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Lucile in the sky

10 avril 2020

Marc Levy - Vous revoir

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Je ne serai plus jamais seul puisque tu existes quelque part.

Si la vie leur offrait une seconde chance, sauraient-ils prendre tous les risques pour la saisir ? Quatre ans après leur première rencontre, le hasard réunit à nouveau Arthur et Lauren, les deux héros inoubliables de Et si c'était vrai...

Marc Levy retrouve les personnages de son premier roman et nous entraîne dans une nouvelle aventure, faite d'humour et d'imprévus.


 

J'ai lu ces deux romans il y a quinze ans, et j'avais passé un très bon moment. Le confinement aidant, j'ai eu envie de les reprendre tous les deux. J'ai relu très vite, presque en diagonale "Et si c'était vrai", c'était chouette mais ne valait pas tellement la relecture à mon humble avis. J'ai en revanche beaucoup plus apprécié "Vous revoir". Si ma mémoire ne me trompe pas, à l'époque c'est la quatrième de couverture et sa citation "Elle était comme une promesse que la vie n'a pas tenu. Moi je tiens toujours mes promesses." qui m'avait intriguée, et donner envie de lire ces deux livres.

Je crois que ce que je préfère ce sont les histoires d'amours de gens qui se ratent. Ne cherchez pas ce que ça dit de moi, je n'ai pas besoin d'une psychanalyse ! Mais je trouve que ce sont les plus belles, surtout si les personnages se trouvent à la fin, et s'ils ne se trouvent pas tant pis ! Un livre de ce genre que j'ai absolument adoré est "Un jour" de David Nicholls, gros coup de foudre pour ce bouquin. Bref. Dans "Vous revoir", on retrouve Arthur qui essaie de continuer à vivre sans vie sans Lauren. Il a fuit sur un autre continent, et puis il a fini par revenir, les souvenirs sont dans la tête, ils vous suivent où que vous alliez. Lauren, elle, n'a aucun souvenir de lui et il la laisse vivre la vie qu'elle doit vivre sans lui, c'est mieux pour elle et il le sait. On le retrouve quand il rentre à San Francisco après quelques années à Paris, il retrouve son fidèle Paul, l'ami de toujours. Mention spéciale pour Paul, qui se retrouve toujours malgré lui dans des situations rocambolesques avec ces deux-là. Mais il n'y a pas meilleur ami que lui, il sauve même la vie d'Arthur avec force entêtement et un peu d'illégalité, entraînant Lauren dans l'affaire. A partir de là, nos deux protagonistes ne sont plus séparés, mais ils ont entre eux ce lourd secret, Lauren ne sait pas ce qu'ils ont vécu ensemble et pourtant elle tombe amoureuse tout doucement. Arthur, lui, ne veut rien lui dire et se contente d'aimer chaque moment qu'il passe auprès d'elle. On attend résolument que Lauren retrouve la mémoire, ou un déclic, quelque chose.

J'ai beaucoup aimé qu'on apprenne à connaître Lauren dans ce volume, une nana qui sait ce qu'elle veut, intelligente et têtue. Un petit côté Bridget Jones en plus brillante. J'ai adoré ses relations avec ses collègues, l'infirmière en chef qui veille sur elle, son mentor qui joue un peu le rôle de père et l'éduque à être le meilleur médecin possible. Et puis elle m'az fait rire Lauren, avec sa fête du crabe et son entaille au pied. J'ai beaucoup aimé ce personnage, vraiment ! Arthur était plus mélancolique que dans le premier opus, pas pour me déplaire non plus. J'ai aimé sa camaraderie avec sa vieille voisine fan de films de Kung Fu. Ce sont les touches d'humour qui font le charme de ce livre. Et puis ce slow burn entre Arthur et Lauren évidemment. Paul aussi, il est la troisième roue du carosse comme toujours, mais cette histoire ne serait pas la même sans lui. Sans parler de retrouver Pilguez et Nathalia ! Tous ces petits clins d'oeil au premier opus, ces situations renversées, ça agace certains, de mon  côté ça m'a amusée ! J'ai lu pas mal de Marc Levy au cours des années, avec plus ou moins d'intérêt, en refermant ce livre je serais tentée de dire "C'est mon Levy préféré" mais je me rappelle avoir véritablement adoré "Où es-tu" du même auteur. Encore une histoire de gens qui se ratent. Peut-être que je le relirai aussi.

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8 avril 2020

Pierre Lemaître - Trois jours et une vie

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« à la fin de décembre 1999, une surprenante série d'événements tragiques s'abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien... »


 

J'ai vu passer ce pitch sur le résumé d'un film en VOD un soir où je m'ennuyais. J'allais le lancer parce que je suis un peu friande de ces histoires macabres de disparition d'enfants et de meurtres non résolus, chacun ses problèmes hein, et puis j'ai vu que c'était l'adaptation d'un livre de Pierre Lemaître. Comme j'aime bien cet auteur, enfin disons plutôt que j'ai lu un livre de lui qui m'a plu, j'ai préféré aller mettre le livre dans ma liseuse, et zou ! Je l'ai lu en deux soirs. 

Pierre Lemaître retranscrit avec brio l'ambiance d'une petite ville ouvrière dans les années 90, et ces longs moments d'ennui de l'enfance. C'est l'hiver, il fait froid et le temps est épouvantable. Ce sont les vacances de Noël et le petit Antoine vit seul avec sa mère, il n'a pas le droit d'aller jouer à la playstation avec les autres gamins de sa classe, il s'ennuie et va jouer seul dans les bois. L'univers d'Antoine c'est ce village et ses habitants tous un peu malaimables, tous liés entre eux d'une manière ou d'une autre. On sent un enfant très seul qui n'a pas vraiment d'ami, à part une petite fille de sa classe qui en pince pour son pire ennemi, le chien des voisins et leur petit garçon de six ans qui le suit à la trace. La vie d'Antoine est banale et n'est pas très fun. Jusqu'à ce jour où elle bascule dans le "franchement horrible" et on va suivre par tranches de vie Antoine jusqu'à l'âge adulte, en se demandant comment il pourrait se relever de tout ça. Cette histoire est un drame psychologique, on s'attache à Antoine, mais on se rend bien compte à quel point la situation est inextricable pour lui.

