'appelle Virginie. Aujourd'hui, de Nina, Adrien et Etienne, seul Adrien me parle encore.

Nina me méprise. Quant à Etienne, c'est moi qui ne veux plus de lui. Pourtant, ils me fascinent depuis l'enfance. Je ne me suis jamais attachée qu'à ces trois-là. »

1986. Adrien, Etienne et Nina se rencontrent en CM2. Très vite, ils deviennent fusionnels et une promesse les unit : quitter leur province pour vivre à Paris et ne jamais se séparer.

2017. Une voiture est découverte au fond d'un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l'événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires qui unissent ces trois amis d'enfance. Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d'amitié ?


 

Quoi de mieux qu'un bon roman de 600 pages quand on a une semaine de vacances ? Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c'est un idée du bonheur. Trois s'est lu assez rapidemment, c'est un roman bien rythmé avec ce qu'il faut d'interrogations, d'indices et de réponses distillés au fur et à mesure. Il n'y a rien qui m'agace autant qu'un livre qui tourne autour de secrets pour ne rien révéler avant la fin, ici ce n'est pas le cas et ça n'empêche pas de maintenir l'intérêt.

Trois alterne entre les époques, le présent en 2017, et les flashbacks qui se situent majoritairement et à peu près linéairement, entre 1987 et 2000. On découvre donc des personnages en 2017 qui semblent bien cassés par la vie et très isolés les uns des autres, puis leur enfance fusionnelle, unis comme trois doigts de la main. Qu'a-t-il pu arriver, quel évènement a réussi à séparer Nina, Adrien et Etienne ? Comment les enfants deviennent-ils adultes et les liens qui semblaient éternels se distendent-ils ? Au fil des années et des obstacles qui vont jalonner leurs vies, c'est l'histoire qui nous est racontée. Et cette Virginie narratrice, à quel moment sa vie se raccroche-t-elle à celle des trois ? Qui est-elle pour eux, semblznt toujours un peu en marge mais bien présente ? J'ai beaucoup aimé les retours en arrière, le plongeon dans les années 80-90, évidemment ça parlera à toute une génération qui a été enfant ou ado à cette période. Sans compter les références musicales incessantes, ce livre a une vraie playlist et j'adore ça ! Et puis cette amitié un peu improbable mais si forte entre trois enfants si différents... Etienne, le gamin de riches au physique avantageur qui pourrait probablement avoir tous les amis qu'il veut, mais ceux qu'il choisit c'est Nina et Adrien. Nina, qui semble si sûre d'elle alors qu'elle n'est qu'insécurités et n'a guère dans sa vie que son grand-père, abandonnée par ses parents. Et Adrien le discret, qui écoute plus qu'il ne parle, cherche sa place dans la vie, souffre-douleur de l'instit de CM2. Mais évidemment Etienne aussi a des casseroles qu'il tente de dissimuler. Le passé c'est l'histoire de ce lien quasi fraternel qui les lie tous les trois, envers et contre tous. Le présent c'est comprendre le sac de noeud, comment Nina s'est-elle retrouvée si triste et seule, pourquoi Etienne a l'air de penser que son existence ne vaut rien, et que fait Adrien qui ressemble à un courant d'air... Et évidemment cette histoire de voiture au fond du lac, et la disparition de l'une de leur camarade de classe un soir de 1994. Quel rapport avec ce que les Trois vivent aujourd'hui ?

La lecture de ce roman m'a énormément plu, les dernières pages m'ont cependant laissée sur ma fin. Sans rien dévoiler (promis, rien du tout !), j'aurais aimé un ou deux chapitres de plus. Bien sûr on comprend où l'on va, ce qu'il advient de chacun, mais j'aurais aimé que l'auteur nous le raconte un peu plus, juste pour être sûre. En bref, les personnages de ce roman ne sont guère heureux, leurs vies sont toutes semées d'embûches, et pourtant l'amitié qui transpire de ces pages, aussi abîmée puisse-t-elle être en font un vrai feel-good book je trouve !

