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Lucile in the sky
17 octobre 2017

Thomas Snégaroff - Kennedy, une vie en clair-obscur

kennedy

La vie de John Fitzgerald Kennedy n'a été qu'ombres et lumières ; des lumières d'un incroyable éclat et des ombres d'une noirceur inquiétante, comme autant de signes d'une destinée tragique. Véritable caméléon, JFK aura toute sa vie admirablement joué le rôle que d'autres lui ont attribué, et en premier lieu son père. Un père à l'ambition dévorante qui, tel un démiurge, façonne les garçons du clan en hommes de pouvoir. Mais JFK n'est pas qu'une simple marionnette, il est doté d'une grande intelligence et d'un charisme hors du commun, rien ni personne ne lui résiste, surtout pas les femmes. Il transforme le médiocre en excellence, un corps malade en un corps triomphant. Grâce à de nouveaux éléments peu connus du public français et refusant tout autant l'idolâtrie que le sensationnalisme, Thomas Snégaroff dresse le portrait sensible d'un homme dont le destin continue, un demi-siècle après sa mort, de nous fasciner.


 

La dynastie Kennedy, ses secrets, son incarnation du rêve américain, ses magouilles, son clan, tout ça me fascine un peu. C'est comme lire un scénario improbable de série TV qu'on trouverait vraiment bien foutu, sauf que c'est arrivé. L'arrière-petit-fils d'imigrés irlandais, débarqués en Amérique sans un sou, qui devient président des Etats-Unis, ce n'est pas beau ? Joe et Rose Kennedy qui élèvent 9 enfants et promettent chacun de leurs fils à un avenir politique. Joe jr, le premier, celui qui doit devenir président, qui meurt à la guerre et John le cadet qui doit reprendre le flambeau au pied levé. Bobby, le troisième, propulsé bras droit de son aîné en campagne puis à la maison blanche. Bobby qui essaiera de poursuivre ce qu'il avait fait avec son frère, après l'assassinat de JFK et sera à son tour assassiné lors des primaires de Californie. Et enfin Ted, le petit dernier, qui renoncera à se lancer à son tour dans la course à la présidence après avoir reçu des menaces et vu ses 3 aînés mourir. Il y a les filles Kennedy aussi, celles qui vont aider à mettre John sur le trône en organisant des Tea Party dans tous les Etats-Unis. Et puis celle qu'on cachera car elle est retardée mentale et fait tâche dans le tableau. Celle qui sera reniée car mariée avec un homme divorcé et qui sera la première des enfants Kennedy à mourir. Sans oublier Jackie, sa vie de first lady, mariée à mari volage, ses grossesses tragiques aboutissant certes à deux beau petits enfants, mais aussi à un bébé mort-né et un qui  ne survivra guère 48h. Jackie et son tailleur rose tâché de sang à Dallas. Alors oui, on pourrait tenir plusieurs saisons de série avec le clan Kennedy, mais au fait JFK lui-même, qui était-il ? C'est à cette question que tente de répondre ce livre.

"Kennedy une vie en clair-obscur" commence avant la naissance de John, que l'on appelera d'ailleurs Jack tout au long du récit, et se termine le jour de ses funérailles. Il est en effet question de Jack, l'homme privé et non John la figure publique. Le récit est à peu près linéaire mais discontinu. Chaque chapitre va s'attacher à un évènement important dans la vie de Jack Kennedy, il va commencer par relater cet événement puis nous raconter tout ce qui y a mené et tout ce qui en découle. On revient parfois une ou deux années en arrière au cours d'un même chapitre, et on saute souvent de nombreuses années entre deux. il ne s'agit pas de raconter la vie entière de Jack, mais d'essayer de nous faire comprendre quel impact sa vie à eu sur lui. On nous présente au début ce frère toujours en compétition avec Joe Jr, ses nombreux séjours à l'hôpital car Jack était atteint de maladies chroniques, sa volonté de toujours être aussi bon que son aîné, la carrière politique à laquelle leur père destinait Joe Jr. A cette époque Jack est le second, alors comme un frère cadet de prince héritier il se rebelle et tente de n'en faire qu'à sa tête, parce qu'il n'a pas la pression de l'aîné et pour se faire remarquer. Le livre nous raconte que Kennedy était un homme à femmes mais ne se préoccupait guère de les satisfaire au lit. Voilà qui était Jack Kennedy, un homme tentant de dompter la faiblesse de son corps malade, un homme qui ne pensait qu'à lui-même, un homme ambitieux. Alors quand Joe Jr meurt à la guerre alors que Jack a été déclaré héros, les portes s'ouvrent grandes devant lui. Par la suite il est question de Jackie un peu, des primaires, de l'élection présidentielle, de Kroutchev, de la crise des missiles de Cuba, de la bataille pour les droits des noirs, à peine du père qu'il fut, beaucoup de l'aura qu'il avait, des femmes qu'il a séduites, de Dallas.