<ATTENTION SPOILERS>

Un jour donc, Antoine joue dans le bois, de mauvaise humeur, et dans un mouvement d'humeur, il donne un coup fatal à Rémi, son petit voisin. C'est un accident bien sûr, mais il réalise tout de suite ce que ça implique pour lui, pour sa mère. Alors il prend la décision de cacher le corps. S'en suit une enquête de police où l'on connaît le meurtrier, on attend que l'étau se resserre, et ça va arriver, mais pas de la manière qu'on attend. Une battue est organisée par les gens du village pour retrouver le petit garçon, mais la fameuse tempête de 99 arrive et dévaste tout. Plus personne n'a alors le temps de s'occuper de retrouver ce gosse disparu, sûrement mort. Antoine peut respirer à nouveau, en théorie. Car le narrateur va être tourmenté à vie par ce secret, aucune vie normale n'est possible pour lui, ce secret est trop lourd, il manque de le livrer plusieurs fois. On sent que peut-être certains adultes ont compris mais le protègent, et pourtant, aucun ne l'aide à soulager sa conscience. 

Les années passent et on se dit qu'Antoine ne sera jamais confondu, les preuves s'effacent, comment remonter jusqu'à lui ? Antoine a grandi mais reste avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, toujours prêt à fuir. Et puis vient ce moment où le squelette est exhumé, on découvre son identité et l'ADN parle. La tension est franchement palpable du côté d'Antoine qui suit tout ça derrière son écran de télévision. Au final, Antoine ne va pas être inquiété, le meurtre du petit Rémi restera irrésolu et Antoine sera pris au piège d'une autre manière. Ce drame a bouleversé la vie de l'enfant et j'ai oscillé tout le roman entre le désir de voir sa culpabilité dénoncée, pour soulager sa conscience, et celle de le voir s'en sortir sans être soupçonné. Mais évidemment, d'aucune manière il ne pouvait s'en sortir, il a flingué sa vie à douze ans avec un bout de bois. A partir de là, plus aucune chance de vivre normalement.

Très bon livre, très prenant !

15 mars 2020

Marie-Aude Murail - Sauveur et fils, saison 4

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« Je me garde une marge de surprise dans l’écriture de mes romans. Sauveur laisse ses patients raconter des histoires qui ne sont pas celles que le lecteur attend. Ni moi non plus. En ouvrant la porte de la salle d’attente, je ne savais pas ce que contenait le gros sac en skaï que madame Naciri serre précieusement contre son coeur. Je ne me doutais pas que Jean-Jacques, l’hikikomori de 23 ans, finirait par sortir de sa chambre pour aller dans un café- philo, je ne pensais pas qu’Ella-Elliot, mon apprenti écrivain, mi-fille, mi-garçon, finirait par tant me ressembler. C’est tout le plaisir qu’il y a d’être à l’écoute… de ses personnages. Quant à Sauveur, j’ignorais ce qu’il adviendrait de sa vie privée. J’ai hésité comme lui-même, faisant avec Louise deux pas en avant, un pas en arrière. Peut-on parier sur un nouvel amour et reconstruire une famille après un drame intime ? »


Nous voilà de retour pour la suite des aventures de Sauveur et sa drôle de famille. Gabin fait désormais partie de la famille de façon définitive, rien n'est officiel, mais sa mère lui a laissé le champ libre, elle admet qu'il a trouvé plus de stabilité dans un autre foyer que le sien. Choix difficile mais salvateur pour l'adolescent qui n'a plus peur d'avoir à quitter son grenier, son chez-lui. Il est à sa place chez Sauveur, le grand frère de la smala, l'ami de Jovo. J'aime beaucoup Gabin, j'espère qu'il va trouver son chemin hors de son grenier et de ses vidéos de cochons d'inde. Alice est toujours cette ado contradictoire, mais elle admet, au moins à elle-même, qu'elle aime le foyer que sa mère et Sauveur sont en train de construire. A mesure que son père la déçoit, elle trouve un support en Sauveur. J'aime beaucoup la relation que Sauveur a avec tous ces jeunes, pas de grands discours, juste la phrase qui va bien pour les rassurer quand il faut, avec la sagesse de son métier et ce calme qui est tout à lui. C'est le bazar chez Sauveur, rien n'est conventionnel dans sa maison, et pourtant il est ce roc pour tous les autres, même si ce n'est pas toujours facile pour lui. Louise devient une vraie partenaire pour lui, les doutes s'envolent, ils semblent prêts à s'engager, à être là l'un pour l'autre, à se faire confiance. Lazare et Paul grandissent, on sent qu'ils prennent des chemins différents, mais ils restent des amis inséparables. Que leur réserve l'adolescence et le partage officiel de leur chambre ? Et Jovo ? Jovo nous fait de belles frayeurs dans ce tome, le papy frondeur n'est plus tout jeune et le corps commence à lâcher. Mais à quoi ressemblerait cette maison de fous sans lui ? Ce serait beaucoup moins drôle de voir toute la petite équipée regarder The Walking Dead sans ses petits commentaires... Même Paul ne se cache plus sous le canapé pendant les épisodes.

Au cabinet, les soeurs Carrés sont toujours là. margaux semble aller mieux, mais va-t-elle supporter les premiers tourments amoureux ? Sauveur qui se retrouve sans le vouloir au milieu, va-t-il jouer les entremetteurs alors qu'il n'en a pas le droit ? Ella continue son petit bonhomme de chemin, épaulée par un père que l'on découvre de plus en plus fragile, mais si touchant avec sa fille... La vie n'est pas tellement plus facile pour Ella, mais elle fait front avec toute la force qui l'habite. Samuel lui, a arrêté sa thérapie, mais la continue un peu de manière officieuse en déjeunant chaque semaine avec Sauveur. Lui aussi doit faire face aux problèmes de son âge, la découverte de l'amour, et ce n'est pas très simple. On fait connaissance avec Mme Naciri et son fils aîné Solo. J'adore Mme Naciri, elle me fait toujours rire, elle est attachante, elle élève comme elle peut ses enfants en mère célibataire, abandonnée par deux fois par des maris volages, mais elle fait face ! Et son fils Solo essaie de gérer son jeune délinquant de frère et son job à la prison, avec pour guide la saga des Star Wars. Il y a aussi jean-Jacques, le grand adulescent qui ne sort plus de sa chambre et joue à des jeux vidéos toute la journée. Est-ce que Sauveur va finir par être plus fort que Call of Duty ? La petite Maïlys est là également, mais cette fois c'est plus son père qui a besoin de ces consultations.