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27 avril 2021

Mazo de la Roche - Le centenaire de Jalna

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Près de cent ans se sont écoulés depuis qu'Adeline et Philippe Whiteoak ont fait bâtir dans l'Ontario la maison qu'ils ont baptisée Jalna. Rien ne plairait plus à l'actuel maître du domaine, leur petit-fils Renny, que de savoir Jalna de nouveau entre les mains d'une Adeline et d'un Philippe après sa mort. Il suffirait pour cela que sa fille épouse son cousin, le fils de son demi-frère Piers. Leur union serait un moyen de célébrer dignement le centenaire, déclare-t-il aux autres Whiteoak qui cachent mal leur scepticisme car ils connaissent le caractère indépendant des intéressés. Ceux-ci leur réservent une surprise : ils annoncent leurs fiançailles. L'atmosphère serait donc de perpétuelle liesse pendant l'année qui précède la double célébration du centenaire et du mariage s'il n'y avait dans la famille un petit démon aux yeux verts et au cœur jaloux nommé Dennis. Mais les Whiteoak sont-ils assez forts et assez unis pour surmonter tous les drames, majeurs et mineurs, qui les assaillent par sa faute ? Et cette année mouvementée s'achève sur l'apothéose rêvée par Renny. Ainsi s'achève aussi la très attachante histoire de cette passionnante famille canadienne dont Le Centenaire de Jalna constitue le seizième et dernier épisode.


 

Voilà, c'est fini, comme dirait Jean-Louis Aubert. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser après 16 tomes, ça l'est sur un goût d'inachevé... Je crois que Mazo de la Roche n'a jamais écrit ce livre pour qu'il soit le dernier de la saga, il l'a juste été parce qu'elle est décédée sans en avoir écrit la suite. Il me semble que pourtant, rarement un tome de Jalna ne se sera terminé sur autant de relations en chantier et d'irrésolu.

Alors que ce passe-t-il dans cet ultime volume de Jalna ? Eh bien je ne vais pas vous le cacher, pendant la moitié du bouquin, il ne se passe pas grand chose, on se promène dans les bois, on va d'une maison à l'autre, on part en vacances pour l'été indien, ça discute autour du thé dans la cuisine... Et puis tout à coup ça s'emballe et on ne s'arrête plus, naissance, décès, baptème, fugue, centenaire et mariage ! Paf ! J'ai vraiment beaucoup de choses à vous dire sur ce livre, sûrement parce que c'est la dernière fois.

A Jalna tout va plutôt bien, la maison est calme, Renny, Alayne, Adeline et Archer vivent leur petite vie. J'aime bien la dynamique entre Adeline et Archer, ils sont très différents mais ça ne les empêche pas de bien s'entendre. Adeline a vingt-trois ans, elle digère en silence son chagrin d'amour, son ex-fiancé Maitland Fizturgis s'est fait la malle avec sa cousine Roma, qu'il va d'ailleurs épouser. Après les découvertes de la passion et de la déception amoureuse, elle est prête à une vie consacrée aux chevaux et au domaine, résignée. C'est alors que Renny a l'idée la plus foireuse de toute la saga, Adeline va épouser son cousin Philippe, parce que pour les cent ans de Jalna ce sera parfait d'avoir à nouveau un couple d'Adeline et de Philippe... Sérieusement Renny, ça va un moment d'aduler les ancêtres, mais faudrait voir à ne pas en faire trop... Adeline accepte parce que ça lui est égal et qu'elle ferait n'importe quoi pour faire plaisir à son père, et Philippe y voit l'occasion de devenir la fierté de la famille. Les deux cousins se fiancent donc, et pendant ce temps-là Wakefield et Molly sont personna non grata car ils sont amoureux et vivent ensemble alors qu'ils ont des liens de parenté à peine plus proches qu'Adeline et Philippe. Voilà, voilà... Alors certes Wake a un peu plus de sang en commun avec Molly, qu'Adeline et Philippe, mais au point où on en est, la consanguinité n'a pas tellement l'air d'être un problème pour deux cousins qui ont grandis ensemble et ne sont pas du tout amoureux, alors que Wake et Molly étaient deux étrangers avant de s'éprendre l'un de l'autre. Bref. Donc Wake et Molly viennent séjourner dans le coin pour soigner une maladie de Wakefield, et ils sont exilés dans la cabane du violoneux. Oui, on a déjà fait cette intrigue, c'était Eden et Alayne à l'époque. Molly quitte Wake, mais il part la reconquérir car il ne peut pas vivre sans elle, et ça se termine en queue de poisson, Molly répète qu'ils n'ont pas le droit et Wake s'entête, on ne saura jamais ce qu'il est advenu de ce couple-là. Dans mon imaginaire ils ont vécu heureux et ont fini par avoir un petit garçon, qu'ils ont appelé Christopher comme le frère décédé de Molly. Pendant tout le livre, Adeline prépare sans joie son futur mariage, se rapproche de Maitland qu'elle n'a jamais vraiment oublié, se rappelle des sentiments forts qu'elle a éprouvés pour lui et elle finit par réaliser l'avant-veille du mariage qu'elle s'embourbe dans une situation impossible, trop tard pour tout annuler. La solution trouvée par Renny est juste de proposer que Philippe et elle fassent chambre à part, comme lui et Alayne. Je crois qu'Adeline vient de réaliser à ce moment, qu'il allait falloir qu'elle consomme ce mariage avec son cousin, et ça la met dans tous ses états... Donc elle se marie et lorsqu'elle le regrette immédiatement et s'énerve après Philippe, parce qu'il est lui et pas Fizturgis probablement, juste après la cérémonie, Renny la menace de la battre si elle ne fait pas bonne figure au dîner. Très, très sain. Pour eux, je prévois tout simplement un divorce, ils vont faire chambre à part, je ne suis même pas sûre qu'elle le laisse la toucher franchement, et ils vont réaliser qu'ils ne sont rien de plus que des amis. Je vois bien Adeline tomber éperdumment amoureuse d'un jockey qui viendrait travailler à Jalna et tout envoyer bouler pour lui. Franchement, c'est tout le mal que je lui souhaite ! Parce que Maitland, je n'y crois pas à leur histoire ressucitée, surtout maintenant qu'il est marié à Roma. D'ailleurs ils quittent New York tous les deux pour aller vivre dans la campagne irlandaise, laissez-moi rire. Mais que va faire Roma dans une ferme en Irlande ? 

