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Lucile in the sky

9 novembre 2020

Stacey Halls - Les sorcières de Pendle

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Lancashire, Pendle, 1612.

À 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n'a toujours pas donné d'héritier à son mari. Lorsqu'elle croise le chemin d'Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir.

Mais quand s'ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d'autres femmes érudites, solitaires ou gênantes.
Alors que le ventre de Fleetwood continue de s'arrondir, la jeune fille n'a plus qu'une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu.

Être une femme est le plus grand risque qui soit.


J'ai été attirée par la jolie couverture de ce livre, très automnale, et par cette histoire de sage-femme accusée de sorcellerie. Je ne m'attendais pas à un roman basé sur des faits réels, mais ça m'a d'autant plus intriguée ! Alors faits réels, mais datant tout de même de 1612, il est facile de broder autour, l'histoire reste un peu vague. Sachez qu'il existe même une page wikipédia consacrée au procès des sorcières de Pendle, si ça vous intéresse. Tous les lieux et les personnages de ce récit ont existé, l'auteur en a imaginé les liens, les histoires, les personnalités. 

Fleetwood, jeune châtelaine de Gawthorpe Hall (photos du château dispos sur internet aussi, pour ceux qui comme moi auraient eu du mal à se le représenter), vit avec son mari Richard, un homme qu'elle aime mais qui est trop souvent absent. Elle aime son indépendance, les promenades à cheval et la chasse, mais surtout elle a une grande blessure, celle de ne pas avoir réussi à mettre au monde un bébé vivant, et la peur de ne pas survivre à un nouvel accouchement. Or Fleetwood est à nouveau enceinte, son mari, comme elle, en est heureux et inquiet et voudrait la voir broder sur un fauteuil plutôt que de galoper à travers la campagne. Mais ce n'est pas le caractère de la jeune femme. Au contraire, lorsque Fleetwood a quelque chose dans la tête, bien malin celui qui la fera changer d'idée. Et Fleetwood est persuadée qu'une seule personne peut les sauver, elle et son bébé, c'est Alice Grey, une jeune sage-femme qu'elle vient de rencontrer. Mais en parallèle se dresse un grand procès pour sorcellerie accusant deux familles de la colline de Pendle. Et évidemment, il semble qu'Alice y soit mêlée. Dans une société où les femmes doivent obéïr à leurs maris, une jeune femme guérisseuse, non mariée, indépendante, c'est suspect.

Fleetwood, simple femme, va-t-elle réussir à sauver Alice, alors que le roi lui-même veut la tête des sorcières ? Avec ou sans Alice, va-t-elle mener cette quatrième grossesse à terme et survivre à son accouchement ? Et Richard qui s'éloigne peu à peu de cette femme obtue, quel camp va-t-il rejoindre ? Celui de son ami magistrat qui veut voir les sorcières condamnée, ou celui de sa femme à qui il semble très attaché ?

J'ai bien aimé lire à propos de la sage-femmerie de l'époque. Nombreux médicaments aujourd'hui sont issus de plantes, aussi les guérisseurs qui soignaient les troubles du sommeil avec de l'huile de lavande ou les nausées avec de la camomille n'avaient pas des pratiques si ésotériques, notre pharmacopée en est issue. J'ai recherché par exemple l'écorce de saule qu'Alice donne à Fleetwood comme anti-douleurs, elle contient effectivement de acide salicylique, précurseur de l'aspirine. Par contre, la saignée, ça c'est dépassé ;) 

Une petite lecture d'automne qui donne envie d'aller se promener dans les campagnes du nord de l'Angleterre, si besoin en était ! Et peut-être de ré-essayer de regarder Outlander aussi.

 

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16 octobre 2020

Estelle Maskame - Trilogie Did I mention I love you ?

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Eden, 16 ans, va passer l'été dans la nouvelle famille de son père, à Santa Monica, en Californie. Il vient de refaire sa vie, ce qui signifie qu'Eden a trois nouveaux demi-frères. Le plus âgé, Tyler, est un vrai bad-boy : séducteur, égocentrique, violent ... Mais Eden décèle en lui une grande fragilité, conséquence d'un lourd passé. Fascinée, elle ne peut s'empêcher de succomber au charme de la seule personne qui lui est pourtant défendue : son demi-frère.


 

Après "Couleurs de l'incendie", j'avais envie d'un roman plus léger, don't judge ! La trilogie d'Estelle Maskame a fait le job, ça se lit tout seul. C'est un fait une quadrilogie, mais je bloque un peu sur le numéro quatre "Just don't mention it".

Au fur et à mesure des différents tomes, l'auteur nous emmène à Los Angeles, à New York, à Portland, et les villes font partie intégrantes de l'histoire, les lieux ont leur importance. Ce qui m'a bien plus c'est entre autres que ce sont trois villes que j'ai déjà visitées, très facile donc de me mettre dans l'ambiance à chaque fois. L'histoire me bottait bien, parce que c'est probablement le fantasme de tous les enfants de divorcés, que l'un des parents refasse sa vie avec quelqu'un qui a un fils/fille canon de leur âge, ne nous mentons pas. Quand j'avais quinze ans, je rêvais d'être Eden, même si elle n'existait pas encore. Par contre, je ne vous le cache pas, elle est un peu agaçante cette Eden, un petit côté Mary Sue et judgy. Oui, je reviewe du young adult, je parle franglais si je veux ! L'auteur a écrit ces livre entre l'âge de treize et seize ans, on peut donc lui pardonner un peu d'immaturité dans le traitement des personnages ou des intrigues.

La relation entre Eden et Tyler est vraiment touchante et assez bien développée je trouve, avec évidemment tout un tas d'obstacles sur leur route. C'est du slow-burn, le genre que je préfère. Mention spéciale aux converses d'Eden et aux tatouages "No te rindas", j'ai adoré cette idée. L'alchimie entre les deux personnages est assez évidente, j'ai sûrement souri assez niaisement un certain nombre de fois pendant ma lecture.

Dans tous les "peut mieux faire", je mettrais la réaction de tout leur entourage à leur relation. C'est vraiment si choquant de voir des "Step-siblings" qui se sont connus à seize ans tomber amoureux ? Ca justifie vraiment de les triater en parias ? Parce que moi, je ne vois pas du tout le problème hein ! J'ai trouvé ça très exagéré, mais en discutant avec une amie, elle avait l'air de comprendre que ça puisse déranger. Les petits frères de Tyler sont complètement sous-developpés jusqu'au tome 3, et là je trouve aussi que le rejet de Jamie est très exagéré, sans parler du pauvre Chase qui est tenu complètement dans l'ombre du scandale de sa famille, ça n'avait pas de sens. Les histoires de drogues et de binge-drinking dans le T1... J'imagine que quand on parle de la jeunesse dorée de Santa Monica, c'est justifié, mais il y en avait vraiment trop, ça devenait lassant. J'ai largement préféré les deux tomes suivants rien qu'à cause de ça. Et le trauma d'enfant battu de Tyler, ça aussi ça faisait très over-ze-top dans le T1, pour justifier à quel point cet ado perturbé a des raisons d'être cassé. Finalement ça a été mieux traité dans les deux tomes suivants, il y a une réelle évolution du personnage. La relation entre Eden et son père est également très caricaturale et plutôt mal traitée, le personnage du père n'est pas du tout creusé.

Je critique pas mal, mais c'était quand même sympa à lire, et encore une fois, pas mal de maladresses dans le tome 1, que je mettrais sur le compte de l'âge de l'auteur, nette préférence pour les deux suivants. Quand au quatrième, je crois qu'il regroupe tout ce que je n'ai pas aimé, j'en suis au tiers et je rame ! On navigue entre l'enfance de Tyler avec son père violent, pas du tout la partie qui m'intéresse, et la version de Tyler du tome 1 avec les joints et l'alcool. Je ne sais pas si je vais le terminer !

18 septembre 2020

Pierre Lemaître - Couleurs de l'incendie

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Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d’un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l'adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.


 

Nous voilà avec la suite de "Au revoir là-haut". Terminées les magouilles de l'après-guerre, les gueules cassées, place aux années 30, au krach boursier, à la montée du fascisme. Ce deuxième tome de la trilogie, c'est l'histoire de l'inversion des classes, des grandes puissances qui se cassent la figure et des nouveaux riches. Et c'est construit à la manière de Pierre Lemaître, c'est à dire comme un bon polar.