Il ne me reste que le cinquième tome, qui j'espère ne sera pas le dernier ! Deux ans vont passer et j'ai hâte de voir où en sera la petite famille de Sauveur, fils, femme et beaux-enfants.

11 mars 2020

Marie-Aude Murail - Sauveur et fils, saison 3

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Au numéro 12 de la rue des Murlins, à Orléans, vit Sauveur Saint-Yves, un psychologue antillais de 40 ans, 1,90 mètre pour 80 kg. Dans son cabinet de thérapeute, Sauveur reçoit des cas étranges comme ce monsieur Kermartin qui pense que ses voisins du dessus ont installé une caméra de vidéosurveillance dans le plafond de sa chambre à coucher ou comme Gervaise Germain qui s'interdit de prononcer le son « mal » par crainte qu'il ne lui arrive un MALheur. Mais Sauveur reçoit surtout la souffrance ordinaire des enfants et des adolescents : Maïlys, 4 ans, qui se tape la tête contre les murs pour attirer l'attention de ses parents, Ella, 13 ans, cyberharcelée par ses camarades de classe, Gabin, 17 ans, qui ne va plus au lycée depuis qu'il passe ses nuits dans World of Warcraft, Margaux, 15 ans, qui en est à sa deuxième tentative de suicide ou sa soeur, Blandine, 12 ans, que son père aimerait mettre sous Ritaline pour la « calmer ».Sauveur peut-il les sauver ? Il n'a que le pouvoir de la parole. Il ne croit pas au Père Noël, mais il croit en l'être humain.


 

La famille de Sauveur Saint-Yves est tellement attachante que je n'ai pas tellement envie de m'en séparer. Bien, soit, j'enchaîne les tomes ! A tel point que j'ai parfois du mal à me rappeler exactement ce qui a lieu dans quel tome, j'avoue... J'en suis actuellement au cinquième, j'ai du retard dans les chroniques...

C'est toujours l'arche de Noé chez Sauveur, une famille recomposée très particulière. Comment réunir sous le même toit Sauveur, son fils Lazare, son fils de coeur Gabin, son Papy adopté de la légion Jovo, et la famille de Louise, Alice l'ado pleine de contradictions et le doux Paul, dans une maison ne comprennant que deux chambres ? C'est bien la problématique fil rouge de Sauveur et Louise. Eh bien on pousse les murs, on crée une chambre au grenier, on investit le bureau, la cave et le canapé de la véranda. Et comme si ce n'était pas assez, il y a aussi Wiener, ce pianiste tourmenté qui vient de temps à autres squatter un canapé. J'aime vraiment l'ambiance de leurs dimanches, les crêpes et cette famille faite de bric et de broc, la famille du sang et surtout celle du coeur. L'atmosphère qui règne au 12 rue des Murlins quand tout le monde y est réuni fait vraiment du bien. J'ai tourné les pages fébrilement de ce tome 3 en attendant de savoir si Gabin allait aller au funeste concert du Bataclan... Je ne vous dévoilerai pas la fin. Tout ce que je peux dire c'est que les événements tragiques du 13 novembre 2015 y sont bien traités, sans voyeurisme, sans les oublier non plus. Avec Louise, le rose bonbon du début laisse doucement place au quotidien, et les doutes s'installent. Y a t'il réellement de place dans la vie de Sauveur pour elle et ses enfants ? Car outre le problème du nombre de chambres dans la maison, Sauveur se laisse de plus en plus débordé par ses patients, jusqu'à Wiener qui vient prendre le petit-déjeuner chez lui.

Côté cabinet justement, on retrouve avec plaisir nos petits patients préférés. Samuel qui apprend à grandir, à se démarquer de sa mère abusive, à faire connaissance avec un père qui a de son côté pas mal de choses à régler. Les soeurs Carré répondent présentes, Blandine avec qui nous avons eu l'occasion de faire amplement connaissance dans le tome 2 et Margaux dans le tome 1. Mais celle qui se taille la part du lion cette fois c'est Ella, l'apprentie écrivain qui préfèrerait être un garçon. Dans ce tome le harcèlement scolaire et les dégâts des réseaux sociaux prennent toute leur place. Ah qu'elles sont cruelles les filles du collège... Et Ella a bien besoin de son thérapeute préféré pour passer ce cap. Et de son père aussi, qui se révèle devenir un soutien improbable, mais ô combien important. Puis vient Maylis, 4 ans, dont les parents sont complètement accros à leurs téléphones, et qui peine à exister dans leurs univers. Comme d'habitude, Sauveur et fils nous dresse un portrait des dérives de la société actuelle et soulève quelques questionnements. Alors, qu'est-ce que j'ai fait quand j'ai refermé le livre ? J'ai ouvert le suivant, cette série est addictive !

8 mars 2020

Au pays de Jalna

En octobre, je suis partie en vacances au Canada. Mon périple a commencé par le Québec, comme bon nombre de petits français, mais j'avais également très envie d'aller poser mes orteils au bord du lac Ontario. Si vous lisez ce blog, vous savez pourquoi... C'est quelque part au bord du lac Ontario que se situe Jalna. J'avais en tête la préface de Janet Erié "Il y a ce cadre, ce lac vaste comme une mer, ces vols de palombes qui planent sur la forêt à la façon d'un nuage, ce ruisseau grossi par la fonte des neiges, ces champs de pommiers en fleur, ces chevaux dans les prés et la senteur diverse des saisons." et partout, au long du road trip, je me demandais si ça aurait pu être là. Après de rapides recherches sur internet, on s'aperçoit que l'auteur s'est largement inspirée d'une maison dans laquelle elle a séjourné à Mississauga. Une maison historique, qui se visite désormais. Evidemment j'y ai été.