La grosse partie du roman se passe à Vaughanland auprès de Finch et sa famille. Et attention les plus gros spoilers sont là, je préfère prévenir. Finch aurait tout pour être heureux, s'il savait l'être. Il est un pianiste reconnu, il a une belle maison, une jolie et douce femme (Sylvia, la soeur de Fizturgis) et un fils qui l'adore. Et peut-être commence-t-il à être un peu heureux d'ailleurs, sauf que le fils de Sarah rôde, Dennis est là pour lui gâcher la vie. Alors, nous l'avons déjà prouvé depuis longtemps, Finch n'est pas le père de l'année, il n'aime pas Dennis tout simplement, le gamin se cramponne trop et lui rappelle inexorablemment sa mère. Finch ne cesse de le repousser comme on chasse un moustique gênant, d'un geste de la main et avec mépris et parfois méchanceté, mais il y a Sylvia qui souhaite se faire aimer de ce beau-fils. C'est évidemment peine perdue, Dennis n'est que jalousie pour tout ce qui s'approche de son père, Sylvia est l'ennemie numéro un ! Alors je vous passe les détails, mais moi comme ça, dans l'avenir de Dennis, je lis une jolie carrière de psychopathe. Cet enfant est atroce ! Sans blague, à quatorze ans, il laisse sa belle-mère hurler à l'agonie pendant des heures sans même appeler un médecin, et il part patiner tranquillement sur le ruisseau ? Ce n'est pas quelqu'un de normalement constitué ça, et il prend un malin plaisir à voir souffrir Sylvia... Il semble être pris de remords après, il refuse la communion, il fait des cauchemars, essaie de se confier... Mais à qui peut-il confier qu'il a laissé sa belle-mère mourir sans rien faire pour l'aider ? J'aurais presque pu croire à une rédemption possible, jusqu'à sa tentative de suicide calculée pour regagner le coeur de son père... Non, cet enfant sera toujours manipulateur, planquez Ernest !!!! Oui parce qu'avant de mourir, Sylvia a mis au monde un charmant petit garçon qui fait le bonheur de la famille de Piers. Finch refuse de le voir, à la fin du livre, le gosse à six mois et son père ne l'a encore jamais vu, même pas sûre qu'il sache quels prénoms on lui a donné. On aurait pu croire que comme tous les enfants sans parents (ou avec parents démissionnaires), Ernest allait être confié à Renny, eh bien non, Alayne se rebelle, elle en a marre d'accueillir les chiards de tout le monde et voudrait pouvoir vivre tranquille, merci bien. C'est donc Piers et Pheasant qui s'occupent du bébé, et c'est parfait ainsi. Piers et Pheasant sont vraiment le meilleur couple de cette saga selon moi, ils ont eu quatre enfants et s'aiment toujours autant, alors le fils de Finch ? Eh bien ils s'en occupent comme si c'était leur petit cinquième et semblent lui donner tout l'amour que Finch n'est pas capable de lui offrir. M'est avis qu'Ernest devrait rester là où il est, plutôt que d'être remis à son père qui lui en veut de la mort de sa mère (alors qu'en fait, c'est plutôt le fils aîné qui est responsable) et ne saura probablement ni s'en occuper, ni l'aimer. En plus il y a toujours le risque de se voir étrangler dans son sommeil par le frère psychopathe. Non, reste chez Piers mon petit, vraiment. Je me demande comment cette situation-là aurait évolué s'il y avait eu une suite... Finch envisage un temps de se débarrasser de son aîné en Irlande (qui est manifestement comme la Finlande de AB production, on y envoie les personnages qui doivent disparaître, ou en tout cas dans Jalna : les enfants que l'on aime pas), mais le projet tombe à l'eau, et Finch se sent un peu démuni face à Dennis, "Il va son méchant petit bonhomme de chemin, sans égard pour ce que je désire. Il a l'air bien innocent... pourtant, parfois, je crois qu'au fond il est vicieux." Un vrai bon point à Piers dans cette histoire en revanche, je crois qu'il ne voit aucune objection à garder Ernest chez lui et à l'élever comme le sien, on voit qu'il l'aime déjà. Pourtant, à plusieurs reprises, il essaie d'amener Finch à son bébé, il tente de créer du lien entre eux deux. On est en 1954 et la psychologie du bébé n'est pas encore très poussée, malgré ça Piers fait de son mieux pour que Finch "reconnaisse" son fils, sans le presser, avec beaucoup de douceur, je trouve ça vraiment touchant, même si à chaque fois Finch se dérobe. Ca me rappelle l'époque de la dépression de Finch, quand il se cachait dans sa chambre ne voulant voir personne, et que c'était Piers qui avait réussit à le faire s'habiller et sortir dehors. Après les moqueries de leur adolescence, Piers aura finalement une bonne influence sur son petit frère, ils ont une chouette relation ces deux-là, même s'ils ne se comprennent pas toujours, en tout cas Piers fait du bien à Finch, avec ses deux pieds solidement ancrés sur terre.

