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Lucile in the sky
20 novembre 2021

Serge Dalens - Le bracelet de vermeil

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"Nous méritons toutes nos rencontres..." a écrit François Mauriac. Faut-il croire qu'Eric et Christian ont "mérité" leur extraordinaire aventure ? Rien ne semblait cependant destiner le jeune Prince des Neiges et le fils du chirurgien parisien à se rencontrer. Rien, si ce n'est le bracelet qu'Eric porte au bras, signe d'un terrible secret et rappel d'une mission dramatique. Eric devra choisir : entre le devoir et l'amitié, aucun compromis n'est possible.


 

Après avoir relu tout Jalna, saga monument de mon enfance et adolescence, j'ai décidé de reprendre une autre saga emblématique. Pour la petite histoire, ces livres étaient tellement importants pour moi, que j'étais incapable de m'en séparer lorsque je partais pour un mois de vacances chez mon père. Je trimballais donc dans ma valise, les seize Jalna et les six "Prince Eric" (qui ne sont pas tout à fait six, mais nous y reviendrons), plus tard j'y ajouterai les Harry Potter, qui heureusement n'étaient que quatre à l'époque. Il me fallait toujours tous ces livres sous la main, pour pouvoir les feuilleter à nouveau, relire des passages, vérifier quelque chose. Ah, si la liseuse avait existé alors, elle aurait allégé mon sac ! Bref, la relecture des Prince Eric va me prendre beaucoup moins de temps que les Jalna.

De quoi parle-t-on donc ? On parle de la littérature jeunesse des années 30-40 et d'une collection "Safari Signe de Piste" qui avait le vent en poupe dans ces années, surtout dans les milieux scouts. Et les premiers livres parus relatent de ce fait, des aventures de petits scouts, ça se diversifiera par la suite. J'ai lu un certain nombre de Signe de Piste dans mon enfance, tous glanés dans les bibliothèques de mon père ou de mon oncle, c'étaient les livres de leur propre enfance. D'ailleurs il s'agit principalement (exclusivement ?) d'histoires de garçons, destinées à des garçons. Ca ne me formalise pas tellement vu leurs années de parution, mais quand l'auteur, Serge Dalens, a écrit la préface de la réédition du Bracelet de vermeil dans les années 90, je remarque tout de même qu'il dit que ses livres ont passé les générations parce que les pères les donnèrent à leurs fils... Mr Dalens, je tiens à vous dire que je connais nombre de petites filles qui ont adoré ces livres, même s'il est dommage que la représentation des filles soit absolument nulle dans la saga des Eric. Au test de Bechdel, cette saga aurait un zéro pointé, c'est bien simple, les personnages ne sont que des garçons. Alors on verra bien apparaître furtivement dans les suivants Solveig et Marie-Françoise, mais ça reste une histoire qui ne parle que de garçons. Voilà, maintenant que ce point est clair, nous pouvons passer à la suite.

L'amitié d'Eric et Christian m'a follement passionnée dans le temps. Deux garçons de quatorze ans (quand commence l'histoire), avec un coeur d'or, un sens du devoir et de la loyauté exacerbés. A la relecture ils en sont presque un peu caricaturaux, il leur manque des défauts ! Christian d'Ancourt est un petit scout parisien des beaux quartiers, tête brûlée qui rêve d'aventures et ne vit que pour partir en camp avec sa patrouille. Or cette année, ses parents ne sont pas tranquilles, une vieille malédiction familiale leur fait craindre qu'il n'arrive malheur à leur fils, chaque cent ans, le 11 août 36, un d'Ancourt périt mystérieusement. A la gare il fait la connaissance d'Eric Jansen, un éclaireur norvégien qui se joint au camp. Et alors c'est le coup de foudre immédiat ! Pardonnez-moi, je sais que Dalens ne l'a absolument pas écrit en ce sens et qu'il ne pensait qu'à une bonne vieille amitié virile, mais alors ce n'est plus du tout comme ça que cela transparait de nos jours. Les deux garçons ressentent à la fois une indescriptible attirance et une étrange gêne dès qu'ils sont ensemble. Sans compter leur première dispute où Christian lui dit "Si tu parles, c'est fini entre nous !". Bref nous sommes en 1937 et l'auteur est un indécrotable conservateur, donc ces deux-là deviennent très vite meilleurs amis. Eric est un garçon secret, et je ne dévoilerais pas grand chose en disant qu'on découvre qu'il est le prince héritier de la couronne de Swedenborg, le Monaco de la Norvège, et que sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille jusque là, ayant récemment perdu père et mère et ne pouvant guère faire confiance à plus d'une poignée de gens dans son palais, mais ça c'est une histoire pour le tome 2. Toujours est-il qu'Eric vivrait ce camp incognito comme une vraie bouffée d'oxygène, s'il n'y avait une promesse qu'il avait faite à son père, une mission à remplir et qui le ronge complètement.