Sur les traces des Whiteoak, au commencement il y a le Québec. Enfin non, au commencement il y a l'Inde, Londres et le comté de Meath, mais tout ceci est sur un autre continent. Québec donc, la ville dans laquelle Philippe premier du nom hérite d'une petite maison rue Saint-Louis de son oncle Nicolas.

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On imagine facilement Adeline et Philippe en 1852, dans les rues du vieux Québec.

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J'ai très vite trouvé l'embouchure de la rue Saint-Louis, en plein quartier touristique. J'imaginais une petite ruelle un peu déserte et c'est ce que le début de cette rue fait croire. 

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La rue est en réalité très longue, large, pleine de commerces et aujourd'hui de circulation. j'ai eu un mal fou à faire des photos. J'ai cherché évidemment quelle pouvait être LA maison. Eh bien laissez-moi vous dire qu'il y en a une quinzaine qui pourraient être la première maison des Whiteoak au Canada.

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J'ai fini par décider que ce pourrait bien être l'une de ces deux-là. Il fallait bien choisir !

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Puis cap sur l'Ontario qui une bien vaste province. La maison qui aurait inspiré Jalna s'appelle Benares House et se situe à Mississauga, petite ville de banlieue proche de Toronto, au bord du lac Ontario. Le coin est aujourd'hui très citadin, et il est difficile d'imaginer cette maison au milieu de champs et de vergers. Pourtant la maison parle d'elle-même. C'est bien ce que décrit Mazo de la Roche dans ses livre... Ce style de maison est cependant assez courant dans ce coin de l'Ontario, la brique rouge, la maison carrée et les volets verts. J'en ai vu une certain nombre sur la route qui pourraient être ses soeurs. Mais Mazo a séjourné ici. Vous savez que je connais bien cette maison, je l'ai visitée de nombreuses fois en imagination, et je peux vous dire que celle-ci n'est pas identique. Elle est déjà bien plus petite. Il manque la chambre de Gran au rez-de-chaussée, le grenier où dort Finch et où se situe la nursery. Il n'y a que 3 chambres à Benares House, plus celle du domestique. A Jalna, il y en a entre 6 et 8 selon mes calculs. 

J'ai visité cette maison un jour où elle était fermée au public, ils installaient les décorations Harry Potter pour Halloween. Après avoir fait les yeux doux au personnel, mon amie et moi avaons finalement eu une visite privée. Les photos sont mauvaises car tous les volets étaient fermés, une partie des meubles avait été sortie des pièces, il faut un peu de travail d'imagination dans certaines pièces, mais j'avais l'impression de marcher dans une maison d'enfance... La maison est celle d'une famille canadienne qui a été remeublée comme en 1915.

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Nous entrons dans la maison par derrière et la première pièce est celle au fond à droite, c'est la salle à manger. Les pièces étaient toutes bien plus petites que dans mon imagination. Probablement plus petites aussi que dans l'imagination de l'auteur, car il me paraît difficile de placer toute la famille autour de la table. Le recul pour les photos était difficile à prendre.

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Cette pièce est celle devant la salle à manger, elle est située sur le devant de la maison dans la partie droite quand on fait face à la maison. J'imagine qu'il s'agit de la bibliothèque, mais la salle était presque entièrement dépouillée de ses meubles.

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Ici le salon, donc sur le devant de la maison à gauche. Derrière le salon se situe une petite chambre de domestique, on peut imaginer qu'à Jalna, la maison est un peu plus spacieuse et qu'à cet endroit il y a la grande chambre de Gran. Le salon donc, le fameux, là où prennent place les plus belles scènes familiales. Encore une fois, je pense que le salon de Jalna est un peu plus grand que celui-ci. Cette large famille ne tient pas ici.

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Dans un coin du salon, le piano. Le piano de Finch, et celui sur lequel une des soeurs Lacey joue pour Philippe deuxième du nom et Mary Wakefield qui dansent seuls dans le salon. Non il n'y a pas la place de faire une soirée dansante dans cette maison.

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Là, j'ai exactement reconnu "mon" Jalna. Le hall d'entrée avec l'escalier et le poêle. Ils sont comme je les voyais, tout à fait ! Il ne manquait que les chiens de Renny couchés sous le poêle et Alayne, qui râlait parce que les enfants collaient leurs petites mains poisseuses sur le papier peint de l'escalier.

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A l'étage la chambre d'enfant, qui se situe au deuxième dans le livre. J'ai beaucoup aimé ce lit de bébé à l'ancienne et l'ambiance de cette chambre. J'imaginais Adeline et Roma dedans. Quand Adeline se réveille tôt et qu'elle va passer sa main entre les barreaux, pour toucher les cheveux de sa cousine qui essaie de dormir encore.

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Voici une première chambre adulte. Elle est très simple et pourrait être celle d'un des oncles. Le matériel de toilette est là, en revanche cette maison en 1915 possédait déjà une salle de bain avec baignoire et eau courante à l'étage.

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Encore une chambre similaire et relativement simple, qu'on pourrait imaginer être celle de Renny. Historiquement les portes en bois sont faits pour être ouverts et former une grande pièce si la famille voulait donner un bal. La pièce de l'autre côté de ces portes est une chambre de jeune fille. Il semble que la famille qui vivait là ne se soit jamais servi de ces chambres comme salle de réception. Dans Jalna les réceptions étaient toutes données au rez de chaussée.

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Cette chambre de jeune fille est plus richement décorée. Il me semble qu'elle doit ressembler à la chambre de Meg qui deviendra celle d'Alayne.

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Vient ensuite la visite du sous-col que j'ai beaucoup aimé. La vieille cuisinière qui servait à tout faire même à repasser le linge, très ingénieux. Les cuisines se trouvent intégralement dans un sous-sol qui est pourvu de petites fenêtre, et il me semble d'un escalier donnant sur le jardin. il y a également un cellier. Tout ceci est parfaitement ressemblant à ce qui décrit dans Jalna.

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La visite aurait pu se terminer par le jardin, j'aurais vraiment souhaité faire le tour de la maison, mais c'était compter sans ce coyotte qui avait décidé d'y rester... 