Dans les notes diverses de ce volume, on remarque que Renny offre en cadeau de baptême au petit Ernest, le livre sur Shakespeare que le vieil oncle Ernest n'a jamais fini après y avoir passé sa vie. Sûrement d'un ennui mortel, merci Oncle Renny, vraiment il ne fallait pas. On note également que Dennis s'affiche à plusieurs reprises misogyne, il déteste les femmes qui sont d'après lui des vaches. Bon, il déteste tout ce qui n'est pas son père cela dit... Vraiment flippant ce gosse je vous dis. L'auteur mentionne lors du bal du centenaire de Jalna que les invités comprennent "quelques descendants de familles qui avaient été importantes dans la province en son temps mais dont on n'entendait plus que rarement les noms à présent." Alors moi j'ai bien suivi tout, et j'aurais bien voulu savoir de qui on parlait en revanche ! Parce que les Vaughan sont devenus des Whiteoak, les Busby sont portés disparus depuis près de 80 ans, les soeurs Lacey vieilles filles ont déménagé en Californie, les descendants du Dr Ramsay sont Renny et Meg, et on ne parle clairement pas de Wilmott. Alors de qui parle-t-ton ? Les enfants de Vera Lacey ? Les Busby sont revenus ? Qui, mais qui ? Pardon, je m'emballe. Ah, et également pendant cette fête, Archer signale que Dennis ne peut pas rester dormir à Jalna car la maison est complète. Je répète, la maison est complète ! Alors qu'elle abrite Renny, Alayne, Adeline, Archer, Maurice et Pat Crawshay... Six personnes. Je me demande si ce n'est pas une blague au-delà de la tombe que l'auteur me fait personnellement. Rappelons que cette baraque est élastique et qu'à la grande époque elle logeait quelque chose comme 9 adultes et 4 enfants. Bref.

 

Pour conclure, quelques petites citations de cet ultime volume :

"On dirait que Jalna est un duché au lieu d'une simple ferme de l'Ontario" Ma pauvre Pheasant, qui s'insurge que Renny décide de la vie de ses fils...

"Renny les rejoignit et envoya une bouffée de la fumée de sa cigarette sur le visage du bébé qui émit un petit éternuement" Oh, so politically incorrect en 2021 !

"Tu devrais faire provision de sommeil avant de bambocher à Oxford et à Paris." Ah, ça c'est très 2021 en revanche de bambocher

"Je n'ai jamais aimé les arbres. Ils prennent trop de place au-dessus et au-dessous." Mon pauvre Archer, si ton père t'entendait... Renny qui a failli lever une révolution pour deux malheureux arbres du domaines qui devaient être coupés. Le fils est bien différent du père.

"Cette famille a été la structure de toutes nos existences. Nous n'y pensons pas. Elle est comme l'air que nous respirons." Cette phrase d'Archer aurait conclu merveilleusement la saga.

 

Voilà, au revoir les Whiteoaks...