On retrouve la famille Péricourt du premier volume. Madeleine est divorcée avec un fils qu'elle adore. Dans la grande maison, gravitent autour d'eux André, le répétiteur arriviste, qui rêve de devenir un grand journaliste, Léonce la dame de compagnie amie et cachottière, puis Gustave Joubert, conseiller de Madeleine pour tout ce qui concerne la banque. Car le roman commence par un grand chambardement pour Madeleine Péricourt, elle perd son père et devient unique héritière de la banque Péricourt, et le même jour son fils devient paraplégique en tombant de plusieurs étages sur le cercueil de son grand-père. Toutes ces responsabilités  dans l'entreprise familiale, elle n'y comprend pas grand chose, et surtout, elle ne s'y intéresse pas. Elle a mieux à faire, elle doit s'occuper de son enfant. Pas de chance, Madeleine est entourée de manipulateurs qui n'hésiteront pas à la trahir pour que sa chute soit leur ascencion sociale.

La suite pourrait s'appeler "La revanche des Péricourt" car Madeleine et Paul ne vont pas s'avouer vaincus, on les a malmenés, on va payer. Ils n'ont plus grand chose, mais ils ont de l'ingéniosité et vont finir par trouver de vrais soutiens. Mention spéciale à Vladi, la nurse qui ne parle que polonais mais parvient tout de même à se faire comprendre, et à M. Dupré, ancien communiste, qui se lie avec Madeleine un peu à contre-coeur au début, mais se révèlera un très bon allié ! Sans parler de Solange, cantatrice Castafiore haute en couleurs.Paul devient un jeune garçon qui supplante son handicap avec une grosse dose d'intelligence, faisant ainsi penser à son oncle Edouard du tome précédent, mais avec une plus grande force de résilience. N'oublions pas non plus Charles Péricourt, l'oncle véreux de Madeleine, belle dose comique du roman avec sa femme et ses deux filles, qu'il essaie de caser, avant de s'apercevoir qu'elles sont tout simplement trop idiotes et trop laides. Mais bon, s'il réussi suffisament en politique, il a un vague espoir d'arriver à les refiler quand même...

Manoeuvrements politiques, chutes ou ascensions sociales, trahisons, manipulations, sur fond historique d'entre deux guerres et d'une société en plein chamboulement. Il y a tous les ingrédients pour faire un bon roman, et Pierre Lemaître ne s'y trompe pas.

20 août 2020

Anne-Laure Bondoux - L'aube sera grandiose

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Les secrets remontent toujours à la surface. Alors que Nine, seize ans, devait se rendre à la fête de son lycée, sa mère l'embarque vers une destination inconnue, une cabane isolée au bord d'un lac. Cette nuit-là, la jeune fille découvre un incroyable roman familial. Quand l'aube se lèvera, plus rien ne sera comme avant.


 

C'est d'abord le titre qui m'a attiré le regard, je l'ai trouvé splendide, puis la quatrième de couverture m'a plu. Les secrets de famille, ça marche à tous les coups.

Autant vous prévenir tout de suite, ce roman ne se lâche pas, Titania sait bien raconter les histoires et on a envie de savoir la suite. On commence de nos jours, par Titania qui kidnappe sa fille et l'emmène vers la cabane. Nine est furax, elle rate la fête du lycée et son téléphone n'a plus de batterie. Mais petit à petit, Nine est intriguée, qui est ce Octo dont parle sa mère et qui a laissé le dîner dans la cabane ? Quel est cet endroit qu'elle ne connaît pas mais qui est si familier à sa mère ? Qui est Titania d'ailleurs ? Durant toute la nuit, mère et fille vont parler, enfin la mère surtout et Nine va écouter. Quelques heures pour raconter toute une vie.

A travers le récit de Titania, on plonge dans les années 70 puis 80, quand le smartphone et le lecteur mp3 n'existait pas, une enfance bien différente de celle de Nine. On découvre Rose-Aimée, une femme qui marche au coup de coeur semble-t-il. Au fur et à mesure on apprend à la connaître autrement, une maman lion qui couve ses petits avant de les laisser découvrir la jungle. L'enfance de Titania n'est pas toujours drôle, il y a même quelques drames, mais elle est pleine d'amour. Ses deux petits-frères jumeaux si différents, sa mère, ses beaux-pères si attachants. Jusqu'au jour où elle est ses frères ont été lâchés brutalement dans l'âge adulte. Cet évènement qu'on nous promet depuis le début du récit, je ne l'avais pas du tout deviné.

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, la suite de ce billet dévoile des parts importantes du récit. J'ai trouvé très superposables les lignes de Titania et de Rose-Aimée. Toutes deux ont dû faire une croix sur leurs famille et élever leurs enfants en faisant croire qu'elles étaient orphelines. Toutes deux ont fini par s'ouvrir un jour à leurs enfants lorsqu'ils ont été assez grands. J'ai trouvé très dur l'acte de Rose-Aimée, de prendre l'argent et de condamner ses enfants à se séparer si jeunes, à tout recommencer seuls. Je me suis demandée aussi comment on mettait discrètement trois millions de dollars en banque. Jusque là Rose-Aimée avait entouré ses trois petits, j'ai eu du mal à comprendre cet acte de survie, moi je lui en ai voulu. J'ai trouvé également que le récit nous laissait sur notre faim, il clôt l'histoire de Nine et Titania, mais pas celle de Consolata, Octo, Orion et Rose-Aimée. Certes on nous a dit ce que devenaient les garçons, mais j'aurais voulu assister aux retrouvailles. J'ai trouvé un peu tarabiscoté que Conso se fâche avec ses frères à propos de Pietro, et finalement n'aille jamais le voir. J'ai aimé qu'elle n'y aille pas, mais ça m'a semblé un peu téléphoné. 

Bref, j'ai adoré ce roman, il se lit tout seul, le style est agréable, les pages se tournent les unes après les autres sans jamais avoir envie de poser le livre. On est dans cette cabane avec Nine et sa mère. Pourtant j'ai trouvée la fin un peu bâclée. Ca ne m'a pas gâché ma lecture, mais ça aurait pu être un peu plus soigné.

 

 

 

18 août 2020

Leila Meacham - Le ranch des trois collines

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Printemps 1900. Séparés à leur naissance, des jumeaux, Nathan et Samantha, fêtent leur vingtième anniversaire, dans des comtés éloignés de l'État du Texas, sans se connaître ni soupçonner l'existence de l'autre. À la ferme de Barrows, Nathan reçoit une visite inattendue qui va bouleverser son existence. Trevor Waverling, un titan des premières heures du forage pétrolier, vient lui proposer un pacte des plus étranges. À Fort Worth, à trois jours de chevauchée au sud, Samantha décide que son destin se trouve sur les terres de Las Les Lomas, le ranch des Trois Collines, l'un des plus grands du Texas. La jeune fille entend aider son père adoptif à réaliser son rêve : devenir un titan de l'élevage texan. Mais malgré les secrets bien gardés, les routes de Nathan et Samantha sont appelées à se croiser. La vie réunira-telle les jumeaux séparés ?


 

Voilà encore un bouquin qui fait bien office de placebo pour toutes ces grandes saga de l'été qui me manquent.

Début du 20e siècle, grandes immensités de terres sauvages, au pays des ranchs et du pétrole, c'est tout à fait dépaysant. Le résumé nous apprend tout de suite que nous avons à faire à une histoire de jumeaux séparés à la naissance, or dès le premier chapitre, un autre secret de famille est dévoilé. Ca commence fort. Des grandes demeures, des familles fortunées, tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne.

On suite donc le destin de trois familles. Les Holloway sont les premiers avec qui nous faisons connaissance. Ils vivent sur une ferme en Oklahoma, proche de la Rivière rouge qui fait la frontière avec le Texas. Millicent Holloway, la mère, a hérité la ferme de son père, mais elle rêve à plus que ça, à une vie de citadine, à faire de son fils un homme d'affaires et de sa fille une débutante. Son mari se contenterait bien de continuer à traire la vaches et faucher le blé, mais il n'a pas son mot à dire, ce n'est pas son argent. On assiste donc à la vente de la ferme familiale, Millicent arrivera-t-elle à réaliser ses rêves et atteindre la classe sociale qu'elle souhaite ?