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Non loin de Benares House, se situe le Whiteoaks Park. J'ai bien aimé m'y promener et imaginer qu'il s'agissait là de ce qu'il restait des bois de Jalna, avec sa forêt et son ruisseau. 

 

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Et pour le plaisri, voilà quelques photos du lac Ontario à divers endroit. Il est bien vrai qu'il est vaste comme une mer. On peut facilement imaginer les jeunes Augusta, Nicolas et Ernest prenant un bateau pendant quelques jours en espérant atteindre les Etats-Unis de l'autre côté...

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Nous l'avons même vu bien agité ce grand lac !

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Et que serait Jalna sans ses vergers ? Ces pomes vermillons dans lesquelles Eden, Piers, Finch et Wake croquent à pleines dents, à peine cueillies sur l'arbre. Ces photos ne viennent pas de l'Ontario mais du Québec, j'ai eu encore beaucoup de pensées pour Jalna en me promenant dans les vergers canadiens.

 

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Et pour finir quelques petits clins d'oeil croisés au cours de ce road-trip. Il y en avait d'autres, comme Finch Street, mais je n'ai pas toujours dégainé l'appareil photo.

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Je crois qu'Augusta aimerait bien savoir qu'elle fait le croisement avec la rue de la Reine !

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Voilà, mon, voyage au pays des Whiteoak est terminé, j'espère que tout ceci vous aura plu !

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5 mars 2020

Marie-Aude Murail - Sauveur et fils, saison 2

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Côté jardin, Sauveur mène sa vie avec son fils Lazare, 9 ans et il a quelque espoir de reconstruire une famille avec Louise et ses deux enfants. Côté ville, Sauveur reçoit ses patients : Ella, qui se travestit en garçon, Blandine, qui se shoote aux bonbons, Samuel, qui ne se lave plus, etc. Mais n'oublions pas pour autant les autres espèces animales dans cette saison 2. Vivent les hamsters, les ouistitis, et en guest-star : Pépé le putois ! 


 

On retrouve avec plaisir tous les personnages de la première saison dans ce deuxième opus. Car oui, c'est bien comme une série qui revient pour sa deuxième saison. On attend de savoir si Sauveur va sauter le pas avec Mme Rocheteau, comment Margaux s'en sort après sa TS, si Ella veut vraiment devenir un garçons, comment vont les bébés hamsters de Mme Octavia... C'est un microcosme qu'a créé ici Marie-Aude Murail, avec toutes ces vies différentes et ces histoires qui s'entrecroisent dans le cabinet du psy.

Dans cette suite donc, on en retrouve certains, on en laisse d'autres, on en découvre de nouveaux. Ce n'est pas exactement "on prend les mêmes et on recommence". Dans sa vie privée déjà, Sauveur n'est plus le père célibataire de Lazare, qui héberge Gabin, ado de mère schizophrène. Non, chez Sauveur il y a maintenant aussi Louise Rocheteau, son fils Paul, le meilleur ami de Lazare, Alice sa fille, qui refuse de venir dormir chez Sauveur et qui fait front en copinant avec le nouvelle femme de son père. Et puis il y a aussi Mme Octavia, Sauvé et Bidule, l'armada de hamsters qui ne cesse de se reproduire en famille... Et comme si ce n'était pas suffisant, dans une maison qui compte deux chambres, s'ajoute Jovo, un vieux légionnaire à la rue qui vient squatter la cave. C'est l'arche de Noé chez les Saint-Yves. J'ai parfois eu des relents de Vargas et de la maison des évangélistes, et c'est un compliment ! Jovo et Gabin, ajouts un peu incrustés à la famille sont là parce qu'ils n'ont nulle part ailleurs où aller, et est-ce que ce n'est pas finalement la meilleure des raisons ? Ils ne prennent pas de place, l'un sur un matelas à même le sol dans le grenier, et l'autre à la cave, ils observent Sauveur et Louise caresser l'idée d'une vie ensemble mais trébucher sur les enfants et les obstacles de la famille recomposée. Ils parlent peu mais vont à l'essentiel et observent bien.

Au cabinet, peu de nouvelles de Margaux mais on retrouve sa petite soeur Blandine et ses problèmes à elle, m'est avis que Margaux reviendra plus tard. Ella continue sa route sur fond de Mylène Farmer et évidemment ça ne se passe pas mieux à l'école. Qu'est-ce qu'ils y comprennent les gamins de 14 ans à l'identité de genre ? On découvre Samuel qui galère avec les filles, avec son hygiène personnelle et avec une mère castratrice, et une vieille martiniquaise atteinte de TOC de propreté.

Bref, c'est toujours agréable de retrouver tous ces personnages et de voir où ils en sont, même si le premier tome restait plus accrocheur avec le passé de Sauveur qui a été dévoilé assez tard dans le récit. Mais on ne peut pas lui trouver un nouveau secret caché à chaque fois, alors maintenant on va de l'avant et on se demande ce qu'il va lui arriver. Et Gabin, est-ce qu'il va y aller à ce concert des Eagle of Death Metal à Paris ? ... Saison 3, j'enchaîne.

28 février 2020

Becky Albertalli - Love, Simon

Love-Simon-tie-in-Moi-Simon-16-ans-Homo-Sapiens

 

Moi, c'est Simon. Simon Spier. Je vis dans une petite ville en banlieue d'Atlanta. J'ai deux sœurs, un chien, et les trois meilleurs amis du monde. Je suis fan d’Harry Potter, j’ai une passion profonde pour les Oréo, je fais du théâtre. Et je suis raide dingue de Blue.

Blue est un garçon que j’ai rencontré sur le Tumblr du lycée. Je le croise peut-être tous les jours, mais je ne sais pas qui c’est. On se dit tout, sauf notre nom. À part Blue, personne ne sait que je suis gay


 

Vous connaissez les "feel-good movies", ces films qui vous collent un sourire sur le visage et que vous terminez avec une sensation douce comme d'être dans une barbapapa ? Moi j'ai un petit dossier de films comme ça assez ecléctiques et ne jugez pas, mais ça va de "Hannah Montana le film" à "Quand Harry rencontre Sally". Donc j'ai découvert récemment le feel-good bouquin et c'est "Love Simon". Il a été adapté en film et je me suis empressée de le regarder. Bon, ne nous mentons pas, le film est chouette mais n'arrive pas à la cheville du bouquin en terme de mignonnitude. 