 

18 mars 2021

Beck Albertalli - Leah à contretemps / Love, Creekwood

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Moi, c’est Leah. Leah Burke. (Semi-)pro de la batterie. Gribouilleuse clandestine. Meilleure amie du choubidou du lycée, mon  best bro, le démolisseur d’Oreos, j’ai nommé  : Simon Spier. C’est notre année de terminale, la dernière ligne droite avant la fac. Alors, forcément, tout part en vrille.  Le couple insubmersible formé par Abby et Nick est en train de prendre l’eau. Je me suis fâchée avec des filles que je connais depuis la maternelle. Et plus le temps passe, plus j’ai l’(affreuse) impression que notre pote Garrett veut sortir avec moi. Il est mignon. Adorable. Prévenant. Le genre de mecs que n’importe qui aimerait avoir comme cavalier au bal du lycée.  Mais pas moi. Ah oui, je ne vous l’ai pas dit  ? Paraît que j’adore me compliquer la vie.


 

Voilà plus d’un an que Simon et Blue sont passés du flirt anonyme en ligne à la relation IRL, et quelques mois à peine se sont écoulés depuis ce sacré bal de terminale qu’Abby et Leah ne sont pas près d’oublier. À présent éparpillée dans différentes facs de la côte est, la petite bande de Creekwood doit apprendre à naviguer entre amitié et romance, en renouant avec le médium par lequel tout a commencé  : l’e-mail.


 

Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a presque exactement un an, je découvrais "Love, Simon" et je tombais amoureuse de ce petit chamallow de littérature jeunesse. Complètement feel-good, je recommande si vous ne l'avez pas lu ! J'avais vaguement vu qu'il existait un tome 2 se concentrant sur la meilleure copine Leah, mais elle m'intéressait moins et j'ai passé. En revanche, j'ai regardé la série "Love, Victor" qui se passe dans le même univers, et j'ai bien vu la filiation avec le livre-mère. Et puisqu'on en est aux recommandations télévisuelles, si vous avez aimé ce livre, je ne saurais que trop vous conseiller le film "The thing about Harry", qui est à mon humble avis l'enfant illégitime de "Love, Simon" et "Quand Harry rencontre Sally", tout un programme, j'ai adoré !

Bref, la semaine dernière j'ai découvert le tome 3 de "Love, Simon" et je n'ai pas résisté. Je vais vous reviewer en même temps "Leah à contretemps" et "Love, Creekwood", car leurs lectures se sont entrelacées pour moi. J'ai commencé Creekwood, avant de me rendre compte qu'il me manquait des données, j'ai donc lu Leah après avoir commencé Creekwood, et j'ai fini Creekwood dans les heures qui ont suivi la fin de ma lecture de Leah. Si vous vous êtes perdus,  c'est un peu normal, enfin bref, j'ai tout mélangé !

J'ai bien aimé "Leah à contretemps", retrouver toute la petite bande du lycée. J'avais une préférence pour le personnage de Simon, mais Leah m'a eu lorsqu'elle a déclaré être la Rory Gilmore des Serpentards, j'aime ses références ! Alors que Love, Simon s'intéressait à une histoire d'amour naissante anonyme, là nous avons plutôt une histoire d'amour avortée et impossible, mais toujours aussi LGBT. Alors forcément, Leah est triste, elle se morfond dans son côté dark and twisty, et elle ne sait pas comment en parler à ses amis. Et puis c'est la dernière année de lycée, et c'est comme si tout à coup tout lui échappait, alors Leah essaie de fuir tout ça, de se cacher dans un coin. Heureusement, Simon, Abby et Garrett sont là et ne la lâchent pas. Il semblerait même que Leah se cherche une robe pour aller au bal de promo, pour une nerd un peu associale, c'est une surprise ! Le premier tome était plus lumineux, mais j'ai tout de même passé un bon moment. Evidemment, il n'y a pas gros suspens pour la fin, nous voyons arriver depuis le début ce que Leah n'arrive pas à voir. L'amitié qui les lie tous est toujours aussi touchante, même si ce second tome est clairement moins entraînant que le premier, je ne regrette pourtant pas de l'avoir lu.

Je crois avoir préféré "Love, Creekwood", même si sa forme est un peu frustrante. Toute la petite bande est partie à l'université, loin les uns des autres, et nous assistons là à leurs échanges d'email. J'adore l'idée, je l'aimais déjà dans "Love, Simon", mais ça se lit trop vite, et ça manque de quelques passages de récit... J'ai tout de même été ravie de voir Simon repasser au premier plan, j'adore ce personnage. Tous les autres sont là également, Bram, Leah, Abby, Nick, Garrett, même Taylor ! Mention spéciale pour les quelques emails groupés que la bande s'envoie, des tranches de rires leurs discussions ! J'ai préféré Leah dans ce troisième tome, parce que je trouve qu'elle devient plus percutante face à l'optimisme de son ami Simon, cette dualité la met en valeur. Elle est incisive et n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat. A côté de ça, Simon et Bram restent dans leur univers cotnneux un peu barbe à Papa, c'est tout doux, ça pourrait être mièvre mais ça ne l'est pas. C'est juste mignon, surtout quand c'est contrebalancé par Leah et Abby, deux styles totalement différents. J'ai été déçue de tourner la dernière page de ce livre... Je suis sûre qu'il y aurait encore plein de choses à dire avec cette petite bande, mais j'ai comme l'impression que l'auteur en a fini avec eux, dommage !