Un peu plus loin, à Dallas, vit la famille Waverling. Un homme Trevor, qui dirige une entreprise de forage de pétrole appartenant à sa mère. Trevor pourrait être ce magnat détestable qu'on attend, et pourtant il n'en est rien. On découvre un homme très seul, qui vit avec sa vieille richissime mère et sa fille. Or, la mère croit Trevor responsable de la mort de son frère, et la jolie petite-fille est atteinte de retard mental. Trevor a besoin d'un soutien, d'un héritier, et c'est ainsi que Nathan Holloway va se retrouvé propulsé de la traite des vaches dans la ferme familiale, à une riche entreprise d'extraction de pétrole à Dallas.

Non loin de Dallas, se trouve le Ranch Las Tre Lomas, qui appartient depuis quelques générations à la famille Gordon. Les Gordon ont une fille unique et adorée, Samantha, destinée à reprendre les rênes du ranch après son père. Elle n'a pas froid aux yeux et s'en sent tout à fait capable. Samantha est passionnée  par la paléonthologie mais refuse d'entrer à l'université pour l'étudier, elle doit à ses parents qui l'ont adoptée et aimée, d'être fidèle au ranch, et elle l'aime ce ranch. Mais quand se présente un dilemne, quel choix fera-t-elle, entre la possible découverte d'un cimétière de dinosaures ou la fortune pour Las Tre Lomas ? Car les deux semblent incompatibles. Aux côtés de Samantha, on découvre aussi une partie de la population de Fort Worth, notament Sloan son amour d'enfance, visiblement prêt à se marier à la fille du banquier, et la soeur de celui-ci, aux amours contrariées avec un forgeron.

Evidemment, on le sait tout de suite, Nathan et Samantha sont les jumeaux séparés à la naissance, mais qui sait quoi exactement ? De la mère, du père, des parents adoptifs ? Certains ont des intérêts à dévoiler les secrets de famille, d'autres non. Le lecteur ici est plutôt omniscient, nous apprennons à peu près tout avant les différents protagonistes, ce qui permet de se demander comment chacun va réagir. Car tout ce petit monde ne va cesser de se croiser, de se chercher, de se manquer ou de s'éviter, ça devient parfois un vrai petit sac de noeuds. J'ai beaucoup aimé lire ce livre que j'ai trouvé dépaysant, ces grandes plaines du Texas, les ranchs, les chevaux, les vaches au début de l'ère de l'industrialisation. Presque tous les personnages sont attachants par ailleurs, même si Neal Gordon m'a parfois profondément agacée. Il y a quelques antogonistes, tels Todd, l'ami de Sam et le géologue de Waverling, ou Daniel le petit-ami de Billie June, qui veut faire la peau à Sloan. En revanche ça manque de vrais méchants qui ne se dégonflent pas. Tout le monde est en peu trop plein de bons sentiments et ça rend le tout trop facile. Je pense à la fin du livre, quand Samantha dénoue tout un sac de noeur en quelques pages, c'est trop rapide. On nous fait miroiter un conflit entre elle et Sloan si un jour elle découvre ce qu'il a fait, et voilà qu'elle comprend toutes ses intentions sans même qu'il ait à se justifier, pas la moindre petite dispute. J'ai trouvé que les actes des uns et des autres manquaient un peu d'un réel impact. Mais le roman fait la part belle aux liens familiaux, à la place du père, puisqu'il y en a plusieurs dans ce récit, et finalement bien peu de mères présentes ou dignes de l'être. Les liens du sang opposés aux liens du coeur, mais finalement il y a de la place pour tout ça.

J'irais probablement lire "Les roses de Somerset" qui est la livre le plus connu de cette auteur. Un jour faudrait-il peut-être aussi que je me plonge dans "Autant en emporte le vent" en parlant de littérature du sud des Etats-Unis.

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27 juillet 2020

Virginia C. Andrews - Les enfants des collines

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Heaven vit dans une cabane sordide en compagnie de ses parents, de ses grands-parents et de ses quatre frères et soeurs.
Perchée dans les collines, démunie de tout, la vie est un véritable cauchemar pour la jeune adolescente. Son père, un minable contrebandier qui passe ses nuits à jouer, la déteste. Sa mère adoptive, de nouveau enceinte, met au monde un enfant mort-né avant de s'enfuir du foyer maudit. Seule pour veiller sur la famille, Heaven doit abandonner l'école et voler de la nourriture pour survivre. Et l'horreur poursuit son chemin...
Tour à tour les enfants sont vendus, Heaven devient l'esclave d'un couple riche. Mais envers et contre tout, malgré la malédiction qui pèse sur elle, elle garde intact l'espoir de retrouver ses frères et soeurs disparus !


 

J'ai décidé de relire la saga de Heaven, oui je sais il me reste un tome de Jalna, mais c'est promis ça viendra. J'ai lu les Heaven pendant des vacances chez ma cousine à Seattle quand j'avais dix-sept ans. Ils faisaient partie des rares romans en français de la bibliothèque du quartier, une saga familiale en cinq tomes, j'ai pris. Alors je vais être franche, cette saga est tout à fait dispensable, la surenchère du sordide, et pourtant, en rentrant en France, je les ai achetés tous les cinq, et dix-neuf ans après j'entreprends de les relire. Allez comprendre... Mais si, contrairement à moi, vous avez des vacances cet été, peut-être même une vieille maison de famille dans la campagne au milieu de rien, alors c'est ce qu'il vous faut. Ce livre est un bon vieux page-turner, quand on croit qu'on ne peut pas tomber plus bas, paf eh bien si !

Alors qu'est-ce exactement que cette histoire ? C'est celle d'Heaven Leigh Casteel dans les années 60 en Virginie Occidentale, plus précisément dans les collines proches de Winnerrow, là où vit la misère. Heaven a treize ans au début de ce livre et vit dans une cabane de deux pièces avec ses quatres frères et soeurs, ses deux grands-parents, son père et sa mère. Il y a le lit parental, et tous les autres dorment à même le sol près du vieux poële qui fume. Il fait froid, mais la chaleur humaine ça réchauffe, ils n'ont pas de sous, mais des poules qui font des oeufs et du cochon pour le lard. Les enfants marchent dix kilomètres aller et dix kilomètres retour pour aller à l'école. Ah ça relativise un peu nos petits problèmes, mais ce n'est pas fini. Car le père joue et perd, ils se retrouvent vite sans animaux, et les dîners deviennent de plus en plus maigres. De fil en aiguille, la mère se fait la malle après avoir mit au monde un petit mort-né à cause de la syphilis que lui a refilé son mari, la grand-mère meurt, les enfants se retrouvent livrés à eux même puis vendus les uns après les autres. Et évidemment le jeune et beau couple d'Atlanta qui recueille Heaven n'est pas ce qu'il paraît, et ce n'est pas parce qu'elle est sortie des collines qu'Heaven est heureuse. Et ce n'est que le premier tome !

Pourquoi j'ai aimé cette saga malgré son côté Télénovela d'Amérique centrale ? Parce que c'est truffé de secrets de famille déjà, et ça j'aime bien. Retenez principalement que personne n'est l'enfant de qui l'ont croit. Ce qui amène des jeunes gens à s'aimer alors qu'ils sont proches parents, et d'autres à s'interdire de s'aimer parce qu'ils pensent l'être, alors que pas du tout ! Si on faisait l'arbre généalogique officiel et corrigé ce serait un beau bazar. Même pour moi j'avoue, c'est too much. J'aime bien la fratrie de Heaven, sa relation avec son frère Tom, comme deux jumeaux, ils ont tenu la famille à bout de bras, se sont battus pour continuer à aller à l'école et l'affection qu'ils se portent l'un à l'autre est touchante. Ensuite il y a Fanny, la petite peste égoïste, capable de tout pour arriver à ses fins, elle on ne l'aime pas trop, mais parfois on voudrait lui laisser une chance de se racheter, elle n'a pas la vie facile Fanny. Et puis il y a Keith et "Notre Jane", les deux petits derniers, ceux qu'Heaven a presque élevés, les premiers qui leur sont arrachés, deux petits enfants idéalisés et perdus à jamais. Ils auront été les premiers à être vendus à un couple qui peut leur offrir une belle vie, et Heaven n'aura de cesse pendant des années de les retrouver. C'est son moteur, ce qui la fait tenir, elle doit réunir sa famille, réparer ce que son père a cassé. Elle est attachante Heaven Leigh, malgré son prénom de Mary Sue. Une jeune fille intelligente, courageuse et aimante, et on espère la voir émerger de ce milieu qui n'est pas le sien où les filles se marient à quatorze ans, tombent enceintes et sont grand-mères à trente-cinq ans. Car c'est la première révélation du livre, Heaven n'est pas la fille de la mère qui l'a élevée, sa mère était une jeune fille de bonne famille de Boston, qui avait fugué et atterrit dans les collines. Le père l'appelait "Angel" et elle est morte en mettant Heaven au monde à quatorze ans, sans que personne dans les collines n'apprennent son histoire, ses secrets, il ne reste qu'une valise avec de beaux vêtements de la ville et une belle poupée de porcelaine à son effigie. Le livre se conclut sur le père qui promet avoir changé et essaie de réunir sa famille, de leur offrir un vrai toit, mais c'est trop tard pour Heaven, elle veut désormais aller à la rencontre de ses grands-parents de Boston. Nous voilà donc en route pour le tome deux, extraite de milieux hostiles, Heaven est en route vers Boston. Mais alors, une grande maison, des grands-parents chics, tant de belles apparences, qu'est-ce que sa mère a fuit exactement à quatorze ans ? Rendez-vous dans le tome deux, et j'ai un souvenir un peu ému de Troy que nous y découvrirons.