Alors donc, ce livre. On suit Simon évidemment, Simon qui est un lycéen américain tout-à-fait ordinaire, ni hyper populaire, ni dans la bande de nerds. Il a une petite bande bien sympa, ses deux amis d'enfance Nick et Leah et la nouvelle venue Abby. Evidemment Leah est secrètement amoureuse de Nick et Nick en pince pour Abby. Ca joue aux jeux vidéos dans le garage, ça promène le chien (Un Golden Retriever qui s'appelle Bieber pour sa coiffure blonde... J'ai tellement aimé cette idée !), ça fête des anniversaires au lycée avec des chapeaux ridicules, mais personne ne se moque car tout le monde veut du gâteau, ça se sent un peu déplacé dans les fêtes. C'est bon enfant, ça sent bon l'amitié, c'est une bande d'ados pas relous, ceux qu'on aime vraiment bien. Avec Abby, Simon va au club de théâtre, où il regarde d'un oeil un jeune homme à son goût, qui lui donne des papillons dans le ventre chaque fois qu'il lui parle. Car Simon n'en a jamais parlé à ses amis mais il aime les garçons. La seule personne qui le sache est le mystérieux "Blue" avec qui il échange des mails. Les deux garçons vont dans le même lycée mais jouent avec le fait de ne pas savoir qui est qui, et puis évidemment ils tombent amoureux par voie virtuelle interposée. Les deux garçons vont faire leur coming-out chacun de leur côté et partager leurs expériences, se donner mutuellement de la force. Et leurs échanges sont tellement mignons, ça oscille entre l'oréo trempé dans le verre de lait et les premiers émois amoureux. Alors après il y a toute cette histoire de chantage par Martin, un gamin du club de théâtre qui a découvert le secret de Simon, et menace de l'outer s'il ne l'aide pas à sortir avec Abby, mais je ne vais pas tout vous raconter non plus. Il y a aussi la famille hyper attachante de Simon, les deux frangines (mention spéciale pour l'aînée qui fait peu d'apparitions, mais a l'air tellement sympa), la maman psychologue qui se veut parent hyper progressiste et le père ancien quaterback parfois un peu lourdeau. Je garde comme image de cette famille ces vacances de Noël où ils font un "défi facebook", idée tellement drôle ! Toute la famille dans le salon, chacun sur son ordi en train de jouer à "le premier qui trouve quelqu'un qui se plaint de son bébé a gagné". D'ailleurs ça fait partie de ce qui m'a plu dans ce livre, la présence de tous ces "nouveaux" codes, les réseaux sociaux, le tumblr du lycée, le héros fan d'Harry Potter. J'ai beau ne pas être de sa génération, en bonne petite geek, ça me parle. Ca et le coeur chamallow de Simon et sa petite bande d'amis tous tellement attachants. Et puis purée, mais c'est qui Blue ??? Oui il ne faut pas se mentir, c'est quand même ce qui nous tiens en haleine presque jusqu'à la fin. Et vous savez quoi ? C'est encore tellement plus mignon après, quand il sait.

Love, Simon, un bon moment assuré.

24 février 2020

Marie-Aude Murail - Sauveur et fils - Saison 1

 

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Quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…

Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.
Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?


 

On peut toujours compter sur Marie-Aude Murail quand on aime bien la littérature jeunesse touchante et bien écrite. Sa bibliographie est impressionnante et je n'en ai lu qu'une infime partie, mais c'est probablement une erreur... Le ton est juste, ça parle à des ados de problèmes très réels, elle sait être drôle et gratte les bonnes cordes. Elle a à son palmarès quelques séries de livres et les "Sauveur et fils" en sont la dernière en date. Il y a cinq volumes découpés en "saisons". J'ai donc découvert le premier volet et il m'a happée.

On découvre Sauveur Saint-Yves, déjà un nom pas banal qui fait sourire, qui essaie d'être un bon père pour son fils Lazare et qui se demande souvent s'il sert à quelque chose comme psychologue. On assiste d'un côté à ses consultations chaque jour et on apprend à connaître ses patients, tous aussi variés les uns que les autres. Pas mal d'ados dans ses consults mais aussi leurs parents, et des enfants plus jeunes. Phobie scolaire, scarification, addiction aux jeux vidéos, acceptation de l'homosexualité d'un parent, se demander si on n'est pas un garçon dans un corps de fille... Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on prend au sérieux le public visé qui est à partir de 13 ans. Les sujets sont sérieux et bien traités, tout en finesse et au milieu d'un quotidien somme toute banal. A chaque fois c'est une famille qu'on découvre, des parents, des frères et soeurs, qui vont tous passer à un moments ou un autre chez le "docteur Sauveur". Une petite foule assez cocasse à vrai dire. Et entre deux consultations, on va suivre Sauveur chez lui et faire connaissance avec Lazare, le fils de huit ans qu'il élève seul. Lazare est un gamin attachant, plutôt posé et intelligent. On le suit également à l'école et on découvre son meilleur ami, la mère de son meilleur ami qui galère à s'accomoder de sa nouvelle vie de divorcée, l'instit un peu névrosée qui voudrait sauver l'humanité, et puis les autres gamins de la classe. Il y a également de vieux souvenirs qui refont surface, de l'époque où Sauveur était encore dans ses Antilles natales, des secrets, des choses dont il n'est pas capable de parler à son fils, lui le psychologue. On approche doucement la culture antillaise, son histoire, et j'ai fermé le livre en ayant envie d'aller y siroter un petit Rhum-Coco sur une plage. Si j'ai beaucoup aimé les tranches de vie des patients de Sauveur, c'est bien cette intrigue autour de malédictions antillaises et de la mort mystérieuse de sa femme cinq ans auparavant qui m'a le plus accrochée, mais je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher la lecture.

Bref, un livre très riche qui mérite bien qu'on l'ouvre pour faire connaissance avec tous ces gens. Toute cette galerie de personnages impressionnante ! Je sais déjà qu'on en retrouvera la majorité dans la Saison 2, hey on ne règle pas une thérapie en un mois, et j'ai hâte. Je sens déjà que livre après livre, ce sera comme de venir prendre des nouvelles de vieux amis.