31 décembre 2020

Fred Vargas - Pars vite et reviens tard

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On l’a peint soigneusement sur les treize portes d’un immeuble, dans le 18e arrondissement de Paris : un grand 4 noir, inversé, à la base élargie. En dessous, trois lettres : CLT. Le commissaire Adamsberg les photographie, et hésite : simple graffiti, ou menace ?

À l’autre bout de la ville, Joss, l’ancien marin breton devenu crieur de nouvelles est perplexe. Depuis trois semaines, une main glisse à la nuit d’incompréhensibles missives dans sa boîte à messages. Un amuseur ? Un cinglé ? Son ancêtre murmure à son oreille : "Fais gaffe à toi, Joss. Il n’y a pas que du beau dans la tête de l’homme."


 

Je crois que c'est le premier "Adamsberg" que j'ai lu, il y a une grosse dizaine d'années. Ce n'est pas le premier chronologiquement parlant, mais c'est là que naît la brigade. Dans les deux précédents, il n'y a qu'Adamsberg et Danglard, travaillant dans un commissariat de quartier. Ici, Adamsberg est nommé à la tête de la brigade criminelle dans le 13e, il emmène Danglard et ses valises, dans ses valises il y a Camille. A part ça, on repart à peu près de zéro. Les locaux sont neufs, les logiciels ne marchent pas encore très bien, on n'a pas posé de barreaux sur toutes les fenêtres, les cellules sont encore vierges de criminels. Quelque part, c'est ici que tout commence. Fred Vargas y esquisse des portraits de lieutenants, brigadiers, qui semblent encore un peu interchangeables, mais que nous allons apprendre à connaître avec Adamsberg, au fil des livres. Il y a Retancourt, qui court plus vite qu'Estalère, Estalère, à qui on n'a pas encore confié la mission de faire parfaitement les cafés de la brigade, Favre et ses commentaires tendancieux, et puis Justin, Voisennet, Mordent, Noël, même la Boule qui ne dort pas encore sur la photocopieuse. Tout est là, au stade embryologique et ne demande que du temps et des pages pour se développer.

Le récit met du temps à se tourner vers la brigade d'ailleurs, elle est occupée à être en travaux, elle tarde un peu à prendre du service. Alors on commence par le Crieur de Montparnasse et on s'attarde un peu sur les clients du Viking. Joss, un breton échoué à Paris a remis au goût du jour le métier de Crieur, et c'est toute une vie de quartier qui s'organise autour de ces criées, de messages d'amour à des livraisons de carottes, Joss déclame un peu de tout, selon ce qu'on lui fournit. Même des textes anciens sans queue ni tête, et évidemment, c'est là que ça va devenir l'affaire de la police, car ces messages qui détonnent ne sont pas vraiment inoffensifs. J'ai bien aimé, comme toujours, cette galerie de personnages que l'auteur nous fournit, tous hauts en couleurs, tous valant le détour, chacun avec ses petits secrets, ses cadavres dans le placard. Et pourtant, j'ai parfois eu hâte que ça avance, qu'on quitte un peu le quartier Edgar Quinet et qu'on aille s'accrocher aux semelles du commissaire, il m'a manqué pendant ces premiers chapitres qui posent le décor. Et puis au fur et à mesure que les choses se mettent en place, quand il devient évident qu'il ne s'agit plus seulement que de messages alambiqués, que le lien se fait avec ces curieux immeubles qui se retrouvent tagués de 4 à l'envers sur chacune de leurs portes, la caméra va s'éloigner de Joss Le Guern, le Crieur, et ne va plus guère quitter la brigade. Il s'agit bel et bien d'une affaire criminelles et plus seulement d'une intuition fumeuse d'un commissaire qui s'ennuie, on a un corps sur les bras !