Vous savez quoi ? Ca me rappelle un peu ces sagas de l'été qui passaient à la télévision il y a vingt ans, et ce n'est finalement pas un tellement mauvais placebo. On n'en attend pas une grande qualité, mais du divertissement, des rebondissements et surtout des secrets de famille enfouis.

11 juillet 2020

Mazo de la Roche - Les sortilèges de Jalna

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Maitland Fizturgis et sa soeur, Sylvia Flemming, arrivent d'Irlande pour la présentation officielle de celui-ci en tant que futur mari d'Adeline. Finch et Maurice viennent également, et Maurice apporte avec lui ses problèmes de coeur.Cela devient rapidemment l'une des années les plus marquantes que Jalna ait connue et l'histoire se termine par plus d'une cérémonie de mariage.


Je ne me rappelais pas grand chose de ce tome, à part qu'il s'agissait de l'arrivée de Fizturgis à Jalna, et j'avais  assez hâte de le redécouvrir. Eh bien mal m'en a pris, si je ne me rappelais que de ça, c'est parce que c'est à peu près tout ce qu'il s'y passe ! 

Renny fait connaissance avec le fiancé d'Adeline, et comme on pouvait s'y attendre, il ne l'aime pas beaucoup. Maitland ne s'intéresse pas tellement aux chevaux et montre peu d'intêret pour la vie à Jalna. Oh, il essaie, on ne peut pas lui enlever ça, mais Adeline n'a aucune intention de quitter sa terre natale et on sent que ça risque de bloquer à un moment. Comme Alayne, Maitland est capable de faire le sacrifice de rester par amour, mais il ne sera jamais à sa place ici. Adeline ne voit rien de tout ça, aveuglée par les oeillères de l'amour et le bonheur d'avoir retrouvé son amoureux et de lui faire découvrir sa vie et sa famille. Il n'est guère étonnant qu'il s'entende donc bien mieux avec sa future belle-mère que son futur beau-père, et en effet, une certaine connivence va s'installer entre lui et Alayne, parfois un peu ambigüe, mais de façon très furtive. Bref, on sent que la relation entre Adeline et Maitland est une cause perdue, dès le début ! Ils s'aiment, cela ne fait pas de doute, mais ça ne suffit pas.

Wakefield est le grand absent de ce tome, très occupé à faire des tournées aux USA, ses talents de comédien font fureur. On apprendra à la fin qu'il a décidé de s'installer avec Molly et qu'ils vivent "comme mari et femme" mais on décidé de ne jamais avoir d'enfant. Eh bien, grand bien leur fasse ! Même si je suis déçue que la lignée de Wake s'arrête là. La génération suivante n'est pas si nombreuse au final, Philippe II a peut-être fait 6 enfants, mais il n'a que 9 petits-enfants, avec qui on fait plus ample connaissance durant ce livre, ça c'est la partie que j'ai bien aimée de ce tome "Faits et gestes à Jalna". Maurice vient d'Irlande pour le mariage d'Adeline, mais il n'est pas très en forme, son chagrin d'amour pour sa cousine lui a donné un sacré penchant pour la bouteille. Il est amusant de voir la famille de Piers essayer de s'auto-protéger. D'abord Nook qui tente de cacher l'alcoolisme de son frère à ses parents, puis Pheasant qui demande à Nook et Philippe d'empêcher Piers de voir Mooey sâoul, et à son tour Piers qui essaie de protéger Pheasant de la peine de voir son fils dans cet état. Maurice est parfois un peu pathétique, mais j'aime qu'il garde toujours une bonne camaraderie avec Adeline, l'amitié entre ces deux-là est inattendue mais perdure avec les années et malgré Maurice qui se comporte toujours en amoureux éploré. Mais Adeline a probablement plus d'affection pour ce cousin que pour n'importe quel autre, même si elle ne l'aime pas comme il le voudrait. Depuis leur voyage, Maurice et Finch sont assez proches, et c'est chez son oncle que Maurice va se réfugier lorsque le regard de ses parents devient trop pesant. Maurice est fatigant à tourner en boucle sur son amour pour Adeline, mais il reste pour moi assez attachant, il a un bon fond, il est juste malheureux... J'aurais aimé que l'auteur sorte ce personnage de cette ornière et le laisse devenir quelqu'un. Nook, le deuxième fils de Finch est devenu un de ces Whiteoak artistes, il peint et se fait appeler Christian. Son prénom officiel est Finch, et il y a déjà un Finch Whiteoak très connu de par le monde. Il s'éloigne un peu de Philippe et se rapproche de Maurice, il va d'ailleurs repartir avec lui en Irlande pour découvrir le monde et sauver son frère de ses démons. Philippe est probablement le moins developpé des cousins pour le moment avec la petite Mary. Patience, la fille de Meg est une jeune femme très sympathique, contrairement à sa mère, qui a les pieds sur terre et ne renâcle pas à l'effort, elle travaille à la ferme avec Piers et n'hésite pas à mettre les pieds dans la boue. Une fille simple et souriante, tout le contraire de sa cousine Roma avec qui elle partage sa chambre depuis plusieurs années. Roma est toujours aussi antipathique, elle a la futilité de sa mère et le détachement de son père, il semble que tout glisse sur elle, ça ne la dérange même pas de voler le petit-ami de Patience. Roma rêve de New York et d'école de mode, et laisser la famille derrière elle n'est guère qu'un avantage de plus. Elle ressemble à Eden pour qui l'Ontario était trop petit et qui rêvait de liberté, mais lui au moins était attaché à sa famille, il aimait ses frères, ses oncles, sa grand-mère, même s'il était très égoïste, Roma n'a pas ça pour elle, elle n'aime guère qu'elle-même. Celui qui ressemble en réalité le plus à Eden est ironiquement le fils d'Alayne. Archer a grandi et il regarde le monde avec un cynisme qui rappelle furieusement l'oncle qu'il n'a jamais connu, même Renny le dit. Vous ne serez pas surpris, Archer me fait rire, dès les premières pages du livre, alors qu'il s'agace que le retard du train de Fizturgis le force à boire un thé froid.  Il a un pied dans les traditions familiales, et l'heure du thé est capitale pour lui, et un autre dans son époque en amenant son père à faire installer la télévision à Jalna. J'ai beaucoup aimé d'ailleurs la fin du livre, ces quelques chapitres dans lesquels les Wragge sont partis, lorsqu'Alayne part en voyage à New York et que Renny se retrouve seul à Jalna sans domestique en petit comité avec ses deux enfants. Les Whiteoak apprennent à faire le ménage, la cuisine et trouvent que c'est bien peu commode d'avoir installé la cuisine au sous-sol. Ah, cette maison qui a connu des palanquées de domestiques dans ses premières années ne semble guère adaptée à la vie moderne... Wakefield de son côté, trouve ça très amusant de faire ses courses et de cuisiner soi-même dans son appartement New Yorkais, j'aime voir les Whiteoak découvrir la vie ! Il nous reste donc Dennis, le fils de Finch. J'ai eu de la compassion pour lui, pourtant c'est loin d'être un  personnage que j'apprécie, trop le fils de sa mère. Finch a sa nouvelle maison construite sur les ruines de Vaughanland, mais il la fait meubler tout doucement, il s'y trouve bien seul, et dès qu'elle sera complète, Dennis et Meg vont débarquer, il n'a pas hâte. Dennis n'a qu'une envie, que son père fasse attention à lui mais Finch le rejette perpétuellement. Lorsque la chambre d'enfant est enfin meublée, Finch y logera Maurice en laissant Dennis à Jalna. Le pauvre gamin est orphelin de mère et son père ne demande rien de mieux que de ne pas l'avoir dans les pattes... Finch d'ailleurs développe semble-t-il une amourette pour la soeur de Maitland, qu'il plaque pour une raison complètement foireuse, rien compris à cette histoire, à part que Finch aimerait qu'on lui fiche un peu la paix.