L'écriture de Dalens est vivante, on ne s'ennuie pas et le livre se lit très rapidemment. Un bon vieux classique d'aventure de gamins où les adultes ne font guère que de la figuration, mais avec de sérieuses questions de vie ou de mort. C'est très cliché tout de même. OMG les premières phrases échangées dans le premier chapitre par Christian, Philippe et Louis, "La vie est belle" "Oui, chantons !" j'en aurais pleuré de rire... Mais c'est la première aventure d'une longue série entre Christian et Eric, et je ne peux pas m'empêcher d'aimer ces deux-là. Ils ont été mes premiers James et Sirius, ados au destin tragique (suffit de voir le titre du 4e volume...), à l'amitié indéfectible, qui mèneront des combats qui ne sont pas de leur âge et finiront par faire la guerre ensemble (l'intrigue du bracelet se situe en 1936). Et je ne finirais pas ce billet sans parler des splendides illustrations de Pierre Joubert, qui a partcipé autant que Dalens à donner vie aux personnages du Prince Eric, comme à tant d'autres Signe de Piste. Qu'ils sont beaux ses Eric et Christian... Je viens de découvrir en écrivant ce post qu'il existait une édition collector des Prince Eric avec des illustrations en couleur, et que je n'avais jamais vues, de Joubert ! Damned, je vais être obligée de les racheter... 

Je terminerais avec un paragraphe spoiler, parce que j'avais quelques commentaires à faire sur la dernière partie. Alors si vous envisagez de lire les Prince Eric, vous pouvez arrêter ce billet ici. Peut-on parler des incohérences totales dans ce livre ? Comme le fait que personne ne sache de quoi retourne la mission d'Eric, mais qu'il y a tout de même des types chelous qui tournent autour de Christian pour faire monter la mayonnaise sur cette histoire de malédiction ? Le type devant l'appartement de la rue des Ternes, le bulgare au village à côté du camp. Juste des coïncidences sans aucun rapport avec la choucroute. Passons sur le fait que, comme par hasard, Eric parte à Birkenwald et qu'un enchaînement d'actions réalise sa mission sans même qu'il n'ait à lever le petit doigt... Soit, c'est le destin dirons-nous. Et le "BK" au début du bracelet, pourquoi ? Est-ce que tous les d'Ancourt ont été butés à Birkenwald ? Je n'en avais pas l'impression... Est-ce que le crime originel a eu lieu là ? Pardon mais c'est pas très clair quand même... Et alors je n'ai pas trouvées très énergiques les recherches du disparu. On met tous les scouts sur le coup sans leur en dire trop pour ne pas les affoler, mais du coup les gendarmes ne retournent pas la forêt ? Quand Philippe comprend que le gosse est probablement coincé dans les souterrains du château depuis 2 jours sans boire ni manger, ça ne s'agite pas non plus si vite que ça... Louis prend le temps d'emmener Eric faire du cheval, tout ça, tout ça... Ils auraient eu l'air malin si on l'avait retrouvé clamsé de déshydratation ou de manque d'oxygène le gamin ! 

Allez, on enchaine sur le 2e volume qui se passera en décembre à Swedenborg.

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