J'avais oublié qu'on retrouvait brièvements les Evangélistes dans ce livre. J'avoue avoir un un grand sourire quand j'ai lu qu'Adamsberg allait parler à Saint-Marc, l'impression de tomber par hasard sur un vieil ami. J'aurais presque pu, à travers les pages, lui taper dans le dos et lui dire "Comment tu vas ? Ca fait longtemps que je ne t'ai pas vu !". Oui, c'est le genre de relation que j'ai avec les personnages de mes romans préférés. J'ai fait pareil lorsque Saint-Mathieu est apparu, au détour d'une page de "Quand sort la recluse". Les Evangélistes... C'est par eux que j'ai découvert Fred Vargas et je ne le regrette pas. Bref, on retrouve Marc, parce que le récit fait écho au moyen-âge, il y a toujours une part d'Histoire dans ces romans, on apparend forcément quelque chose, ça me plaît. Car figurez-vous que la rumeur court que le tueur auquel nous avons affaire tue par la Peste. Oui, la Peste rien que ça, maladie éradiquée depuis 1920... Je ne vous en dirai pas plus, à part que c'est là que Marc Vandoosler, médiéviste-femme-de-ménage va nous apporter ses lumières à plusieurs reprises. L'enquête a ce qu'il faut d'insolite, d'inextricable et de romanesque, du classique qui fonctionne bien avec cette autrice.

Et puis il y a Camille. Si nous sommes sur la naissance de la Brigade dans ce livre, je ne vous cache pas que nous arrivons plutôt sur la fin de l'histoire avec Camille. Il faudra revenir en arrière pour voir étayer ce personnage, qui là semble plutôt sur un quai qui s'en va. Elle n'est pas encore partie-partie, mais elle n'est pas non plus sur la bonne pente. je crois que Camille fait partie des débuts des enquêtes d'Adamsberg, leur mythologie à tous les deux s'est construite jusqu'à ce tome-là. On la reverra, mais pas assez à mon goût. J'attends toujours d'avoir de ses nouvelles dans les dernières enquêtes, savoir si elle a fini par trouver l'homme aux labradors... Dans le suivant "Sous les vents de Neptune", on tournera vraiment cette page. Sans aucun rapport, on retrouvera aussi Clémentine, découverte dans ce livre-là. J'aime les personnages filés sur plusieurs tomes. Je crois qu'à partir de Pars vite et Reviens tard, il est bon pour la narration de lire les livres dans leur ordre chronologique, sous peine de se voir voler le suspens de certaines intrigues. Mais commencer les Adamsberg par celui-ci, et non par "L'homme aux cercles bleus" me paraît vraiment une bonne idée, parce que les enquêtes d'Adamsberg ne sont pas tout à fait les mêmes sans toute sa brigade.

29 décembre 2020

Nadine Debertolis - La maison aux 36 clés

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Dimitri et Tessa partent à l'improviste en vacances avec leur mère. Elle a décidé de retourner se changer les idées dans la maison d’un grand-oncle décédé. A peine arrivés, Dimitri et Tessa se retrouvent face à plein de portes fermées, un trousseau de 36 clés et autant de mystères à résoudre. Tandis que leur mère se plonge dans des rangements et des nettoyages insensés, et se mure dans un silence bougon, ensemble, ils décident d’ouvrir leurs premières serrures pour découvrir le secret de ce manoir démesuré. Qui était vraiment ce grand-oncle mystérieux, mais surtout, que fabriquait-il dans sa grande maison ? De porte en porte, les enfants, bientôt rejoints par Daphné, une petite voisine, vont ouvrir les différentes pièces les unes après les autres et assembler les indices afin de reconstruire le puzzle. Grâce à leur perspicacité, la maison dévoile peu à peu son mystère si longtemps caché...


 

j'ai acheté ce livre pour mon neveu de onze ans, évidemment j'en ai profité pour le lire. Encore une fois j'ai été séduite par cette jolie couverture, aaaah ça marche bien le marketing ! Mais le reste suit plutôt pas mal, ne vous méprennez pas. Je lis encore régulièrement de la littérature jeunesse, mais souvent plus des livres destinés aux ados qu'aux enfants plus jeunes, celui-ci est donc un peu plus enfantin que ce que j'ai l'habitude de lire. Il fait parfaitement le job, comme disent nos amis québécois. Des gamins en vacances, une vieille maison de famille poussiéreuse pleine de curiosités et de mystères à découvrir, les ingrédients d'une bonne histoire sont tous là ! Ca m'a rappelé un peu quelques livres de mon enfance, notament "Rue de la Poste aux chevaux", un vieux Signe de Piste de mon père qui racontait l'histoire de cousins en vacances, qui cherchaient un trésor dans la maison familiale. Le concept est bon, ça fonctionne toujours. Sans rien spoiler de la fin, je dirais juste qu'il manque une explication au fait que l'Oncle Eustache ait ainsi fait un vrai jeu de piste pour trouver les clés, c'est amusant, ça arrange le récit, mais ce n'est pas très logique. Evidemment la mère fait aussi beaucoup de rétention d'informations sous des prétextes fallacieux, mais il ne faut pas tout révéler trop vite. J'ai par contre beaucoup aimé la résolution de l'énigme, et la jolie leçon de vie qui va avec. Peut-être que les enfants en seront déçus ? Je ne sais pas, j'attendrai que mon neveu l'ait lu pour savoir, mais d'un regard adulte, c'est parfait.