Voilà mes chers lecteurs, où nous laisse ce livre, je ne dévoilerai pas ici qui se marie à la fin et les pirouettes amoureuses diverses de ce volume. Mais c'est avec tous ces personnages que nous allons entamer le dernier tome de la saga. Ah oui, sinon l'oncle Nick est mort, il aura tenu 15 tomes sur 16, belle performance !

 

 

 

9 juin 2020

Mazo de la Roche - La fille de Renny

la fille de renny

 

Le jeune Maurice Whitebak doit se rendre en Irlande pour recueillir un héritage : une grande propriété ? grande du moins selon les normes du vieux continent sinon celles du Canada et du domaine familial de Jalna. Il rêve d'en faire reine sa cousine Adeline. Toute la famille sourit à ce projet, sauf Renny qui trouve que sa fille a bien le temps de penser au mariage et Adeline elle-même qui a simplement envie de voir le monde. Ce n'est donc pas comme fiancés que les deux cousins prennent le bateau, chaperonnés par leur oncle Finch. Pendant ce temps à Jalna, les choses ne sont pas allées toutes seules. La lutte de Renny avec Clapperton, sa bête noire, n'est que la plus marquante des péripéties qui ont bouleversé la vie du domaine pendant l'absence des voyageurs. 


 

Je crois que je suis sur une bonne lancée pour finir la saga bientôt ! J'ai beaucoup aimé "La fille de Renny" qui se concentre moins sur les personnages habituels, ce qui laisse de la place à d'autres pour évoluer. Jalna est riche en personnages, et il est parfois difficile de tous les suivre. Celui-ci, évidemment, tourne autour d'Adeline qui a dix-huit ans et découvre enfin la vie en dehors du microcosme de Jalna. Autour d'elle, gravitent Maurice et Finch. Il est intéressant de noter que les scènes dans la grande maison sont plutôt minoritaires dans ce tome, laissant une belle part au voyage d'Adeline, New York, le paquebot, l'Irlande, Londres, mais aussi à Vaughanland habité par Clapperton, sa femme et sa belle-soeur, les bungalows construits sur la propriété et la cuisine où officient les Wragge. On passe du temps avec Wright, le vieux Noah Binns à la retraite, les Wragge, les Barker habitant un des bungalows, et évidemment les Clapperton. Alors j'ai parfois trouvé qu'on passait justement un peu trop de temps à Vaughanland, mais dans son ensemble, j'ai bien aimé qu'on s'intéresse à la communauté gravitant autour de Jalna. Ca m'a rappelé les deux premiers tomes de la saga où les Lacey, Busby, Pink Wilmott, Tite, faisaient partie intégrante du paysage. Je pourrais dire que ça s'était un peu perdu en route, mais il faut se rappeler que tout ceci a été écrit dans le désordre et les trois tomes que Mazo de la Roche a écrit avant celui-ci sont dans l'ordre "La naissance de Jalna" "Retour à Jalna" et "Mary Wakefield". Je trouve ça intéressant à noter, car on retrouve quelques clins d'oeil avec "La naissance de Jalna". Evidemment le plus important est la similarité entre les deux Adeline, deux jeunes femmes pleines de fougue, impulsives et passionnées. Il est fait mention également dans ce tome du baptême d'Ernest qui clôt le premier opus, première cérémonie à avoir eu lieu dans la petite église de campagne. Car, attention spoilers, on perd Ernest dans ce tome 14, et j'ai été assez émue par ses obsèques dans l'église qu'il avait inauguré bébé, et par Noah Binns à la retraite, qui tient à creuser la tombe du vieil homme et à sonner le glas pour lui. Il meurt le lendemain de l'incendie de Vaughanland, la maison où il a été conçu est partie en fumée.  Ca nous rappelle que voilà plus de quatre-vint-quinze ans que nous suivons cette famille, et c'est quelque part une page qui se tourne pour les Whiteoak, même s'il reste le bon vieil oncle Nick.

Le livre commence à Jalna, trois ans après la fin du précédent. Nous faisons la connaissance de Dennis, le fils de Finch, qui vient de fêter ses neuf ans. Cet enfant est élevé par toute la famille, car Finch est souvent absent, et quand il est là il ne s'intéresse guère à son enfant. Dennis lui rappelle Sarah et il semble incapable de l'aimer, alors que tout ce que cherche le petit garçon c'est l'affection de son père. Mais il s'aggrippe, se cramponne d'une manière qui ulcère Finch. Il faut dire que cet enfant est assez étrange, mais Finch n'est clairement pas un bon père. C'est donc presque la tradition familiale d'élever les enfants en communauté, comme dit Renny "tout le monde s'emmêle", ce qui agace Alayne dès qu'il s'agit de ses propres enfants. A Jalna, nombreux sont les enfants qui ont grandis sans parents, Eden, Piers, Finch, Wakefield, Roma et maintenant Dennis, car Finch n'a de père que le lien génétique. C'est donc habituel de voir les enfants punis par des oncles. Mais lorsqu'il s'agit de faire la leçon à Archer, Alayne aimerait bien qu'on se rappelle qu'il a père et mère et qu'ils se chargent de l'éduquer comme ils l'entendent. Peine perdue à mon avis ! On aperçoit également la petite Mary, fille de Piers, âgée de trois ans, petite chérie de toute la famille. Le livre commence par l'annonce que Clapperton, le voisin antipathique, souhaite reprendre son idée de village modèle au pied de Jalna, mais les Whiteoak se liguent en disant qu'ils ne le permettront pas. Evidemment ils n'ont aucun pouvoir légal pour l'en empêcher, mais on sait bien que cette famille fait la pluie et le beau temps sur tout le coin, et Clapperton s'attaque peut-être à plus fort que lui. Le deuxième événement est la majorité de Mooey, qui hérite enfin de Glengorman et va rentrer en Irlande, chez lui. Son souhait est d'y emmener Adeline dont il est amoureux et que toute la famille souhaiterait voir l'épouser. Petite pause ici pour remarquer que la consanguinité qui gênait tant Renny dans "Le destin de Wakefield" forçant Wake et Molly à rompre, ne pose plus aucun problème pour personne maintenant. Alors certes Wake était le "demi-oncle" de Molly, alors que Maurice et Adeline ne sont que "demi-cousins" mais ça me chagrine un peu pour Wakefield. Bref, il n'est pas convenable d'envoyer les deux cousins seuls, donc Finch est désigné pour les chaperonner, car Renny ne veut pas s'éloigner de Clapperton.

Nous voilà donc partis pour l'Irlande, et très vite le voyage va se compliquer. Ils n'ont même posé un pied sur le sol de la vieille Europe qu'Adeline tombe amoureuse sur le paquebot de Maitland Fitzturgis, un irlandais de trente ans sans le sou. Tout le monde semble le trouver fort sympathique jusquà ce que Maurice les surprenne tous les deux. A partir de là, Mooey devient taciturne et franchement insupportable, et Finch se trouve bien dans l'embarras de devoir se mêler des affaires de quelqu'un d'autre. Coincé entre le bonheur d'Adeline et l'idée que Renny la lui a confiée, Finch n'est pas très à l'aise, mais je trouve ma foi qu'il s'en sort très bien ! Et pourtant qui aurait envie de chaperonner la réincarnation de Gran, qui file à la première occasion sans dire où elle va et téléphone à la nuit tombée pour dire qu'elle passe la nuit chez Fitzturgis ? J'ai bien rit devant l'impulsivité d'Adeline en imaginant que son aïeule aurait sûrement fait tout pareil, mais se serait récolté des coups de bâtons de son propre père. J'ai d'ailleurs suivi toutes les aventures d'Adeline éprise de son premier amour en me disant WWRS ? What would Renny say ? Ah ah, je crois que Renny aurait convulsé ! M'enfin il n'en savait rien, et il est revenu à Finch d'essayer de prendre soin de sa nièce et de la réconcilier avec Maurice. Car évidemment Maurice est devenu bougon et sur la défensive en permanence. Comprennez-vous, il avait l'espoir d'épouser Adeline, et il avait fait des projets, tout tombe à l'eau. Mais mon garçon, n'as-tu jamais pris en compte dans tes projets, le fait qu'Adeline n'était pas amoureuse de toi ? Quand je pense qu'enfant j'espérais que ce couple se concrétise... Il faut dire qu'Adeline en fait tourner des têtes, il n'est pas un jeune homme qui ne soit pas amoureux d'elle, Mooey, Maitland, Pat Crawshey, Humphrey Bell le nouvel habitant de la ferme aux renards... La digne héritière de son arrière grand-mère à qui toute l'Irlande faisait la cour. J'ai adoré suivre les première passions amoureuses de la jeune Adeline, comme ses premiers chagrins de devoir se séparer, car il faut bien rentrer au Canada et Maitland est coincé en Irlande. Mais heureusement il y a l'oncle Finch qui est là pour la serrer contre lui. Et puis Renny également, lorsqu'il finit par apprendre tout ça, qui prend ça avec philosophie "Non je ne suis pas fâché, j'ai été amoureux moi aussi". Gageons qu'il ne l'aurait pas aussi bien pris s'il avait été là-bas, voyant sa fille désobéïr pour retrouver son amoureux... Eh bien, Adeline a grandi et la relation père/fille est toujours aussi jolie.