C'est un livre qui parle presque exclusivement de Jack Kennedy, un peu de Joe Sr. Autour gravitent des gens sur lesquels on s'attarde peu, même s'ils ont eu une place importante dans l'histoire de JFK, Bobby, Jackie, Caroline et John-John, tous ne font que passer. C'est d'autres ouvrages qu'il faudra lire si on veut s'y intéresser de plus près. On suit Jack à travers les péripéties de sa vie, le récit prend parti mais me semble relativement objectif, l'auteur s'appuie souvent sur des citations d'amis ou  de gens qui ont cotoyé JFK. L'ensemble est facile à lire, chaque chapitre clôt un moment particulier de la vie du président américain, ce qui en fait une suite de petites histoires relativement courtes et non un gros pavé racontant tout la vie de JFK. On visualise la dualité de ce personnage qui se devait d'incarner le rêve américain, tout en domptant des douleurs importantes et l'idée que son corps allait le lâcher jeune. Ironiquement, cette image d'homme jeune, en bonne santé, toujours bronzé, c'était sa maladie qui la lui donnait. La maladie d'Addison, une insuffisance surrénalienne donnant une hyper-pigmentation de la peau...

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11 octobre 2017

Mazo De La Roche - L'héritage des Whiteoak

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De grandes difficultés attendent Renny et Maurice, de retour à Jalna après avoir héroïquement combattu en Europe durant la grand guerre. Maurice tente vainement de reconquérir Meg, qui supporte mal son humiliation. Déchiré entre le remord et l'amour qu'il lui porte encore, il sombre dans l'alcool. Renny doit reprendre en main le domaine plus ou moins laissé à l'abandon par ses frères pendant son absence. Pour se renflouer, il songe à gagner un grand Prix grâce au meilleur pur-sang de son écurie. C'est ainsi qu'il fait la connaissance et s'éprend de Chris Dayborn, belle cavalière anglaise croisée un jour chez Mrs Stroud, une aventurière amie des arts auprès de qui son frère Eden fait ses premières armes d'écrivain et de poète.


 

Nous voilà arrivé au point de la saga où les titres n'ont plus grande importance et sont tout à fait interchangeables, n'ayant pas grand rapport avec le sujet de chaque volume. Il faut un titre ? Mettons Whiteoak ou Jalna et affublons-le d'un autre mot qui fait romanesque. C'est aussi le volume dans lequel la famille met en place une dynamique qui la suivra un bon moment. Philippe et Mary sont morts, Renny prend les rênes de la famille et de l'éducation de ses jeunes frères, Meg est leur figure maternelle, la vieille Adeline régente tout ça de haut et les oncles (qui vivent désormais à Jalna) les regardent vivre de leur fauteuil au coin du feu. Jalna c'est l'histoire de ces six frères et soeur qui grandissent ensemble, qui vont apprendre à vivre, à aimer, se marier, avoir des enfants, tout le reste n'est guère que Prequel.

Dans ce tome, Renny tombe amoureux et vivra une idylle secrète et impossible, qui bien que courte n'en est pas moins importante dans l'histoire générale. Il est intéressant pour ceux qui connaissent la saga dans son ensemble de savoir que juste après ce livre (le 5e dans la chronologie), l'auteur a enchaîné sur l'écriture du 12e "Le destin de Wakefield", dans lequel Wakefield a, à son tour, des amours contrariées. Donc Renny est amoureux de Chris, mais il a aussi pas mal d'autres nouvelles choses à gérer. Le domaine dont il a hérité de son père, les avis et reproches de sa famille, et l'éducation de ses frères. Notament Eden qui lui donne du fil à retordre. Eden est passé d'un tome à l'autre du petit garçon idolâtrant son frère, à un jeune homme de dix-huit ans qui aspire à autre chose de la vie que ses études de droit. Eden écrit des poèmes, et ça ne plait pas tellement à son aîné, il sèche les cours pour aller discuter littérature avec une femme veuve bien plus âgée (35-40 ans selon mes estimations), une intriguante selon les Whiteoak, qui mettront un place des stratagèmes pour les éloigner. Piers et Finch ont quinze et onze ans et ne posent pas tellement de problèmes. Wakefield, le petit dernier orphelin de naissance et trop gâté, a quatre ans et développe une peur panique envers ce nouveau grand frère, ce qui vexe grandement Renny. Meg est insignifiante. Et puis il y a Pheasant, l'enfant illégitime de Maurice, qui grandit seule avec une gouvernante à Vaughanland depuis le décès de ses grands-parents et rêve d'attirer l'attention de son père. Maurice est une loque incapable de faire quoi que ce soit à part noyer son chagrin d'amour vieux de douze ans. Alors Pheasant court les champs, joue avec Finch et se raccroche à l'affection de Renny. Renny, cette bonne vieille tête rouge n'aime rien tant que d'avoir des enfants autour de lui, et prend sous son aile la petite fille de son ami.