 

27 décembre 2019

Eve Chase - Un manoir en Cornouailles

Un-manoir-en-Cornouailles

 

Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l'été. Le temps semble s'y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu'au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais. Trente ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d'y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l'appelle et l'attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?


 

On l'imagine comme si on y était ce manoir des lapins noirs. Sur les côtes anglaises où la pluie s'invite plus souvent qu'un grand soleil, des falaises battues par les vagues, une vieille maison de famille délabrée. L'eau qui coule brune par les canalisations, la poussière de ces maisons qu'on n'habite que pendant les vacances, les cheminées qui compensent mal l'absence de chauffage, les pièces sombres, les fissures sur les murs, le grand parc avec sa forêt dense, son ruisseau tortueux, sa faune sauvage. Pour un peu on se croirait à Hurlevent...

L'auteur nous amène à suivre deux héroïnes à trente ans d'écart. Amber Alton d'abord, à la fin des années soixante. Amber, quinze ans, qui montre l'exemple à ses trois frères et soeur, survivre après le drame de la perte de leur douce et belle maman. Ce manoir est devenu leur refuge, là où on ne les regarde pas comme de petits orphelins, là où ils peuvent revenir à l'état sauvage. Il y a Toby, l'indomtable frère jumeau, fidèle mais sujet aux coups de sang, Toby qui pressent arriver un nouveau drame et ne fait plus confiance à personne qu'à son frère et ses deux soeurs. Et puis il y a le petit Barney, qui courait après les lapins quand sa mère est morte en venant le chercher. Barney et la culpabilité sur les épaules d'un tout petit garçon, Barney qui se met sans cesse en danger sans s'en rendre compte. Enfin Kitty, le petite poupée aux boucles blondes, inséparable de sa poupée. Amber veille sur tout ce petit monde en connaissant les affres de l'adolescence, et en faisant front contre le remariage de son père. On s'attache beaucoup à ces quatre enfants, plein de vie en début de récit, quand la mère formidable est encore là, celle qui rend leur enfance aux Lapins noirs si féérique malgré les fissures. On ressent la peine qui les éteint par la suite et tous les mécanismes qu'ils mettent en oeuvre pour continuer, chacun à sa hauteur, de par son âge et son caractère. Qu'est-il arrivé aux quatre enfants de Nancy après l'été 69 ? C'est ce suspens qui nous tient en haleine tout au long du livre. 

De nos jours, on suit Lorna, qui veut contre tout bon sens, se marier dans ce vieux manoir délabré, un vague souvenir d'enfance que son fiancé peine à comprendre, mais surtout une attirance presque viscérale pour cette maison. Comme le narrateur des hauts de Hurlevent, elle y découvre très vite une inscription qui l'intrigue, des jouets d'enfants d'autrefois, qui traîne comme si ces enfants étaient partis du jour au lendemain. Et dans cette maison, une vieille femme seule avec sa servante. Lorna profite de l'occasion qui se présente d'y passer quelques jours, pour fouiller le passé. Elle va évidemment y découvrir bien plus que ce qu'elle est venue y chercher.

Alors, il y a quelques facilités, notament Caroline, qui a su tout de suite qui était Lorna. On devine le secret avant qu'il ne nous soit révélé, mais l'intrigue est plutôt bien ficelée avec ses bonds dans le temps. Et l'atmosphère si anglaise qui donne un petit côté soeur Brontë des temps modernes... Une  bonne lecture, pas inoubliable, mais qui fait passé un bon moment.

22 septembre 2019

Mazo de la Roche - La moisson de Jalna

la moisson de jalna

 

Le combat que Renny a entrepris pour tenter de sauver Jalna de la faillite, l'épuise. Un soir de détresse, il a trompé sa femme Alayne. Celle-ci l'apprend et sa fierté supporte mal l'offense. Elle quitte Jalna. Renny, qui n'avait désiré qu'un moment d'oubli, se sent incapable de continuer seul cette lutte épuisante. Il aime Alayne et pour la première fois de sa vie, il est prêt à s'humilier, à implorer son pardon. C'est alors que le plus jeune des Whiteoak, Wakefield, se sent appelé par Dieu et décide d'entrer chez les bénédictins. L'amour de Pauline, sa fiancée, parviendra-t-il à le retenir...


 

 

Nous revoilà avec la suite des aventures de la famille Whiteoak. Moins d'un an s'est passé depuis la fin du tome précédent, où Renny, desespéré par ses problèmes d'argent et la froideur d'Alayne, s'était jeté dans les bras de Clara Lebraux, un soir dans les sous-bois. Le temps a passé et c'est resté l'histoire d'un soir, personne n'en a rien su, mais Alayne voit toujours d'un mauvais oeil que Renny s'entende si bien avec cette femme. Ô comme elle a raison ! Oui, pour une fois, je suis du côté d'Alayne, femme trompée et humiliée qui va essayer de garder la tête haute devant le reste de la famille, avant de faire ses valises et de repartir à New York, abandonnant mari et enfant. Car Alayne se sent toujours autant une étrangère pour sa fille, plus rien ne la retient désormais à Jalna. Si j'ai tout-à-fait approuvé Alayne, j'ai aussi eu de la pitié pour Renny. On ne nous montre que rarement les faiblesses de cette bonne veille tête rouge, ses sentiments, même ce qui le lie à sa femme est assez obscur. On a compris la passion du début, mais voilà trois tomes que cette relation ne tenait à priori plus sur grand chose, si ce n'est des disputes incessantes. Et voilà que Renny est désemparé par le rejet de sa femme, plus rien n'a de sens, et là on palpe un peu de l'intensité du lien qui les unit. Certes, il a bien mérité la froideur qu'Alayne lui affiche, mais c'est bien de gratter un peu sous la surface, de découvrir le coeur tout palpitant du chef de famille. Livré à lui-même, disant adieu à sa femme, essayant de prendre soin de sa fille de quatre ans. C'est une nouvelle facette de Renny qui se découvre. Evidemment, après de longs mois de réflexion, le manque se fait sentir cruellement des deux côtés et j'ai beaucoup aimé les retrouvailles, Renny attentionné et Alayne qui retombe amoureuse. Ce tome m'a réconciliée avec ce couple que je n'arrivais pas à comprendre. Clara a peut-être été la femme qui comprennait le mieux Renny, mais ça ne change pas que la seule qu'il aime réellement c'est Alayne. Alors, moi je ne l'aime pas tant que ça Alayne, mais je peux comprendre.