Pendant tout ce temps, le lecteur est ramené régulièrement au Canada, à Vaughanland, pour suivre les pérégrinations de ses habitants. Clapperton est un petit homme méprisable et son mariage prend l'eau. Gemmel tombe amoureuse de Raikes, l'homme à tout faire peu scrupuleux, et Althea s'entend bien mal avec son beau-frère. Clapperton, aigri, n'a de cesse que de faire de la vie des autres un enfer. Il veut quitter le Canada, mais pas avant de s'être vengé de ces Whiteoak qui lui ont ruiné tous ses plans. Il construit de nouveaux bungalows au pied de Jalna et projette de faire monter une usine sur une ancienne ferme. Le karma va se retourner contre lui puisqu'il va partir en fumée avec Vaughanland. Tout le monde le croit mort en héros, voulant sauver Althea des flammes, en fait il voulait juste sauver un service à thé. Bien fait. Tout est bien qui finit bien, le méchant est mort, Althea part vivre à New York avec Molly et Gemmel va probablement épouser Raikes. J'ai trouvé toute cette partie un peu longue, même si j'ai aimé qu'on en apprenne plus sur le reste de la communauté.

Notes diverses. J'adore la relation de Piers et Meg ! Chaque fois qu'ils se parlent c'est pour que Piers remette sa soeur à sa place. Il semble être le seul à ne pas idôlatrer cette soeur, probablement parce qu'elle a été si dure avec Pheasant, il ne le lui a jamais pardonné. Lorsqu'elle joue les pauvres veuves éplorées, se plaignant d'avoir dû vendre Vaughanland, il lui rappelle qu'elle s'est fait un joli pécule dessus. Car Piers, comme tous les autres Whiteoak aime l'argent et ne le cache pas, Meg l'aime autant que les autres et a bien profité de l'héritage de Finch, mais elle fait toujours semblant de ne pas y attacher d'importance. Piers voit clair dans son jeu et ça m'amuse beaucoup ! Finch a acheté les ruines de Vaughanland, dans l'idée de s'y refaire construire une maison et de l'habiter seul, d'y être tranquille, enfin il va être obligé d'y amener Dennis. La réaction de Piers lorsque Meg projette de vendre la maison qu'elle occupe avec Patience et Roma, et de s'installer chez Finch est parfaite, moqueuse à point ! "Pauvre diable, dit Piers avec commisération, vivre avec trois femmes !". J'ai également bien aimé la réaction de Renny à l'idée qu'un jour ses enfants se marieraient qui qu'ils pourraient vivre sous son toit tous "Il était toujours convaincu de l'élasticité de Jalna et de sa capacité d'abriter toute la famille" Ma foi, vu le nombre de personnes qui y vivait à l'époque du commencement de "La moisson de Jalna", je jure que Jalna est clairement élastique ! J'ai été amusée par le passage où Adeline et ses parents vont rendre visite à Archer dans son pensionnat, où sont également Nook et Philippe. J'aime bien voir les Whiteoak sortis de leur contexte, voir les enfants évoluer dans un autre univers. Surtout les professeurs qui les appellent Whiteoak un, deux et trois. Merci par ailleurs à la traductrice de m'apprendre qu'un transat est le diminutif de "transatlantique", on appelle ces longs fauteuils de jardin ainsi car ils étaient intialement conçus pour les ponts des paquebots qui faisaient des traversées transatlantiques ! Et le temps passe dans Jalna, même si tout semble immuable dans la grande maison, conservé comme au temps des premiers Philippe et Adeline, on note que plusieurs personnes prennent l'avion dans ce tome. L'avion ! Alors que Renny regrette toujours qu'il y ait autant de voitures sur la route et qu'il ne puisse plus s'y promener à cheval tranquillement...

4 juin 2020

Mazo de la Roche - Retour à Jalna

return to jalna

 

Dans Retour à Jalna, le famille Whiteoak se trouve réunie après plusieurs années de séparation. Piers, Renny et Wakefield reviennent de la seconde guerre mondiale. Finch termine une tournée de concerts et Maurice rentre d'Irlande. Adeline, 15 ans est le portrait frappant de son homonyme. C'est une période de changements et de tensions, mais la famille reste unie contre tous les autres.


 

J'avais oublié cette collection qui agrémente ses couvertures de commentaires plus ou moins amusants ! Il faut que je les trouve tous et que je change les images que j'ai mises pour chaque tome. J'avais particulièrement rit au sous-titre de Finch Whiteoak qui disait "Young Finch Whiteoak - and 100 000 $".

Bref. J'ai eu l'impression de retrouver mes Whiteoak préférés en lisant en quelques jours "Retour à Jalna" après avoir passé des mois sur "Le destin de Wakefield". Ne vous méprennez pas, je trouve le tome précédent excellent, mais je le connaissais par coeur, la relecture n'apportait que peu de surprise, j'ai donc traîné et pris moins de plaisir. Ce tome 13, je m'en rappelais pas mal aussi, mais moins. Et puis c'est une nouvelle ère qui s'ouvre dans la saga, ça apporte de la nouveauté, un vent de dynamisme. Si la génération de Renny et ses frères est toujours bel et bien présente, la suivante prend clairement son envol. Maurice, Adeline notament sont de plus en plus présents. Les caractères de Roma, Archer, Nook et Philippe se dessinent de plus en plus franchement également. Patience, la fille de Meg, est plutôt en retrait pour le moment, et Dennis, le petit garçon de Finch, est très peu présent et encore bien petit. On commence ce livre en 1943, par Mooey, que l'on appelle désormais Maurice (puisque l'autre Maurice est décédé entre les tomes, depuis le temps qu'il ne servait plus à rien celui-là, il ne manque absolument pas), qui revient au Canada. Maurice était parti petit garçon de treize ans qui ne trouvait pas sa place, il revient jeune homme de dix-sept ans, après quatre belles années passées en Irlande, fort d'avoir été aimé et choyé par cousin Dermot. Mais Dermot est mort et en attendant sa majorité, Maurice doit revenir à Jalna. J'avais beaucoup d'affection pour le petit Mooey incompris par son père, j'en ai beaucoup moins pour le jeune Maurice se complaisant dans la fainéantise. J'aime bien en revanche l'amitié un peu improbable qui naît entre lui et sa cousine de treize ans, Adeline, qui est tout son contraire. Même si on le sait tous, ce n'est pas l'amitié d'Adeline que veut Maurice... On verra bien ce que ça donnera quand elle grandira ! 