L'intêret de ce tome est dans les interactions entre les membres de la famille (qui ne sont pas si nombreuses cette fois) et l'intrigue autour de Chris et du Grand National. On apprend également à connaître Eden, qui est un personnage que j'affectionne particulièrement. Il est le premier Whiteoak à réellement vouloir se lancer dans une carrière artistique (Ernest  et son interminable livre sur Shakespeare ne compte pas), il a un tempérament obstiné, il est bon en sports mais ne s'y intéresse pas le moins du monde. Eden est un subtil mélange entre le caractère bien trempé des Whiteoak et la sensibilité de sa mère Mary. L'intrigue avec Mrs Stroud en revanche m'ennuyait fermement quand j'étais enfant et c'est toujours le cas. Cette femme ne m'intéresse tout simplement pas et n'amène que des problèmes. Certes ça sert l'intrigue du livre, mais c'est long...

Et enfin le petit point continuité. Comme d'habitude on entend Adeline parler de sa famille irlandaise, cette fois sa mère n'aurait pas eu 11 enfants mais 16. Je crois qu'il faut plutôt rester sur la version 11 qui est plus fréquente, on va dire que la vieille commence à yoyoter. Toujours est-il qu'elle mentionne ses frères Thadée et Abraham, ce qui ajouté à Judith, Conway, Sholto, Timothy et Esmond nous amène à 8 enfants Court, ça ne colle plus avec la version disant que 4 sont morts en bas-âge. Mazo De La Roche aurait vraiment pu prendre des notes... Concernant le voisinnage, on retrouve Lily Pink, la jeune fille de "Mary Wakefield" amoureuse de Philippe II qui avait joué du piano à lui et Mary, lors de leur première valse ensemble dans la lumière tamisée du salon. Actuellement elle est vieille fille célibataire et donne des cours de piano au troisième fils de Philippe et Mary, Finch. On regrette un peu de ne pas savoir de quoi est mort Philippe d'ailleurs. On sait juste qu'il est décédé pendant que Mary était enceinte de leur quatrième fils et qu'elle est décédée en couches quelques semaines après la naissance de Wake.

Aparté, j'avais découvert cette saga en regardant la série de l'été adaptée grosso-modo des tomes 4 à 8 lorsque j'étais enfant, et je n'ai jamais vraiment réussi à me défaire des images des acteurs. La vieille Adeline, Nicolas et Ernest ont tout à fait la tête de ceux qui les campaient dans mon imagination. Le problème c'est que les autres ont en majorité été assez mal choisis par rapport à leurs descriptions dans les livres ! Philippe et Mary n'étant présents que dans le premier épisode, j'ai pu totalement effacer leurs images pour les remplacer par deux beaux jeunes gens blonds. Meg était tout à fait adaptée, Renny sera toujours Serge Dupire en plus roux, et Eden sera toujours Benoît Magimel en plus blond. En revanche j'ai été trop amoureuse de Sagamore Stévenin pour remplacer son image de beau brun par le blond que Piers est censé être. L'acteur qui jouait Finch avait cette silhouette qui convenait plutôt bien au personnage, un peu dégingandé et pas très à l'aise dans ses bottes, enfin il était carrément brun aussi alors qu'il est toujours décrit très blond comme Piers. Sans parler de Wakefield, avec ses boucles brunes qui devient un petit rouquin et s'appelle Benjamin. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup !

3 octobre 2017

Mazo De La Roche - Jeunesse de Renny

9782266010375FS

Avec ses colères terribles, ses ruses, son autorité et sa profonde bonté, Adeline whiteoak règne en souveraine sur Jalna, l'immense domaine forestier qu'elle a jadis fondé sur les bords de l'Ontario, dans le grand nord canadien.

A l'approche de ses 80 ans, Adeline, entourée de ses 4 petits-enfants, s'apprête à célébrer le mariage de leur soeur Meg avec son voisin et ami d'enfance Maurice Vaughan. Mais Maurice ne peut cacher longtemps son secret et sa honte : l'enfant qu'il vient de faire à Elvira, la jolie sauvageonne du village. il se confie à Renny, son ami, l'héritier naturel de Jalna.