Un joli livre qui tient en haleine et se laisse lire très vite, avec une douce "morale" à la fin. Les protagonistes sont des enfants de 10 et 12 ans, je le conseille aux jeunes lecteurs de cet âge, sans hésitation !

 

15 décembre 2020

Fred Vargas - Temps glaciaires

9782081360440

 

Le printemps s'annonça par un triolet de suicides. Une même signature laissée près des victimes, un étrange symbole en forme de guillotine. Pour le commissaire Adamsberg et ses adjoints Danglard et Retancourt, c'est le début d'une enquête débridée qui les conduira des arcanes d'une étrange société, férue des écrits de Robespierre, aux terres lointaines et embrumées d'Islande. Entre polar historique, tragédie et conte fantastique, Fred Vargas maîtrise à merveille le subtil équilibre des genres pour créer le sien, inimitable.

 


 

J'ai tout un tas de livres qui ont l'air passionnants et m'attendent dans mon étagère, et pourtant, je passe la moitié de mon temps à relire de vieux livres... Allez comprendre ! J'ai refait une plongée dans mes Fred Vargas, le commissaire Adamsberg me manque... Ce tome-ci, il s'agit de l'avant-dernier, sorti il y a cinq ans, que je me rappelais avoir beaucoup aimé. Bien plus que les deux précédents, que j'avais trouvés un peu moins bons.

L'enquête est bonne, on se fait balader entre la révolution française et les volcans islandais, c'est varié. Danglard peut étaler un peu ses connaissances sur Robespierre, Danton, Sanson, Desmoulins, et Adamsberg peut aller flâner dans la brume, chacun son truc. Comme souvent, il est difficile pour le lecteur de devancer Adamsberg dans la résolution de l'intrigue, moi ça ne me gêne pas, j'aime qu'on me surprenne. Je ne lis pas les Vargas pour deviner qui est le meurtrier, je les lis pour être emmenée dans les histoires à tiroirs des victimes/témoins, dans le sordide et souvent malheureusement très vraisemblable secret des chaumières, et pour observer la brigade se débattre avec tout ça. Cette fois, le crime nous entraîne au Creux, un endroit entre deux villages dont personne ne veut, avec son auberge chaleureuse et ses savoureuses pommes paillassons, avec Céleste la vieille protégée par son sanglier de compagnie, et la famille Masfaurée, ou du moins ce qu'il en reste, pleine de secrets. Puis en plein Paris, à l'association d'étude des écrits de Robespierre, où se rejouent en costumes avec 700 personnes anonymes chaque semaine, les assemblées de la révolution. Saut dans le temps. Au milieu de tout ça, quatre suicidés assassinés et une pelote d'algues. L'enquête fait du surplace et la brigade se désolidarise de son commissaire dont l'esprit vagabonde un peu trop loin.

On retrouve donc Adamsberg, assez seul finalement. Zerk, son fils aîné fait de la figuration, il fait à dîner surtout et acte de présence chaque soir, il n'est guère locace, comme son père. Le petit Tom est à peine mentionné, sans parler de sa mère. Lucio le voisin est toujours bien présent, mais j'ai trouvé ses interventions un peu répétitives, oui on le sait ça gratte Adamsberg, il faut qu'il aille finir de gratter sa piqûre, on a compris. Pourtant je l'aime bien Lucio, mais j'ai trouvé qu'il tournait en disque rayé. Les fidèles Rétancourt et Danglard lâchent un peu leur commissaire, ils refusent de le suivre dans son idée fixe de découvrir les secrets du Creux jusqu'en Islande. Danglard d'ailleurs se détache complètement, sans prendre de nouvelles, alors que Rétancourt ne cautionne pas, mais accompagne tout de même Adamsberg sur l'île, incapable de le laisser partir seul après l'Afturganga. On dirait que depuis "Sous les vents de Neptune" c'est une nécessité pour Rétancourt de protéger Adamsberg. Il n'y a bien que Veyrenc qui suit son commissaire jusqu'au bout, sans rechigner. Je l'aime bien Veyrenc, il s'est fait sa place dans la brigade depuis quelques tomes, sûrement un peu au détriment de Danglard. Il est presque de la famille pour Adamsberg, taillé dans la même montagne, ils ont grandi dans le même village, l'un est l'oncle du fils de l'autre... Le sénateur romain et le Pelleteur de nuages font une bonne équipe. Ah, ils vont tous s'en mordre les doigts, ceux qui ont lâché le commissaire, quand il va résoudre seul cette enquête tortueuse.

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