Lorsque Maurice, et nous, retrouvons Jalna, rien n'y est comme avant, la guerre fait toujours rage en Europe et nombre d'hommes y sont partis combattre. La propriété doit tourner sans Renny et Piers, et avec bien peu de main d'oeuvre, alors chacun met la main à la pâte. On découvre Alayne qui participe aux corvées ménagères autrefois gérées uniquement par les Wragge, toujours présents mais vieillissants, le travail de ferme en partie assurée par Finch, Pheasant et les enfants, les écuries managées par la jeune Adeline et son complice Wright. Adeline se croit véritablement maîtresse de Jalna et n'en fait qu'à sa tête, évidemment Alayne qui voudrait en faire une jeune fille érudite à gants blancs s'arrache les cheveux. J'ai vraiment bien aimé Alayne dans ce tome, elle se retrouve à devoir diriger la maisonnée, ronge son frein lorsque toute la famille se mêle de l'éducation de ses deux enfants, et elle fait plutôt bonne figure. Adeline est pour le moment mon personnage préféré de la jeune génération, elle est la digne héritière de son aïeule homonyme et de son père, pleine de fougue et de volonté, rien ne lui résiste, mais il y a aussi cette générosité qui transpire d'elle. J'aimerais voir sa relation avec sa mère s'arranger, j'ai été très touchée par la réaction d'Alayne souhaitant devenir plus proche de sa fille qui grandit, la fameuse nuit qui suivit Othello. Mais Adeline est la fille de son père, et au lieu de laisser sa mère la consoler pendant qu'elle pleure dans son lit, elle ira dès le lendemain marcher main dans la main avec son père qui lui a abattu une canne sur le dos.

Les frères reviennent les uns après les autres. Piers le premier, avec une jambe en moins. J'aime de mieux en mieux Piers, et pourtant ce personnage a toujours eu une place spéciale dans mon coeur. Mais en relisant ces livres à l'âge adulte, je le trouve vraiment touchant. Son image avait été un peu ternie pour moi par sa haine pour Eden et je le trouvais si injuste avec Mooey... Mais comme je le comprends maintenant, ça n'enlève rien à l'affection que j'ai pour Eden ou même Mooey. Mais Eden a quand même couché avec Pheasant, et Maurice, moi aussi j'ai envie de le secouer comme un prunier pour qu'il fasse quelque chose de ses dix doigts ! J'aime le côté tellement franc et entier de Piers, c'est quelqu'un sur qui on peut compter, il est la force tranquille. J'aime qu'il soit celui qui calme Renny au téléphone à deux heures du matin, puis le seul qui ose le forcer à aller consulter un médecin quand il paraît évident qu'il ne va pas bien. Et aussi que malgré la déception que lui inflige Mooey, il lui demande de ne plus mentionner l'épisode Othello et d'être de bonne humeur pour ne pas faire du souci à Pheasant. Puisqu'on parle d'Othello, je me rappelle ne pas avoir bien compris qu'on en fasse une telle affaire lorsque je l'ai lu à dix ans. J'ai un peu mieux compris aujourd'hui, mais j'ai tout de même voulu vérifier dans la VO que la traduction avait été bien faite. Attention spoilers, bon de toute manières tous mes posts sont spoilers, je ne sais pas partager mon ressenti sur un livre en cachant ce qu'il s'y passe ! J'ai évidemment rit un peu jaune devant Renny qui accuse sa fille d'avoir mener Swift à l'embrasser, un homme ne force pas une jeune fille sans qu'elle n'y soit pour quelque chose... Bon, 1944... Je me suis demandée s'il ne s'agissait que d'un baiser dans la VO, et j'ai lu "What did you do to encourage him? Men don’t behave like that without some encouragement. Did you let him make love to you?" puis « He’d been trying to make love to her. » Mais au vu de tout le reste, il ne s'agissait vraiment que d'un baiser, il n'est pas mentionné quoi que ce soit d'autre. Je pense qu'en 1944 "make love to" voulait plutôt dire "parler d'amour" ou embrasser. Ca m'a fait penser à la définition de "sortir avec un garçon" dans La Boum, quand Poupette croit que Vic est allée au cinéma avec Mathieu, mais que sa petit-fille lui explique que maintenant ça veut "embrasser sur la bouche". Chacun ses références hein !

Donc, Renny est à son tour rentré, j'ai trouvé très jolie la scène de retrouvailles avec Alayne, avant qu'il ne s'insurge qu'elle ait fait installer le chauffage central (malheureuse !) et remplacé la tapisserie sale de l'escalier. Renny Whiteoak n'aime pas le changement. Il n'aime pas non plus le nouveau voisin, Clapperton, qui s'est installé à Vaughanland. Bon, moi non plus je ne l'aime pas ! Ni les trois soeurs Griffith qui prennent beaucoup trop de place dans ce tome, on aurait pu écourter leurs chapitres. Clapperton veut faire construire un village sur les terres de Vaughanland, qui est limitrophe de Jalna. Quand on se rappelle la colère de Renny lorsqu'on a voulu couper deux arbres de ses deux-cent hectares de bois, on imagine la fureur de voir des gens venir s'installer au pied de chez lui. Laissez la populace dans les villes, merci ! D'ailleurs le village existant proche de Jalna, qui n'a la plupart du temps pas de nom, et avait été appelé Evendale dans "Jalna" le tome 7, a changé de nom ici. Je n'arrive pas à me rappeler du nom qu'on lui a flanqué, mais comme on ne le répètera probablement jamais, on s'en fiche. Mazo de la Roche a encore oublié de compléter ses fiches. Bref, Renny est revenu blessé à la tête, et l'intrigue principale de la dernière partie du livre est sa probable amnésie. Il paraît évident qu'il aurait volé de l'argent à Clapperton et retourne régulièrement là où il l'a caché pour en sortir des billets de vingt dollars qui fleurissent partout dans la maison, mais il n'arrive pas à s'en souvenir. La famille va donc vivre des mois éprouvants à chercher le butin et essayer d'espionner chaque comportement étrange du maître de Jalna. Mais ils ont tous des difficultés à espionner Renny, ça ne leur plaît pas, pourtant il le leur demande lui-même. Quand Wake revient à son tour, Renny lui dit qu'il compte sur lui, qu'il sait que lui s'attachera à tous ses pas. C'est comme si la complicité qui a toujours unis Renny  et Wakefield revenait, ça m'a plu ce passage entre eux. J'ai bien aimé toute cette intrigue d'ailleurs, et sa résolution m'a fait passer du côté d'Alayne. Renny pardonne bien trop facilement... Je crois que Renny est en train de devenir mon personnage préféré de la saga. Il est terriblement attachant avec ses forces et ses faiblesses. Il m'était plus indifférent lors de mes premières lectures, j'étais trop jeune pour bien le comprendre je crois.

Très bon moment en lisant retour à Jalna, j'enchaîne sur le suivant !

 

28 mai 2020

Mazo de la Roche - Le destin de Wakefield

le destin de wakefield

 

Le destin de Wakefield commence au printemps 1939 à Jalna. Renny Whiteoak s'apprête à partir pour l'Irlande avec sa fille Adeline, pour acheter un cheval de course, mais il est plus impatient encore de revoir ses frères, Finch et Wakefield, désormais installés à Londres. A son arrivée en Angleterre, Renny se retrouve empêtré dans les histoires de coeur de ses frères.


Alors comme souvent, j'ai commencé ce tome en finissant le précédent, puis j'ai fait une pause de plusieurs mois. La dernière partie de ce livre est donc la plus fraîche dans ma mémoire. Le titre l'indique, il est question de Wakefield, mais aussi évidemment du reste de la famille que l'on ne laisse pas pour autant sur le côté. 

Après son histoire d'amour avortée avec Pauline, après sa vocation un peu ratée pour la religion, Wakefield s'est installé à Londres pour y faire du théâtre. Tout ça pour ça, vous diraient probablement ses frères et ses oncles, qui ont passé son enfance à dire de lui qu'il était un bon petit comédien. Wake a donc trouvé sa voie et on le suit pendant plusieurs chapitres dans sa nouvelle vie, qu'il partage avec Finch dans la maison de Gayfere Street à Londres. La dynamique entre ces deux frères devenus adultes est intéressante, eux qui n'avaient pas grand chose en commun et pas mal d'années d'écart, deviennent de bons compagnons. Entre Finch, l'aîné jamais sûr de lui et Wake le benjamin qui pense tout connaître de la vie, un rapport d'égalité s'installe. On va les accompagner en Irlande, l'occasion de retrouver les Court, leurs cousins éloignés, Malahide notament avec qui l'on avait fait connaissance dans "Jeunesse de Renny", le tome 4, qui a été écrit seulement six ans avant celui-là. Malahide a vieilli, plus de trente ans ont passés, et il a un fils Pâris qui va devenir un grand ami de Finch et Wakefield. Les scènes en Irlande sont savoureuses, le côté fauché de Malahide, les souvenirs évoqués. Malheureusement c'est aussi là que Finch va retrouver Sarah... N'apprendra-t-il jamais de ses erreurs celui-là ? Après avoir dépensé une fortune pour s'en débarrasser et subi une dépression nerveuse, le voilà qui s'engouffre tête baissé dans la gueule du loup ! Et Wake se voit forcé de vivre désormais en colocation avec son frère et sa belle-soeur qu'il abhore. Ah, il n'est pas tendre Wakefield avec elle. Mais il a d'autre chats à fouetter puisqu'il tombe amoureux d'une jolie jeune fille, Molly. Et vous savez bien que quand il fait quelque chose, Wake ne le fait jamais à moitié ! J'ai d'abord rit de la jalousie qu'il éprouve lorsqu'il s'imagine que Molly et Renny tombent sous le charme l'un de l'autre "Mais enfin Wake, crois-tu que Renny te ferait une chose pareille ???". Avant de me rappeler que Renny avait bien épousé la femme d'Eden, alors bon...