 

Voilà le tome par lequel j'ai commencé la saga à l'âge de 10 ans, et c'est là que le personnage de Renny commence à prendre de l'ampleur. ce personnage autour duquel le reste de la saga va tourner. Renny a vingt ans, il vient de se faire virer de l'université et il apprend la vie. Sa soeur Meg prépare son mariage avec Maurice leur ami d'enfance, leur père Philippe est marié à Mary, leur ancienne gouvernante, et ils ont eu ensemble deux fils, Eden et Piers. La vieille Adeline essaie toujours de tout régenter et Augusta, Nicolas et Ernest, les oncles et tante, sont là pour le mariage prévu.

Mary est très effacée dans ce volume, alors que le précédent lui était consacré, c'est probablement parce que l'auteur ne s'est intéressée à ce personnage que plus tard, ayant écrit "Mary Wakefield" 14 ans après "Jeunesse de Renny". Philippe est également moins affirmé puisque les différents intrigues ne le concernent pas aussi directement que dans le tome précédent, mais j'aime toujours son personnage, ce côté indifférent à toute critique. Philippe mène tranquillement son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper de ce que les autres (sa mère) en pensent. J'ai bien aimé aussi sa relation avec ses deux aînés, un peu maladroit mais affectueux avec une Meg bouleversée, vigilant face aux faits et gestes de Renny, mais le soutenant lorsque le reste de la famille le critique. Les principaux arcs de ce roman concernent Meg et Renny. D'abord Meg qui voit ses projets de mariage chamboulés par l'arrivée de l'enfant naturelle que Maurice a fait a une jeune fille du village, elle qui n'a jamais laissé Maurice ne serait-ce que l'embrasser. Elle se déride tout de même avec son amie Vera Lacey toujours là pour lui changer les idées et avec Renny avec qui elle forme une joyeuse bande de conspirateurs. Les deux jeunes gens prennent plaisir à inventer toutes sortes de mauvaises blagues pour faire fuir Malahide, un invité indésirable qui prend racine à Jalna. Malahide est ce cousin éloigné irlandais, fauché, qui s'incruste et s'attire les bonnes grâces d'Adeline, qui par pur esprit de contradiction, décide d'en faire son cousin préféré. Malahide se mêle de ce qui ne le regarde pas et rapporte tous les petits secrets des Whiteoak à la vieille Adeline. Ces passages sont assez distrayants, et je me suis aperçue, alors que je n'avais pas lu ce livre depuis une dizaine d'année, que je me rappelais encore par coeur du charmant poème que le petit Eden récite à Malahide. Le cousin est tout à fait déplaisant, faisant ressortir des côtés assez méchants de Renny. Renny lui, va faire l'expérience des premières amours, une femme avec qui il découvrira les plaisirs du corps, et une pour qui il éprouvera ses premiers émois amoureux. On lui prédira deux grands amours dans sa vie, une femme dont le prénom commence par un C et une dont le prénom commence par un A. Vous en saurez plus à ce propos dans le prochain tome puis dans le tome 7. Meg est un peu outrée de le voir embrasser une jeune fille dans un verger, pour elle cette jeune fille se comporte comme "une fille de ferme", ah 1906... Ce volume marque l'apparition des premiers fils de Philippe et Mary. Eden a cinq ans et voue un culte à Meg et Renny qui l'adorent également. la relation entre Renny et le petit Eden est très touchante malgré les quinze ans qui les séparent. Piers n'est encore qu'un bébé de deux ans qui passe de bras en bras.

Concernant la continuité, j'ai passé un peu de temps à essayer de comprendre d'où venait cette Vera Lacey. Il se trouve qu'elle est la petite fille de Guy Lacey, celui qui avait deux filles dans le tome 3 et qui courtisait Augusta dans le 2. Ca ne collait pas tellement. On apprend à un moment que Guy Lacey a 70 ans en 1906, ce qui nous ramène donc à l'époque de matins à Jalna (1964-65 environ) à un homme de 29 ans qui s'intéresse à une jeune fille de 14 ans... Et qui a probablement eu un fils juste après pour pouvoir avoir une petite fille de vingt ans 41 ans après. Un fils dont on ne nous a jamais parlé dans Mary Wakefield alors que les deux filles Lacey (Violet et Ethel) étaient tout à fait présentes. Bon, bref, l'auteur attache manifestement moins d'importance que moi à ce genre de détails...

Allez, next !

Lucile in the sky
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