Par ailleurs ce tome 11 (!), est marqué par le passage à l'âge adulte du jeune Wake. C'est le tournant pour lui, il passe du gamin pédant au jeune homme gai et rafraîchissant. Et pour ça, il lui faudra rompre ses fiançailles avec une jeune fille qui ne l'aime pas (mais s'en doute-t-il ?), se convertir au catholicisme et passer un an chez les moines. Wakefield n'a peur de rien ! Il a appris ce qu'était le travail en tenant brièvement une pompe à essence, épisode que j'avais totalement oublié. Et puis il a appris l'humilité chez les moines, avant de nous revenir en pleine forme, prêt à vivre de grandes aventures dans le tome suivant, qui s'intitulera tout simplement "Le destin de Wakefield".  Ah, ah suspens !

Le quatrième protagoniste principal de ce tome est Finch. Finch est un musicien renommé, il a fait des tournées européennes, il a épousé Sarah, celle qu'il convoitait depuis des années et qui détient l'hypothèque de Jalna. Finch a donc tout pour être heureux, mais comme il est Finch, il tombe dans une dépression nerveuse, et ici le terme nerveux prend tout son sens. Il dit que ses nerfs sont malades et il ne supporte plus le son du piano, ni la vue de sa femme. Finch s'enferme dans sa chambre de jeune garçon au grenier de Jalna, protégé de Renny et Sarah, qui devient totalement détestable à ne pas vouloir laisser son Finch-chéri tranquille, finit par être exilée à la ferme aux renards.  Et nous voilà partis pour des mois de Finch qui ne veut pas sortir de sa chambre, de famille qui essaie de l'aider, de Sarah qui veut le récupérer... Je n'ai pas une grande patience avec ça, déjà c'est un peu sa faute, on lui avait déjà dit que Sarah sentait le piège à plein nez, il n'avait qu'à ne pas l'épouser ! Et puis ensuite, j'ai très envie de le secouer, même si je sais bien qu'on ne guérit pas de cette maladie comme ça. Cependant, j'ai beaucoup aimé les passages où Piers fait preuve d'une patience étonnante avec lui, c'est bien la dernière chose que j'attendais de notre fermier un peu railleur. Eh bien, détrompez-vous ! Piers prend des pincettes, arrive à sortir Finch de la maison, à le promener, à discuter avec lui, avec une patience inattendue. Alors ça ne guérit pas Finch évidemment, mais ça construit une nouvelle relation entre les deux frères, que je trouve tout à fait intéressante. Jusque là on voyait plutôt Piers qui se moquait de Finch, eh bien les deux homme prenant de l'âge, c'est désormais Piers qui prend soin de Finch. Ca me plaît bien ça. Maintenant qu'Eden n'est plus là, il est temps de reconstruire les relations entre les trois plus jeunes frères, surtout que les deux derniers ne sont plus du tout des enfants. 

En parlant d'Eden, voilà qu'il n'a pas tout-à-fait disparu. Oh, il est bien toujours cloué sous terre entre quelques planches de bois... Mais c'est Finch et Sarah qui nous ramènent sa fille, Roma, dont il ne connaissait pas l'existence, sa fille et celle de Minnie Ware. Roma est orpheline, et évidemment Renny la recueille sous son toit. Cet épisode se situe au début du livre, avant qu'Alayne ne quitte Renny mais alors qu'ils sont déjà en pleine guerre froide. imaginez bien que ça ne plaît pas tellement à Alayne. Je trouve toujours Alayne aussi injuste avec le souvenir d'Eden. Elle a tout de même été sa femme et il l'a certes trompée, mais alors qu'elle-même ne rêvait que de Renny. Il leur a laissé le champ libre et leur a même donné sa bénédiction, ils se sont plutôt quittés bons amis dans "Les Whiteoak de Jalna". Je comprends que Piers n'ait jamais pardonné à Eden d'avoir séduit Pheasant, mais pas le ressentiment d'Alayne. Bref, nous voilà avec Roma sur les bras. Moi qui aimait tant Eden, l'arrivée de cette petite fut un grand espoir à l'époque, celui qu'il ne soit pas totalement parti. Bon... attendez-vous à être un poil déçus par cette enfant. Enfin, pour l'instant elle a deux ans et joue avec Adeline. Et dans les faits divers de la famille, Ernest se marie, enfin, à 81 ans ! Eh bien soyons heureux pour l'oncle Ernie et demandons-nous à quoi va ressembler la nuit de noces à 80 balais... (ne riez pas, c'est une vraie question !) L'oncle Ernie quitte donc la grande maison pour s'installer à la ferme aux renards, qui est manifestement la nouvelle dépendance de Jalna. Oui Sarah a fini par en partir après avoir menacé de ne pas renouveller l'hypothèque sur Jalna, si Finch ne lui revenait pas, et de s'approprier la maison. Une peste je vous avais dit ! Ca s'est réglé quand Finch a utilisé les derniers sous de l'héritage de Gran, pour payer la dette de Renny à Sarah. Il s'est alors retrouvé libéré d'une pierre deux coups, de sa femme et des derniers sous de l'héritage de la grand-mère, et ça l'a guéri de sa dépression tout ça, soulagé le petit Finch ! Alayne aussi est ruinée d'ailleurs et ça semble rendre sa relation avec Renny bien plus simple, maintenant que tout le monde est fauché. Chez les Whiteoak, on n'est pas très heureux quand on a un peu trop de sous de côté, c'est la morale de l'histoire je crois.

Voilà ! Pas de point continuité, je n'en ai pas soulevé, ou alors j'ai oublié. Dans un mois je vais visiter dans l'Ontario la maison qui a inspiré Jalna, je ramènerai quelques photos.

 

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