Une bonne partie de ce tome se passe entre Londres et l'Irlande, puisqu'en effet, Renny va les rejoindre avec Adeline, qui a désormais neuf ans, pour aller acheter un cheval en Irlande. Ca m'avait ennuyée dans "Finch Whiteoak" tous ces chapitres loin du Canada, mais ici c'est tout différent, puisque la famille est en partie réunie loin de ses terres. Et puis c'est plus dynamique ! Pour la deuxième fois de sa vie, Renny fait un voyage seul avec sa fille, le lien entre eux deux est plus fort que jamais, on ressent une complicité, et toute l'admiration que la petite porte à son père. Elle a à coeur de ne pas déranger, mais se laisse tout de même emporter par sa fougue, ce qui fait bien rire le vieux Dermot Court. On fait connaissance avec ce cousin éloigné irlandais, qui a perdu femme et fils et se retrouve bien seul dans sa grande propriété. Ce qui nous amène à revenir à Jalna, car le vieux Dermot souhaite un héritier et c'est le petit Mooey qui est désigné. Renny propose à Piers et Pheasant d'envoyer leur aîné vivre auprès de Dermot en Irlande, lorsque le vieux cousin mourra, Maurice héritera de tout. Glauque un peu, oui je sais. Pheasant est évidemment déchirée, son coeur de mère hurle non, mais sa raison lui fait dire que c'est une belle occasion pour le petit garçon. Piers n'a jamais su comprendre ce fils aîné, qui n'aime pas monter à cheval, et n'a d'hésitation que devant le chagrin de sa femme. Voilà donc Mooey, 13 ans, envoyé par bateau vivre en Irlande auprès d'un vieux monsieur dans une grande maison, et tout le monde a l'air de trouver ça normal. Un petit côté Lord Fauntleroy si vous voulez mon avis !

Pendant que Mooey traverse l'Atlantique dans un sens, Wake le traverse dans l'autre pour amener Molly à Jalna. Et là, c'est la débandade ! Car on finit par découvrir que Molly n'est autre que... la fille de Renny ! Le monde est petit, oui. Vous vous rappelez de "L'héritage de Whiteoak" ? Renny rentre de la première guerre mondiale et tombe amoureux de la jeune femme qui dresse ses chevaux, Chris Dayborn. Amour interdit car elle est mariée et mère d'un petit Tod, la vieille Adeline trouve que ça sent le roussi et sépare les deux amants en envoyant les Dayborn en Angleterre. Eh bien, ce qu'on ne savait pas, c'est que Chris était partie enceinte.... Renny confirme sa paternité par la ressemblance entre ses mains et celle de Molly et leur implantation de cheveux. Un peu léger je trouve, m'enfin ! Si au moins elle avait hérité de sa chevelure flamboyante, je ne dis pas. Wake est donc tombé amoureux d'une femme qui lui rappelle son frère, celui qui lui a servi de père. Il y aurait un genre d'Oedipe inversé là-dedans que ça ne m'étonnerait pas ! Bon, donc Renny annonce au jeune couple que le mariage est impossible, ils sont trop proches parents, et Wake et Molly s'y résignent non sans mal. Alors c'est tout de même un peu ironique quand on a lu toute la saga et qu'on voit à qui Renny va avoir l'idée de marier sa fille dans le dernier tome ! Non, vingt-cinq ans après l'avoir lu, je ne l'ai toujours pas digéré ce fichu mariage qui clôt Jalna. Toujours est-il que Wakefield est malheureux, et je dois dire que j'aime beaucoup ce qu'il devient ensuite. Le petit garçon gâté qui a toujours eu ce qu'il voulait tombe, et un homme différent en sort. Toujours aussi volontaire, un peu plus blessé par la vie. J'aime le Wakefield qui s'engage tête baissée à la guerre en espérant presque y mourir. Ca lui donne du courage et lui vaudra la croix de guerre.

Car évidemment, la menace de la guerre plane sur tout le début du livre, puis quand elle est enfin déclarée, tous les frères vont y aller. Parce que quand on est un homme en 1940, on est apparemment très excité d'aller jouer avec des canons... Renny va rejoindre son ancien régiment, Piers va s'engager le premier, Wake y fonce pour soigner son coeur blessé et Finch lui va s'y retrouver un peu par hasard. Et alors la grande question est "Vont-ils en revenir entiers tous les quatre ?"... Rien n'est moins sûr et j'ai tremblé pour eux la première fois que j'ai lu ce tome, surtout que l'auteur joue avec nos nerfs à plusieurs reprises ! Ah, je crois bien que j'avais pleuré quand l'un d'entre eux a été porté disparu. Il est amusant de noter que Mazo de la Roche a écrit ce livre en 41, sans donc connaître l'issue de cette guerre qui était en cours. Jalna va apprendre à se ré-organiser et Alayne devient la vraie maîtresse de maison. C'est la fin d'une ère. La génération de Renny et ses frères sera toujours présente, mais les enfants commencent à grandir et ils vont bientôt prendre de plus en plus de place. J'aime bien la génération suivante aussi, ils ont leurs propres caractères et singularités.

J'ai découvert en lisant ce tome que Pâris Court épousait la soeur de feu Arthur Leigh, j'avais complètement oublié ce détail. Il aura réussi à épouser une riche héritière, contrairement à son père. Toute l'histoire autour de Molly m'a un peu déçue. Déjà parce qu'on introduit ses trois soeurs, que je trouve irritantes au possible et qui vont prendre un peu trop de place dans le tome suivant. On garde les trois soeurs agaçantes alors qu'on tue à la guerre Christopher que j'aimais plutôt bien, le petit Tod du tome 5, il aurait fait un bon compagnon pour Wake et Finch pourtant. Et puis, le fait est qu'à part pour briser le coeur de Wake, sa filiation est peu exploitée. Certains membres de la famille l'apprennent, mais on n'en fait pas grand chose. Elle a pourtant du sang Whiteoak elle aussi, j'aurais aimé voir cette intrigue plus exploitée avec le reste de la famille, mais tout le monde s'en fiche manifestement. Même Alayne, de qui j'attendais une jolie crise. A noter également que pour Noël, les soeurs Lacey viennent saluer les Whiteoak à l'église. Les soeurs Lacey qui ont déménagé en Californie dans le tome précédent, louant leur maison à Piers et sa famille... Je crois que l'auteur a oublié ce détail ! Ah oui, et sinon Sarah et Finch ont eu un bébé, Dennis. Mais ça n'intéresse pas tellement Finch et nous non plus. A part qu'il se sent enfin libéré de sa femme qui n'a plus d'yeux que pour le nourrisson. Ca valait bien la peine de la récupérer pour vouloir s'en libérer à nouveau quelques mois après... Il ne sait jamais ce qu'il veut Finch ! Et Archer le fils de Renny a quatre ou cinq ans et détruit déjà tous les espoirs que sa mère avait pour lui. Petit bonhomme qui n'en fait déjà qu'à sa tête, plus têtu qu'une mule, et de qui Renny dit qu'il en fera un homme d'affaire qui remettra la famille sur ses pieds. Autant il était évident que Renny allait adorer Adeline, qui est tout son portrait, autant j'ai aimé voir s'esquisser la relation père-fils avec ce petit garçon un peu original. Je le trouvais vraiment casse-pieds la première fois que j'ai lu ce tome, mais maintenant il me fait rire, comme il fait rire Renny et Adeline. Alayne, elle, est désespérée. Rendez-vous aux tomes suivants pour voir quel genre de personnes tout ces enfants vont devenir.

 

 
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